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Présidentielle 2005 : Le Chat noir porte le dossard 13

Publié le vendredi 24 juin 2005 à 07h54min

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Et de 13 ! Ce chiffre plein de superstition vient d’être atteint avec la candidature du Dr Emile Paré à la présidentielle du 13 novembre prochain. La nouvelle est tombée vers 10 heures dans une des salles de conférences du Central Hôtel.

« Le face-à-face entre Emile Paré et Blaise Compaoré aura bel et bien lieu ». C’est par cette phrase laconique, mais imagée que la candidature d’Emile Paré a été annoncée. Cette précision est importante. Explications du premier responsable du Mouvement du Peuple pour le Socialisme/Parti Fédéral. D’un, dira-t-il, le combat c’est contre Blaise et il ne faudrait pas se tromper d’adversaire.

L’adversaire n’est donc ni un candidat, ni un parti politique. De deux, le Chat noir dit et insiste ne pas se présenter sous la bannière de l’Opposition burkinabè unie (OBU), mais plutôt sous celle de l’Alliance socialiste. La crise au sein de ce regroupement, après le divorce d’avec Laurent Bado depuis le jeudi 24 mars, y est pour quelque chose. Selon la déclaration lue pendant la conférence de presse, le 1er Vice-président de l’OBU et président du PAREN, M. Laurent Bado, aurait claqué la porte ce 24 mars et demandé à sa délégation de ne plus participer à la réunion du CDN, en lançant avant de prendre sa voiture : « Avec ou sans l’OBU, je serai candidat ».

En dehors de la candidature d’Emile Paré, une bonne partie de la conférence a tourné autour de la crise au sein de l’OBU. Le nouveau candidat à la présidentielle ne veut surtout pas entendre parler de la mort de ce regroupement. La science politique étant une science sociale, donc dynamique, les soubresauts doivent être toujours prévisibles. L’Opposition burkinabè unie existe toujours et lui, en reste et demeure le président. Il ajoutera par contre qu’il n’ y a pas de candidat OBU à la présidentielle. Et que si quelqu’un se présente sous la bannière de cette Union, il le rencontrera sur son chemin.

« L’OBU existe et j’en demeure le président. L’OBU n’a pas de candidat officiel et il n’y aura pas d’OBU 1 et d’OBU 2 avec moi ». Il ajoutera que l’objectif de l’OBU, depuis sa création le 5 août 2003, n’a pas été la présidentielle. « L’OBU ne se limite pas à la présidentielle. En son temps, il y avait d’abord les provinciales, ensuite les municipales. C’est vrai qu’à l’heure actuelle nous sommes en crise, mais ça n’a pas explosé ». D’ailleurs il n’exclut pas un retour du professeur Laurent Bado dans ses rangs. « Je peux penser que Laurent nous rejoindra. Parce que chez lui tout peut évoluer d’un instant à l’autre ». (Rires de l’assistance).

En bon opposant, et dans son humour habituel, le docteur n’a pas hésité à prescrire une bonne dose de nivaquine au CDP et au pouvoir en place. « Bado a dit que Blaise est bien et que c’est la classe politique qui est mauvaise. Moi je dis que Blaise n’est pas bien et je ne l’aime pas. Par ailleurs, quand le professeur parle de la classe politique, je me demande où lui il se trouve ». Il a également adressé une pique à ceux qui proclament que Blaise Compaoré va remporter les élections haut la main.

Il conseille à ceux-là de compléter la phrase par : « avec la fraude ». A une journaliste qui demandera d’où proviendraient les fonds de fonctionnement de l’OBU, la réponse sera plus directe. « Nous ne sommes pas bêtes. Qui va dévoiler ses sources de financement ? Allez-y demander aux gars de TAGUY quand on a découvert qu’ils étaient PDP/PS. Je suis financé par des gens. Voilà ! ». (Rires).

La conférence de presse donnée par le MPS/Parti fédéral et le Parti socialiste unifié dirigé par le magistrat Bénoit Lompo, qui sont les deux partis signataires de la déclaration sur la candidature d’Emile Paré, a connu la présence de responsables et de représentants d’autres partis comme la Convergence de l’Espoir, l’UNIR/MS, le PNR/JV, le FSS, etc.

Issa K. Barry


Créée le 11 décembre 2003, l’OBU avait pour ambition d’être un pôle nouveau, qui se voulait une réponse à la division, à l’émiettement et à l’instabilité de l’opposition. Son assemblée constitutive a réuni les représentants de 5 partis, à savoir la CNDP, le MPS/Parti fédéral, le PAREN, le PDN et le PSU.

Elle avait donc pour but de se démarquer « des éternelles luttes de leadership et des calculs bassement égoïstes qui jalonnent la route de l’unité de l’opposition burkinabé et qui empêchent la réalisation de celle-ci » (cf. la conférence de presse du 3 janvier 2004). Malheureusement, la crise qu’elle traverse aujourd’hui ne fait pas d’elle un parfait exemple de regroupement, objectif qui avait poussé à sa création.

Comment en est-on arrivé là ? Le 24 mars 2005, la présidence de l’OBU, composée de cinq chefs de partis membres, se réunit une heure avant la réunion du CDN en vue d’échanger et de faire des propositions consensuelles sur les différents points à l’ordre du jour.

Sur le point 2, à savoir la désignation du candidat de l’OBU à la présidentielle de 2005, la majorité des chefs de partis, exprimant la position de leurs partis respectifs, se serait prononcée pour la candidature du président de l’OBU, le docteur Paré Pargui Emile. Le président du PAREN, par ailleurs vice-président de l’OBU, M. Laurent Bado, ne l’aurait pas entendu de cette oreille. Et ce fut la déflagration.

Le regroupement tant espéré est-il aujourd’hui en train d’être victime de son nom ? On serait tenté de le penser, car un obus, c’est lourd et délicat à transporter.

I.K.B
Observateur Paalga

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