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Journée de devoir de mémoire et d’Hommage à Norbert Zongo : Le pari de la 1re édition tenu

Publié le samedi 16 décembre 2017 à 21h37min

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Journée de devoir de mémoire et d’Hommage à Norbert Zongo : Le pari de la 1re édition tenu

En marge de la marche organisée ce 13 décembre 2017 à Koudougou par le Collectif CODMPP et la CCVC pour réclamer vérité et justice pour Norbert Zongo et ses trois compagnons, la cité du cavalier rouge a également vibré au rythme des activités de la première edition de la journée de devoir et de mémoire initiée par la société des editeurs de la presse privée (SEP) et le comité d’initiative Henry Sebgo en vue de faire connaitre l’œuvre et la vie de Norbert Zongo aux jeunes générations.

Les activités commémoratives du 19e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons d’infortunes auront particulièrement dans la cité du cavalier. En effet plus de la traditionnelle marche de protestation contre le silence ‘’coupable’’ des autorités sur ces dossiers de crime de sang, Koudougou a également abrité la première édition de la journée de ‘’devoir de mémoire et d’d’hommage a Norbert’’. Quoi de plus normal pour les initiateurs de lancer cette premiere edition dans cette ville qui a vu naitre l’homme de plume et qui abrite également une université en son nom. Le choix de Koudougou netait donc pas un hasard s’il netait evident.

Vue des étudiants présents au panel

C’est par un panel qu’a débuté cette journée de devoir de mémoire et d’hommages initiée par la société des éditeurs de la presse privée et le comité d’initiative Henry Sebgo en collaboration avec plusieurs autres organisations de la société civile. Pendant environ 2h d’horloge, Robert Zongo, jeune frère de Norbert Zongo, Germain Nama, directeur de publication du bimensuel l’Évènement et ami de Norbert, Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille Zongo, ont tenu en haleine le public qui a témoigné son intérêt à cette activité par une forte mobilisation. « Norbert aujourd’hui est modèle que nous devons suivre à l’image de Sankara. C’est pour ça je suis venu pour comprendre plus d’avantage » a expliqué l’étudiant Sidy Ben Aboubacar Nombré.

« Beaucoup sont admiratifs de Norbert. C’est un peu comme la mythologie, c’est-à-dire qu’on a une idée générale mais qu’on n’a pas obligatoirement tous les détails » a déclaré Max Alleau, auteur du livre ‘’Norbert Zongo, un homme intègre’’. Ce panel est donc le bienvenu puisque les maitres mots c’est de faire connaître l’œuvre et la vie de Norbert Zongo dont ses valeurs de courage, d’intégrité, d’engagement… pourraient inspirer plus d’un.

Chérif Sy, parrain de la cérémonie

Des autorités, en occurrence le haut représenté du chef de l’Etat Chérif Sy, le ministre de la communication Rémi Fulgance Dandjounou, Me Alidou ouédraogo, ont également fait le déplacement de Koudougou pour soutenir les organisateurs. Invitant les jeunes à maintenir la lutte pour la lumière sur ‘’l’odieux’’ assassinat dont a été victime Norbert Zongo, le parrain de la cérémonie Chérif Sy a déclaré : « Nous devons nous mobiliser, dans toutes les villes et villages pour que triomphent les idées de liberté, de justice, d’intégrité et de dignité pour lesquels il s’est toujours battu ». Pour lui la plus grande dette que le peuple burkinabè a envers les victimes du drame de Sapouy, c’est celle de défendre ces valeurs partout.

Que retenir de Norbert Zongo ?

Germain Nama, directeur de publication de l’Evènement et ami de Norbert Zongo

Selon Germain Nama, ami de Norbert Zongo, la leçon que la jeunesse doit retenir de l’homme c’est surtout l’amour au travail, son attachement à un certain nombre de valeurs : valeur de dignité, d’engagement, d’intégrité. « Je pense que c’est important aujourd’hui où la corruption ronge les bases de notre société de revisiter toutes ces valeurs et de faire en sorte que la jeunesse se l’approprie » a conseillé le directeur de publication de l’Évènement qui reste admiratif de l’intelligence de son ancien ami qu’il qualifie de grand éditorialiste. De certaines actions de Norbert Zongo, Germain Nama s’en souvient toujours. « Plusieurs anecdotes sont relatées dans l’œuvre de Max Alleau » a-t-il précisé. En voici une :

« C’est une histoire connue qu’au Cours normal de Koudougou, Norbert au lieu de se contenter d’étudier comme les autres élèves entretenait une feuille, un journal. Un journal qu’il écrivait et qu’il affichait sur les arbres. Il y avait des sujets très intéressant qu’il traitait puisque Norbert aimait s’informer et informait également les autres élèves des nouvelles du pays et de l’international. Les sujets qu’il traitait c’était la vie au cours normal de Koudougou notamment les conditions de vie et de travail un peu comme à la manière des syndicalistes. C’est ça qu’il aimait écrire et qu’il allait afficher. Et il marquait déjà sa singularité par rapport aux autres. C’est quelqu’un qui avait une propension à affirmer son leadership, pas à la manière des politiques. En tout cas quand je l’ai fréquenté je n’ai pas eu l’impression que c’est quelqu’un qui se sentait à l’aise dans un cadre organisé comme un syndicat, comme un parti politique. Peut-être certains diront autre chose mais en tout cas c’est quelqu’un qui tenait vraiment à sa liberté. »

La vie de Norbert Zongo en famille ?

les autorités présentes au panel

« Le peu que la maman nous racontait sur l’enfance de Norbert en son temps c’est qu’au niveau de la famille en son temps il y avait un garçon qui manquait à l’appel parce que dans la cours il n’y a que des filles. Et avec la venue de Norbert c’était vraiment festoyant. C’est un monsieur qui a grandi dans l’amour du travail. Quand il quittait à l’école, il était à l’école centre A, le vieux avait son jardin au bas-fond, il déposait son sac et en même temps il aidait le papa dans son jardin. C’est pour vous dire que ce monsieur a grandi autour d’une certaine valeur qu’on lui a inculqué. Je vous raconte un petit truc : Norbert qui me dit : « Tu sais que c’est en classe de CM2 que j’ai su que la maman ne savait ni lire, ni écrire ? ». J’ai dit comment ça ? « Quand un dimanche, elle prenait le cahier, elle le tenait en l’envers. Mais elle remarquait les bics rouges. Elle sait que quand le maître a barré ça veut dire que ce n’est pas bon donc il faut tout refaire ». Comme disait Nama, du collège au cours normal, il était déjà initié à l’art d’écrire et il affichait ça au niveau des arbres pour que les autres puissent s’imprégner, ceux qui n’avaient pas de radio. Même notre ministre Simon Compaoré, ils ont fait le cours normal ensemble. Entre temps, il s’aimait beaucoup jusqu’à ce que l’autre parte.

Il avait à sa charge beaucoup de bouches à nourrir parce que le vieux était polygame. Et vu la dizaine de femmes que le gars avait, ce n’était pas facile (éclatement de rires dans l’assemblée). Ça veut dire qu’il (le papa) résiliait pas aussi sur les bonnes choses. Donc voilà ‘’grosso modo’’ la vie de Norbert en famille. Il ne ratait vraiment pas l’occasion de passer dans le quartier, s’il y a des salutations, des trucs à faire…

Du journal l’Indépendant

Concernant son journal, souvent il m’appel. Quand il voulait créer l’Indépendant, il me dit : « propose moi l’entête ». Je lui ai fait plusieurs propositions. Il m’a dit que la première ne lui posait pas un problème donc ça passait. Mais au niveau de l’Indépendant il faut remarquer que le gars, Norbert, a souffert plusieurs années avec ‘’l’Indépendant’’. Il avait son voisin qui avait le courant. Ça l’a même enjambé mais la Sonabel a refusé de lui donner le courant. Donc il écrivait avec une lampe tempête.

Pratiquement tous ses éditoriaux, il les écrivait au campement à tête reposée. Il avait sa case et quand il finit avec les chasseurs, il s’enferme et commence à écrire. Le temps qu’ils reviennent mercredi ou jeudi, il a déjà ficelé quelque chose. Avec ‘’l’Indépendant’’ il avait eu l’idée au niveau des lycées et collèges, chaque lycée qui faisait la demande avait deux numéros gratuits du journal. Mais quand tu arrives pour vendre, on te dit « non non ! nous on ne veut pas de ça ». Ce n’est que les établissements catholiques qui s’y intéressaient. L’idée qu’il avait c’était que par exemple que celui qui est au Soum et celui qui est au niveau de Gaoua sachent à quel niveau l’enseignement est.

Norbert, l’incorruptible

Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille Zongo

De la collaboration avec JJ, de la Clé jusqu’à l’Indépendant, Norbert quittait ici et il allait aussi en Côte d’Ivoire où il avait créé un journal qui s’appelait ‘’l’Évènement Africain’’. Et entre temps, au temps de Houphouët, il sentait qu’il y a quelque chose qui se tramait avec ce journal. Il est allé une fois pour tirer le journal, il a trouvé qu’un certain Bamba ou je crois quelque chose de ce genre est venu avec une bonne caisse. C’était éloquent, ça parlait tout seul. Il a préféré laisser de ce côté (le journal).

Norbert, homme passionné de chasse

Robert Zongo, jeune frère de Norbert Zongo

Sinon ça grande passion c’était la chasse. Avant, tous les concessionnaires de chasse c’était des expatriés. Lui, il a dit non faites en sorte que ça soit locale, pour que les gens puissent vivre de la chasse parce qu’on peut te demander de prélever six buffles par rapport au comptage mais quand ces messieurs (expatriés) viennent ils peuvent t’en abattre 100. Norbert a réussi à faire en sorte que des nationaux ont pris des zones de chasse parce qu’il disait que tout était en brousse. Voilà un peu ramassé sa vie ».

Où en est-on avec le dossier Norbert Zongo ?

Sur la question judiciaire, l’avocat de la famille Zongo, Me Bénéwendé Sankara, reste optimiste quant à l’aboutissement du dossier Norbert Zongo.

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Vos commentaires

  • Le 17 décembre 2017 à 07:15, par rakis En réponse à : Journée de devoir de mémoire et d’Hommage à Norbert Zongo : Le pari de la 1re édition tenu

    Merci aux initiateurs de cette Journée de devoir de mémoire et d’Hommage. Merci aux amis et collègues de NORBERT. Merci pour les ouvrages et surtout bon vent à cette initiative. Merci à la famille et encore une pensée très pieuse à maman ZONGO qui a enduré pendant de longues années et avec dignité le vide laissé par la mort brutale et cruelle de son fils ! Merci maman de nous avoir donné NORBERT ! Merci à tous ceux qui œuvrent pour une meilleure connaissance de la vie et de l’œuvre de NORBERT. Merci aux étudiants pour leur mobilisation et leur curiosité intellectuelle ! Merci à ceux qui ont eu l’idée et qui ont accepté de porter le nom de NORBERT sur les fonds baptismaux d’une Université publique ! Nous sommes confiants, JUSTICE SERA RENDUE A NORBERT, TÔT OU TARD ! CE QUI EST DIT EST DIT !

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