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Le Burkina des rapports et le Burkina vrai

Publié le lundi 27 juin 2005 à 07h33min

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La vie d’une nation est faite de bonnes et de mauvaises nouvelles. Le Burkina Faso n’échappe pas à cette vérité divine. Face à chaque nouvelle, il faut simplement savoir raison garder.

Trois temps forts ont marqué le quotidien des Burkinabè ces derniers jours. La visite instructive du président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, la sortie « calamiteuse » du leader de Alternance 2005 (opposition radicale) de Hermann Yaméogo, sur les antennes de la radio « pluraliste » (RFI) et les paroles dignes d’intérêt de l’éditorialiste Béchir Ben Yahmed du célèbre hebdomadaire international Jeune Afrique l’Intelligent, parues dans sa dernière livraison.

Comme le vin, commençons par boire le mauvais et gardons le meilleur pour la fin.

Hermann Yaméogo n’est pas à sa première sortie. Mais au fait, faut-il accorder du crédit aux propos de ce Burkinabè qui a fini de convaincre l’opinion nationale et internationale que la politique est le véritable boulevard qui mène à la négation de sa propre identité ? Hermann Yaméogo est un peu la honte du Burkina et il faut faire avec. Personne n’y peut rien. Démocratie oblige, n’est-il pas libre de hurler avec les hiboux ? Pendant que nous y sommes n’a-t-il pas le droit de renoncer à sa nationalité burkinabè ? Hermann Yaméogo a tous les droits. Même le droit d’exceller dans la « provoc » et aussi celui de ne pas se présenter à la prochaine présidentielle de 2005, comme cela est murmuré dans son entourage proche. Que veut-il réellement ? La désobéissance civile ? Il ne l’aura pas. Quoi donc ? Que le pouvoir le brutalise ? Il n’aura pas cet honneur. Laissons donc Hermann Yaméogo, l’homme qui a raté tous les rendez-vous avec l’histoire de son pays, pour nous intéresser à notre Burkina.

C’est le président Paul Wolfowitz de la Banque mondiale en personne qui donne le tempo. Le temps d’une visite instructive et la vision orchestrée à dessein d’un Burkina « bloqué » par des technocrates inféodés à des lobbies mercantilistes est noyée dans les eaux hivernales du barrage de Tanghin. Définitivement le Burkina des experts sera rangé dans les tiroirs. Le Burkina des rapports pondus par les « commis » des institutions onusiennes ne résiste pas à la réalité d’une visite, fût-elle éclaire.

En l’espace d’un « transit », Paul Wolfowitz est devenu l’avocat d’un « pays pauvre » par sa nature, mais riche par ses hommes et femmes. Ce pays des Hommes intègres, les rapporteurs ne le connaissent pas, simplement par leur faute. Calfeutrés dans les bureaux, derrière des vitres fumées, les experts collectent et traitent des données qui sont loin des réalités. Les barèmes de jugement sont universalisés alors que les richesses de ce monde ne sont pas universalisées. Messieurs, Mesdames les rapporteurs faites désormais attention, Paul Wolfowitz est désormais un homme averti.

Fini donc le Burkina des rapports, vive le Burkina vrai. Celui que Béchir Ben Yahmed cite en exemple : « Comparons par ailleurs, le Burkina, pauvre et enclavé à la Guinée, sa voisine, dont le sous-sol est riche et où la pluviosité est satisfaisante. Pourquoi le Burkina développe-t-il beaucoup mieux son économie que la Guinée ? Parce qu’il est nettement mieux gouverné. Conclusion : l’argent est donc nécessaire, mais il ne suffit pas et même parfois - s’il est mal utilisé -, il empêche le développement, appauvrit au lieu d’enrichir : un pays pauvre et surendetté est un pays dont les dirigeants ont mal utilisé l’argent de l’aide. » ( cf JAL n° 2319 du 19 au 25 Juin 2005 p.5)

Le Burkina est « mieux gouverné », le Burkina n’est pas « surendetté ». Voilà des réalités, des vérités qui ont valu au Burkina de voir sa dette multilatérale effacée par les pays industrialisés du G8. Pendant que le Burkina lutte pour sortir de la pauvreté afin de se hisser au niveau des nations émergentes, des Etats africains plus nantis, se battent pour être reconnus comme pays pauvres et voir ainsi leur surendettement effacé. Et ceux-ci donnent à l’analyse de Béchir Ben Yahmed toute sa pertinence : « l’argent est donc nécessaire, mais il ne suffit pas et même parfois - s’il est mal utilisé -, il empêche le développement, il appauvrit au lieu d’enrichir : un pays pauvre endetté est un pays dont les dirigeants ont mal utilisé l’argent de l’aide. » (idem)

Des trois illustres personnalités, lesquelles peuvent se vanter d’être Burkinabè ? Est-ce Hermann Yaméogo, simplement parce qu’il est de père et de mère burkinabè ? Cela ne suffit plus. Il faut aussi l’être dans l’âme.

Paul Wofowitz et Béchir Ben Yahmed, sans être nés de géniteurs burkinabè, ont fait la preuve de leur « burkinabité ». Et cela doit servir de leçon. Honni soit donc, qui mal y pense.

Par Michel OUEDRAOGO
Sidwaya

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