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« La lutte contre les plantes envahissantes ne peut pas être l’apanage d’une seule structure. », Ghislain Kaboré, Directeur général de l’Agence de l’eau du Nakanbé

Publié le mercredi 1er novembre 2017 à 23h12min

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« La lutte contre les plantes envahissantes ne peut pas être l’apanage d’une seule structure. », Ghislain Kaboré, Directeur général de l’Agence de l’eau du Nakanbé

Depuis un certains nombres d’année, la jacinthe, cette plante envahissante couvre à chaque saison hivernale la surface des barrages de Tanghin. Nous sommes à la fin de la saison hivernale et plus d’un observateur aura constaté qu’elle n’a pas apparu cette année comme de par le passé. Est-ce un fait de hasard ? Dans cet entretien avec le Directeur général de l’Agence de l’eau du Nakanbé, Ghislain Anselme Kaboré, nous donne les raisons de ce constat, nous explique ce que c’est que la jacinthe et ses effets néfastes pour un milieu aquatique.

Lefaso.net : Quels sont les risques que la présence de la jacinthe peut entrainer dans un milieu aquatique ?

Ghislain Anselme Kaboré : Je préfère parler de problèmes plutôt que de risques. En effet, Il y a beaucoup de risques liés à la jacinthe. Le premier risque est que la plante consomme beaucoup d’eau. Pourtant, nous sommes dans un contexte difficile où il y a rareté d’eau. Lorsque la jacinthe est présente dans un milieu aquatique, elle rentre en concurrence avec les usages classiques. Dans la littérature, on dit qu’un mètre carré de jacinthe, selon le stade de développement phénologique, consomme 10 à 35 litres d’eau par jour. Donc vous imaginez qu’une telle plante lorsqu’elle est présente va gêner les autres activités en diminuant la disponibilité en eau. Les activités de maraichage, les activités de potabilisation de l’ONEA, les activités de pêche etc. De plus la présence de la plante gêne et perturbe la vie aquatique car c’est une plante envahissante qui empêche le développement d’autres plantes. Vous avez vu que cette année comme la jacinthe n’est plus très abondante, il y a le nénuphar (ndlr plante utile) qui avait disparu sur le barrage mais qui est de retour avec de belles fleurs blanches. C’est un signe d’un retour progressif vers un bon état au niveau de la biodiversité.

Lefaso.net : Les barrages de Tanghin font partie de la zone de compétence de l’Agence du Nakanbé. Contrairement aux années antérieures, plus d’une personne a été étonné de constater la disparition quasi-totale de la jacinthe au niveau du barrage 3 et qu’au niveau du barrage 2, la jacinthe ne s’est pas développée comme en 2016 ou 2015. Les plans d’eau sont pratiquement libres sauf en quelques endroits. Qu’est ce qui explique cela ?

G.A.K. : Quand les gens observent ils disent que cette année il n’y a pas eu la jacente Ce n’est pas un hazard. C’est un travail qui est fait pour contrôler l’apparition de cette jacinthe. Nous avons depuis la saison sèche avec l’aide de nos collaborateurs et nos partenaires mis en place une équipe de veille surveillance de ces barrages-là. Une équipe de dix pêcheurs. Ce sont ces pêcheurs qui ont commencé à travailler depuis le mois d’avril 2016 pour éliminer tous les nids de jacinthes cachés aux entourages de ces barrages. Vous avez par exemple le canal du Mogho Naba qui était infesté incroyablement de jacinthe. Quand il pleuvait c’est par ces voies que ça se versait dans le barrage. Vous avez le canal de l’université qui alimente Bangr wéogo. Bref toute voie d’eau qui alimente le barrage, il y a eu du travail là-dessus. C’est ce qui fait que quand il a commencé à pleuvoir vous n’avez pas vu de jacinthe. Parce que nous sommes en train de la détruire dans son nid. D’habitude à partir de aout à septembre vous avez une grande explosion de la Jacinthe sur ces trois barrages de Tanghin. C’est ce travail qui a permis de faire en sorte cette année il n’y a pas cette explosion. Je peux dire que nous sommes à la fin de la saison des pluies et vous avez des plans d’eau en grande partie en très bon état, bien clair, bien nette. C’est dire vraiment que nous avons atteint l’objectif que nous vision en mettant place ce dispositif de surveillance de la jacente.

En plus des plantes envahissantes quelles sont les problématiques auxquelles l’Agence de l’eau du Nakanbé fait face dans son bassin hydrographique ?

G.A.K. : Nous avons élaboré en 2008-2009 ce qu’on a appelé l’état des lieux des ressources en eau du bassin du Nakanbé. Et dans cet état des lieux, il est recensé un certain nombre de problématiques auxquelles est confrontée l’espace de compétence du Nakanbé. Nous pouvons retenir principalement, la faible pluviométrie, l’insuffisance de la ressource en eau souterraine due au fait que le bassin du Nakanbé est sur le socle, l’ensablement des retenus d’eau et la prolifération des plantes envahissantes. Donc la présence des plantes envahissante est l’une des problématique majeure au quelle l’Agence de l’eau du Nakanbé fait face. C’est ce qui fait que nous avons entrepris cette lutte pour arriver à contrôler cet ennemi de l’eau. C’est petit-à-petit et en nous organisant que nous allons y arriver.

Nous supposons qu’une telle activité ne saurait se mener seul. Quel appel avez-vous à l’endroit des autres structures et de la population.

G.A.K. : La lutte contre les plantes envahissantes et en générale la protection des ressources en eau ne peut pas être l’apanage d’une seule structure. Ça c’est évident. Il faut beaucoup de synergie pour la lutte. Il existe un comité de concertation interministériel pour la gestion durable des barrages 1, 2, 3, et pour la présente lutte, nous avons travaillé dans le cadre de ce comité en étroite collaboration avec l’Office nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA), la Mairie de Ouagadougou, l’Association des pêcheurs de Tanghin, le SP GIRE, la Direction régionale de l’eau du Centre et avec des chercheurs de l’Université Joseph Ki Zerbo Ouaga I. c’est la collaboration de tout ce beau monde qui a permis l’atteinte de ces résultats. La collaboration n’est seulement technique, elle est aussi financière. Nous avons par exemple un appui financier de l’ONEA, pour cette lutte nous ne doutons pas qu’au niveau du ministère de l’Environnement nous allons également avoir leur contribution pour continuer cette lutte non seulement au niveau de ces trois barrages, mais aussi à l’ensemble du bassin. Car les plantes envahissantes ce n’est seulement aux barrages de tanghin mais c’est un peu partout au Burkina qu’on les voie.

Nous sommes à la fin de l’interview. Un dernier mot ?

G.A.K. : Vivement qu’à travers cet article, l’opinion arrive à comprendre davantage ce que sont les plantes envahissantes. Parce que nous avons eu quelques échos un peu risibles. Des gens qui ont prétendus que ce sont des plantes mise en place par l’ONEA pour traiter l’eau, pour la filtrer. C’est dire donc que l’opinion publique ne comprend pas très bien la dangerosité de ces plantes-là. Et par conséquent ne s’implique pas dans la lutte contre ces dernières. Notre souhait est que le citoyen lamda soit d’abord informé que la jacinthe est véritablement une plante nuisible pour les milieux aquatique et s’engage désormais dans la lutte contre elle. Nous profitons également de cet entretien pour informer nos partenaires que leur appui nous a permis d’atteindre des résultats probant dans la lutte contre la jacinthe au niveau de ces trois barrages de Tanghin. Et que la méthode de lutte que nous avons adoptée est efficace et semble durable. Donc on leur demande davantage de nous faire confiance pour non seulement lutter contre les plantes envahissantes mais aussi contre d’autres problématiques que le bassin du Nakanbé rencontre notamment l’ensablement des retenues d’eau.

Propos recueillis par Ibrahima TRAORE
Lefaso.net

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