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Crise ivoiro-ivoirienne : La fin du "double jeu"

Publié le mercredi 17 décembre 2003 à 13h16min

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Après l’attaque perpétrée, jeudi 11 décembre 2003 contre la télévision ivoirienne, par des "individus" armés, on croyait la Côte d’Ivoire repartie dans le maëlstrom qui la "secoue" depuis plus d’un an. Il n’en a rien été, car les protagonistes de la scène politique du pays ont apparemment enfin compris où gisait le mal : dans le double jeu et le double "je" adopté par le président Gbagbo depuis le déclenchement de la crise.

Enfin pourrait-on dire, les protagonistes de la scène politique ivoirienne ont compris d’où venaient les problèmes qui empêchaient la crise sociopolitique qui déchirait leur pays, de se résorber. La sortie du ministre de la Défense, Roger Amani, à propos de cette attaque rocambolesque le laisse penser. Après avoir disculpé les "Forces nouvelles", Roger Amani a indiqué que les assaillants pourraient provenir de "milieux proches" du président Laurent Gbagbo.

Une "révolution" dans la mesure où c’est la première fois qu’un ministre ivoirien (autre que ceux des Forces nouvelles) fait preuve d’autant d’indépendance d’esprit vis-à-vis du président Gbagbo. Qui plus est, le même Gbagbo avait auparavant "condamné" cet acte, affirmant que les coupables seront châtiés à la hauteur de leur "forfait".

Bas les masques

Un attachement à la légalité et au respect de l’ordre que l’on aurait salué, n’eût été le fait que l’on ait à faire à Gbagbo. Le président ivoirien est passé maître dans l’art du "dédoublement" à telle enseigne qu’il est difficile de le croire sur parole. Fraîchement "converti" en marcoussiste, il ne convainc pas pour l’heure. On est mémoratif que les faucons de son camp le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly) avaient déserté le forum de Marcoussis avant la fin des travaux, arguant qu’il s’y perpétrait un "coup d’Etat".

Au retour du président ivoirien à Abidjan, ses jeunes patriotes avaient manifesté bruyamment contre Marcoussis, sous sa bienveillante et complice protection. Tout récemment encore, à un journaliste qui lui demandait son sentiment sur Marcoussis (c’était à Bobo-Dioulasso en novembre dernier), il était resté vague et avait montré son agacement. Tout cela pour dire que la "tactique" du camp présidentiel tout au long de la crise fut la suivante : diaboliser toujours les rebelles chaque fois que l’accalmie se profile, pour en définitive, conserver le pouvoir.

Le double jeu du pompier-pyromane pyromane, car Gbgbo n’a jamais voulu partager son pouvoir avec quiconque alors que Marcoussis l’y oblige. Le double "je" aussi, lui qui est à la fois chef de l’Etat (donc président de tous les Ivoiriens) mais aussi chef de milices. Les jeunes patriotes auraient-ils pu manifester à Abidjan, s’ils n’avaient la caution du pouvoir ? En définitive, c’est le sectarisme de tout un régime qui apparaît. Un régime fortement clanisé avec la naissance de nouveaux oligarques peu désireux de partager le "gâteau".

Une gangrène pour ce pays si tant est que le corpus social se trouve ainsi déchiré, "éclaté". On ne raisonne plus en termes d’Ivoirien (culture et conscience citoyenne) mais de Bété, Dioula, Baoulé etc. (La Côte d’Ivoire, poudrière identifier). Les graines de la violence ont été semées par Bédié, arrosées par Guéï et élevées par Gbagbo. Le peuple ivoirien ne pouvait que récolter au centuple, son incurie, ce qui est advenu depuis le 19 septembre 2002. Le "remède" (dixit Laurent Gbagbo) a été trouvé à Marcoussis, mais le médecin-chef refuse de l’inoculer au patient.

Quoi de plus normal que le mal perdure. Et comme il risquait de tuer le malade, certains fils du pays ont compris qu’il fallait mettre fin à la duperie. Le message du ministre Anani doit être interprété dans ce sens. Nul n’est au-dessus de la loi, et tout le monde devra se plier dorénavant aux accords de Marcoussis. Car ceux-ci, plus qu’une loi, ont vateur de résolution onusienne. L’amertume de la défaite n’est plus loin pour les "accrocs" de l’ivoirité.

Boubakar SY
Sidwaya

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