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Sécurité alimentaire au Burkina Faso : Un expert apprécie

Publié le jeudi 23 juin 2005 à 07h38min

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La rencontre mensuelle de la délégation de l’Union européenne au Burkina Faso a eu lieu le vendredi 10 juin 2005. A l’ordre du jour de cette rencontre, apporter des réponses aux préoccupations des journalistes relatives à la sécurité alimentaire au Burkina Faso.

Outre cette question, celle relative à l’attaque acridienne a fait également l’objet de débat.

Cette rencontre mensuelle était l’opportunité pour les journalistes de s’enquérir de la contribution de l’Union Européenne dans la lutte contre l’attaque acridienne qui secoue notre pays et surtout de savoir quelle est la nature de l’appui que l’institution de Madame SARI apporte au Burkina Faso pour faire face à la famine qui menace des régions dans le pays. Pour plus de précisions à ces questions, la chef de délégation de l’UE fera intervenir M. Stéphane DEVOS, expert en sécurité alimentaire et développement rural.

Pour l’expert, le Burkina Faso dispose d’un dispositif de sécurité alimentaire bien étoffé qui coordonne les activités. Ce dispositif permet une fois par mois de discuter des questions, ce qui permet selon M. DEVOS d’anticiper sur les problèmes qui peuvent se présenter. Son exposé magistral a permis aux journalistes de prendre la pleine mesure du travail qui est abattu par les autorités du pays pour assurer une auto-suffisance alimentaire.

Malgré l’attaque acridienne, la mauvaise pluviométrie et la sècheresse dans certaines provinces du pays dira, M. DEVOS, le Burkina Faso a « une manière inédite de gestions des crises par l’établissement d’un budget et des ressources immédiatement mobilisables et disponibles... ». Ce budget serait de l’ordre de 700 millions de FCFA. Il a, sans faux fuyant parlé des réalités qu’il vit au quotidien sur le terrain avec les autorités, les ONG, la société civile.

Un stock national de sécurité

En novembre 2004, la moyenne de stock alimentaire national était jugée satisfaisante, elle était bonne. Cependant, le déséquilibre était très grand selon les régions en matière de sécurité alimentaire. Au Nord et au Sahel, les aléas climatiques et pluviométriques couplés à l’attaque acridienne avaient déjà annoncé des situations difficiles pour ces zones.

Dans tous les cas, le dispositif national mis en place par le gouvernement à travers le stock d’intervention constitué de plus de 5000 tonnes, lui permet d’intervenir avec une certaine autonomie. Mieux, le Stock national de sécurité (SNS) d’une quantité de plus de 30 000T et destiné à être mobilisé en situation d’extrême urgence (famine généralisée) est lui aussi disponible selon toujours l’expert de l’Union européenne.

Des actions soutenues

Une situation similaire à celle que l’on vit actuellement dans certaines localités est survenue également en 2004 mais de façon moins criarde et avait nécessité au gouvernement de recourir du SNS pour sortir 7000T de vivres pour soutenir l’opération. Outre les actions propres du gouvernement burkinabè, des PTF, des ONG et associations de la société civile le soutiennent dans son action au quotidien. L’on peut citer les Pays-Bas à travers le PDL, le PAM, etc... qui ont permis de mobiliser 25 000T pour faire face à la crise dans les régions touchées.

Des difficultés à surmonter

Pourquoi malgré ce tableau reluisant dressé par l’expert la situation demeure critique ? Pire, les populations se sentent délaissées ? Se sont interrogés les journalistes. Pour M. Stéphane DEVOS, il n’est pas aisé d’obtenir dans de telles opérations des résultats rapides aux impacts visibles. Beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte, qui entachent l’efficacité du dispositif. Une des grosses difficultés est que le Système d’action précoce (SAP) ne fonctionne pas.

Pire, il faut intervenir avec des tonnes astronomiques pour pouvoir influer sur les prix pratiqués sur le terrain ; ce qui n’est pas chose facile. L’autre difficulté est de cibler les populations, dégager les propriétés, vérifier les données ; toutes choses qui nécessitent du travail et mobilisent surtout du temps.

Quoi qu’il en soit note l’expert, la situation de sécurité alimentaire s’est améliorée et de façon spectaculaire ces dernières décennies au Burkina Faso et même dans la sous-région. Même si beaucoup de pays n’ont pas encore atteint le niveau du Burkina Faso qui demeure un bon exemple a soutenu M. Stéphane DEVOS.

Pour l’ambassadeur des Pays-Bas qui participait également au débat, le suivi du travail sur le terrain reste un dispositif national. « L’heure est passée où les partenaires techniques et financiers suivaient les camions depuis l’embarquement des vivres jusqu’à sa totale distribution » a ajouté l’Ambassadeur.
Si donc le Burkina Faso dispose d’un bon dispositif pour faire face aux crises alimentaires, les difficultés de suivi, de distribution et d’acheminement de ces vivres aux populations restent à parfaire.

Il appartient donc aux décideurs de mettre les petits plats dans les grands pour résoudre cette question qui semble mineure par rapport au dispositif déjà mis en place. Mieux cette difficulté est liée aux agissements de quelques individus sans scrupule qu’il faudrait combattre avec la dernière énergie.

Par Frédéric ILBOUDO
L’Opinion

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