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Promotion de la jeune fille dans la région de l’Est : L’ONG ERIKS sur les traces des réalisations de son partenaire ODE

Publié le samedi 18 novembre 2017 à 00h20min

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Promotion de la jeune fille dans la région de l’Est : L’ONG ERIKS sur les traces des réalisations de son partenaire ODE

La région de l’Est est l’une des régions du Burkina où le mariage précoce demeure une réalité avec son corollaire de conséquences dont le faible taux de scolarisation des filles, les grossesses indésirées… Une situation que l’ONG ERIKS, en collaboration avec l’Office de Développement des Églises Évangéliques (ODE), s’investit à changer depuis 2012, à travers la mise en place d’un programme dénommé programme d’appui à la protection et la promotion des droits des enfants dans les communes de Bilanga et Matiakoali. C’est dans ce cadre qu’une mission de l’ONG suédoise a effectué une tournée dans les deux communes du 14 au 16 novembre 2017. Objectif, constater de visu les réalisations faites par son partenaire burkinabè au profit de la jeune fille et s’imprégner des réalités du terrain.

Bilanga (76 km de Fada), Matiacoali (à une centaine de kilomètre de Fada), ce sont les deux communes que la délégation suédoise, conduite par l’Office de Développement des Églises Évangéliques (ODE) a sillonné les 14 et 15 novembre dans la région de l’Est, province de la Gnagna. Cette tournée fut l’occasion pour l’organisation suédoise d’apprécier les actions menées de son partenaire burkinabè dans les deux communes pour la promotion et la protection des droits de l’enfant. « Nous avons profité de l’arrivée de nos partenaires financiers pour effectuer cette tournée parce que nous avons déjà eu des rapports d’évaluation, mais quel que soit la qualité d’un document, il ne peut pas remplacer justement ce face à face, qui a une chaleur qu’on ne peut pas décrire dans un document » a expliqué Pasteur Gustave Diendéré, coordonnateur des programmes de l’ONG ODE, basée à Ouagadougou.

La délégation échangeant avec les filles

Partie de Ouagadougou le mercredi 14 novembre, aux environs de 7h, les missionnaires ont fait leur premier pied à terre au centre d’accueil de jeunes filles dans la commune de Bilanga (197 km de Ouagadougou), dans la région de l’Est. Créé en 2013, ce centre est l’œuvre de l’Office de Développement des Églises Évangéliques, avec le soutien financier de l’ONG ERIKS, une organisation suédoise. D’une capacité d’accueil de 46 filles au départ, à en croire le chargé de programmes de gestion et promotion des droits de l’enfant à l’ODE, Bargo Dieudonné, le centre compte aujourd’hui plus de 65 filles. « On s’est rendu compte qu’on est débordé et la salle qui était prévue pour le réfectoire a été transformée en dortoir pour satisfaire la demande sans cesse grandissante » a confié monsieur Bargo.

Dans un face à face avec le comité local de gestion du centre, à l’issue de la visite des bâtiments (dortoirs, magasins, cuisines), la délégation a pu constater l’impact de ce foyer sur l’amélioration des conditions de vie de la jeune fille dans la commune. « Avant la création du centre, les filles louaient des cases et vivaient seules sans tuteur. Conséquences, beaucoup prenaient des grossesses indésirées » ont témoigné les membres du comité local de gestion du foyer et chargé de la mise en œuvre du programme de promotion et de protection des droits de l’enfant. « Grâce au centre, il y a une augmentation du taux de scolarisation des jeunes filles et on observe une baisse des grossesses indésirées » ont -ils poursuivi.

La délégation posant avec le comité local de gestion du centre

Visiblement convaincue et impressionnée, la présidente du conseil d’administration de l’ONG ERIKS, Cecilia Hjorth Attefall, n’a pas manqué d’exprimer sa joie de voir les réalisations au profit de la jeune fille dans la commune de Bilanga. « C’est une très belle chose de voir les filles avoir cette opportunité d’aller à l’école. J’ai compris que c’est très important pour les filles d’avoir un endroit sécurisé parce qu’elles pouvaient être vulnérables du fait que les parents sont obligés de les envoyer vivre seules dans un endroit où elles peuvent être victimes de viol ou même d’enlèvement. Voir que les filles ont cette opportunité de pouvoir apprendre à travers ce centre, c’est quelque chose qui me va droit au cœur » a confessé Cecilia Hjorth Attefall.

Daniel Ouédraogo superviseur de l’ODE dans la commune de Matiakoali

Heureuses de la visite de leurs bienfaiteurs, les filles ont à leur tour, traduit leur gratitude à la délégation présente et soumis des doléances. « Nous remercions l’ONG ERIKS et l’ODE d’avoir pensé à nous. Nous suivons bien le règlement et je me sens bien dans ce centre. Nous sortons à 7h30 et nous rentons à 17h30. » a confié la petite Ouoba Hongarè, élève en classe de 4e et admise au foyer en 2015. Pour elle, tout se passe bien, mais à peine, avons-nous tourner le dos, qu’elle nous accoste. Et d’une voix craintive et tremblante, nous soumet cette doléance : « S’il vous plait. Le problème, c’est qu’on n’a pas les moyens pour avoir la nourriture ». Un cri de cœur qui sans doute ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd au niveau de la celle locale.

De l’idée de la création du centre de jeunes filles

Vue du chantier du centre de jeunes filles de Matiakoali

Tout serait parti des résultats d’une étude socioéconomique menée dans la région en 2011-2012 par l’Office de Développement des Églises Évangéliques afin d’apprécier la situation des enfants dans la zone. « Ces résultats ont révélé que nous sommes dans une zone ou le taux de scolarisation de la population fait partie des taux les plus bas du pays. Et quand on dit faible taux de scolarisation, les filles en sont plus victimes. A cela, il faut ajouter qu’il y avait beaucoup de vidéos clubs qui était sans règlementation et les élèves du primaire et du secondaire y passaient leur temps à regarder des films que normalement à leur âge, ils ne devraient pas regarder. Comme conséquence, les enfants de 10 à 11 ans avaient déjà des relations sexuelles. A l’école primaire, on avait des filles qui étaient en grossesse n’en parlons pas du secondaire » a expliqué pasteur Diendéré, pour qui à l’époque, le CEG était le seul établissement secondaire de la commune, si bien que les parents qui avaient la volonté de scolariser leurs enfants, étaient obligés de les laisser dans des cases rondes seules. « C’est dans cette réflexion qu’est venue l’idée de création d’un centre ou elles pouvaient y rester avec un minimum de sécurité pour pouvoir fréquenter dans ces établissements » a-t-il indiqué.

Matiakoali, l’autre destination de la délégation

Ouoba Hongarè, fille du centre de Bilanga

Après Bilanga, la mission rejoindra Koupéla pour mettre le cap le lendemain sur Matiakoali commune située à plus de 90 kilomètres de Fada N’Gourma, toujours dans la région de l’Est. Là, la délégation suédoise a assisté à une séance de sensibilisation des populations au respect des droits de l’enfant et à la lutte contre le mariage forcé à l’école Piéga, dans la commune de Matiakoali. A en croire l’animateur Daniel Ouédraogo, de nombreuses filles sont toujours enlevées de force pour des cas de mariage ; ce qui n’est pas sans conséquences sur leurs études d’où l’intérêt des activités de sensibilisation au phénomène du mariage forcé. « Si beaucoup étaient retissant à faire des dénonciations, la situation s’est beaucoup améliorée a confié monsieur Ouédraogo, par ailleurs superviseur de l’ODE dans la commune de Matiakoali.

« Nous avons l’exemple d’une femme qui a suivi une sensibilisation sur les droits de l’enfant et quand elle est repartie, il y a des jeunes du village qui sont venus enlever sa fille. La fille n’avait que 9 ans. C’est la maman qui s’est rendue à l’action sociale pour signaler. Et avec la police, on a interpellé les jeunes qui ont ramené la fillette. Et la dame est revenu nous dire que c’est suite à la sensibilisation, sinon avant elle avait peur. Mais maintenant, les gens n’ont plus tellement peur. Actuellement sur 10 personnes, on peut dire que 08 ont été sensibilisées sur les droits de l’enfants. Ça sera difficile de dire que la pratique est abandonnée, mais sur 10 personnes, au moins 2 ou 3 ont abandonné la pratique » a témoigné le superviseur de l’ODE.

Cecilia Hjorth Attefall, présidente du conseil d’administration de l’ONG ERIKS

La tournée de l’équipe s’est achevée par la visite d’un autre centre d’accueil des jeunes filles en chantier, dans la commune de Matiakoala, afin de constater l’état d’avancement des travaux. Une réalisation qui s’inscrit également en droite ligne avec le programme de protection, et de promotion des droits des enfants (PAPPDE), dont l’objectif est de responsabiliser les parents dans la prise en charge de leurs enfants, d’où l’existence des comités locaux chargé du suivi-évaluation dudit programme. Pour Cecilia Hjorth Attefall, présidente du conseil d’administration de l’ONG ERIKS « il est important qu’il y’ait cette responsabilisation, cette prise de conscience interne de la communauté dans la gestion des questions de protection des enfants ».

Maxime Jean-Eudes BAMBARA
Lefaso.net


L’ONG ERIKS

Fondée en 1967, ERIKS Développent Partner est une organisation suédoise de promotion des droits de l’enfants qui travaille en collaboration avec une soixantaine d’organisations partenaires à travers le monde. L’ONG ERIKS soutient des programmes dans une vingtaine de pays en Afrique de l’Ouest, en Afrique de l’Est, en Asie du Sud et du Sud-Est, en Europe de l’Est et en Suède. En Afrique de l’Ouest, ERIKS intervient dans trois pays dont le Mali, le Bénin et le Burkina Faso.

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