Le problème de l’assainissement se pose avec acuité au Burkina Faso. Classé parmi les derniers pays en Afrique de l’Ouest, le Burkina a près de 70% de taux de défécation à l’air libre. Cette situation s’expliquerait surtout par le manque de latrines dans les ménages.

Pour contribuer à résorber ce problème, Water Aid a planifié et exécuté dans quatorze communes des provinces des Balé et du Koulpelgo un projet inclusif, SaniBaku, dont l’objectif est de réaliser des latrines pour les populations de ces localités. « Nous accompagnons ces communes depuis 2014 dans le cadre d’un projet d’amélioration des services d’assainissement dans quatorze communes des provinces des Balé et du Koulpelgo. Ces communes sont des partenaires au projet, ce qui signifie qu’elles se sont engagées à mobiliser des ressources pour contribuer à la mise en œuvre des activités du projet », a expliqué Léocadie Bouda, directrice-pays de Water Aid.

La part des communes

Débuté en 2014, le projet arrive à échéance à la fin du mois de novembre 2017. Dans le cadre de sa mise en œuvre, les communes devaient apporter chacune 5 millions de francs CFA. « Au regard de l’évolution du projet, ces communes se sont retrouvées dans l’incapacité de mobiliser les fonds », a reconnu la directrice-pays de Water Aid.
D’où l’idée de recourir aux ressortissants de ces localités pour contribuer à la réalisation du reste du projet. « Les maires ont alors décidé d’organiser une table ronde des leaders fils et filles de leurs communes pour les sensibiliser à contribuer à la réalisation du projet », a révélé Léocadie Bouda.

Une centaine de personnes ont pris part à cette table ronde. Beaucoup ont laissé parler leurs cœurs au profit de leurs communes d’origine. Au terme de l’opération de souscription, 19 870 000 francs CFA ont été collectés au profit de ces collectivités.

Grand taux de réalisation

Après trois années de mise en œuvre, les résultats du projet sont satisfaisants. Au total 20 400 latrines ont été construites dans le cadre du projet, 793 l’ont été par des ménages. Environ 28 associations de femmes et de jeunes ont été formées à la technique de construction des latrines, onze communes ont pu recruter des techniciens d’assainissement formés, 570 maçons ont été formés à la construction de latrines et 1 425 opérateurs hygiénistes ont également été outillés.

Bilan mitigé

Beaucoup de communes ont obtenu les 5 millions qu’elles recherchaient. C’est le cas de Yaho dans la province des Balé. Un motif de satisfaction pour son maire, Adolaïde Kini. « Dans notre zone, la population a compris l’intérêt des latrines. Nous sommes actuellement à 50% de taux de défécation à l’air libre alors que la moyenne nationale est au-delà de ça. Ça se passe bien pour nous. Ma commune avait besoin de 5 millions de francs CFA mais nous avons eu plus de 6 millions. C’est donc un succès total pour nous », s’est réjoui le bourgmestre.

Par contre d’autres devront faire appel à leurs ressortissants pour compléter le manque à gagner. « Des leaders ont voulu se concerter pour souscrire dans un délai d’une semaine. En tant que porte-voix, ils vont contacter d’autres ressortissants de leurs communes afin qu’ils viennent contribuer. Ce qui nous fait espérer qu’à défaut de mobiliser tout le montant dont on avait besoin, on aura au moins un bon taux de recouvrement », a espéré Léocadie Bouda.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net