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Les effets durables et profonds de la sécheresse sur la pauvreté

Publié le jeudi 26 octobre 2017 à 00h44min

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 Les effets durables et profonds de la sécheresse sur la pauvreté

De nouvelles données mettent en évidence les conséquences cachées du changement climatique et de l’irrégularité des précipitations.

Selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale, les épisodes de sécheresse à répétition ont des conséquences extrêmement importantes et souvent invisibles : à l’échelle mondiale, ces phénomènes détruisent les récoltes dans des quantités qui suffiraient à nourrir 81 millions de personnes par jour pendant une année, dévastent des forêts et menacent de condamner des générations d’enfants à la pauvreté.

Cette publication, intitulée Vers des eaux inconnues - La nouvelle économie de l’eau : pénuries et variabilité, présente des données inédites sur les conséquences que peuvent avoir des précipitations de plus en plus irrégulières sur les exploitations agricoles, les entreprises et les ménages. Et de montrer que si les inondations et les ondes de tempêtes constituent de graves menaces, les sécheresses engendrent une « misère au ralenti », avec des effets plus profonds et plus durables qu’on ne le pensait auparavant.

« Cette étude prouve qu’il est de plus en plus important que nous valorisions l’eau à la hauteur de ce qu’elle représente, à savoir une ressource précieuse, qu’il ne faut ni gaspiller ni polluer, explique Guangzhe Chen, directeur principal du pôle mondial d’expertise en Eau de la Banque mondiale. Nous devons mieux comprendre les conséquences des pénuries d’eau, sachant que celles-ci s’intensifieront sous l’effet de l’expansion démographique et de l’évolution du climat. »

Le rapport met en évidence les effets en cascade, et jusqu’ici peu documentés, de la sécheresse.

Premièrement, au niveau des familles, celle-ci a des conséquences qui se ressentiront sur plusieurs générations. Dans les régions rurales d’Afrique, le rapport constate que les femmes nées durant des périodes de grave sécheresse en portent des séquelles toute leur vie, parce que, enfant, elles ont souffert de malnutrition et d’autres problèmes de santé dues aux pertes de récolte découlant du manque de précipitations et que leur développement cognitif et physique en a été affecté. En outre, des données récentes montrent que ces femmes reçoivent également une instruction moins poussée, qu’elles ont, à l’âge adulte, moins de ressources et davantage d’enfants, et qu’elles sont plus exposées aux violences familiales. Les chocs subis par une mère ont souvent des répercussions sur ses enfants, qui risquent davantage de souffrir de malnutrition et d’être en moins bonne santé, ce qui perpétue le cercle vicieux de la pauvreté.

Deuxièmement, les effets secondaires de sécheresses répétées au niveau des exploitations agricoles : lorsque les précipitations sont inférieures à la normale pendant plusieurs années consécutives, non seulement les rendements agricoles s’en ressentent, mais les agriculteurs sont contraints d’aller empiéter sur les surfaces forestières voisines. Étant donné que les forêts servent à stabiliser le climat et à réguler les réserves d’eau, le déboisement réduit la quantité d’eau disponible et exacerbe le changement climatique.

Enfin, pour une entreprise, les coûts économiques imputables à la sécheresse sont quatre fois supérieurs à ceux entraînés par les inondations. Si cette entreprise est située en zone urbaine, une seule coupure d’eau peut amputer son chiffre d’affaires de plus de 8 %, et de 35 % si elle relève du secteur informel, comme c’est fréquemment le cas dans le monde en développement. Les moyens de subsistance de la population s’en trouvent alors anéantis et la croissance économique urbaine stagne.

Un grand nombre des régions les plus touchées par la sécheresse subissent déjà de graves déficits alimentaires et sont considérées comme fragiles. Il est donc urgent de trouver des solutions et de les mettre en œuvre.

« Si nous ne prenons pas au sérieux l’aggravation des déficits hydriques ainsi que la fréquence et l’intensité accrues des tempêtes imputables au changement climatique, de nouvelles régions seront touchées par les pénuries d’eau, ce qui pourrait accroître les violences, les souffrances et les migrations, alerte Richard Damania, auteur du rapport et économiste principal au pôle mondial d’expertise en Eau de la Banque mondiale. Les méthodes actuelles de gestion de l’eau ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Ce changement radical requiert un ensemble de politiques qui tiennent compte des incitations économiques qui participent de la gestion de l’eau à tous les stades, c’est-à-dire de la source au robinet, puis de nouveau à la source. »

L’irrégularité des précipitations a donc des conséquences sur les exploitations agricoles, les entreprises et les familles, parfois pendant plusieurs générations. Ce rapport offre des pistes pour relever ces défis, qui appellent des politiques, des innovations et des collaborations nouvelles.

Le rapport recommande de construire de nouvelles infrastructures pour le stockage et la gestion de l’eau, et d’adopter des mesures qui permettent de maîtriser la demande d’eau. Les entreprises de distribution d’eau dans les villes doivent être réglementées de sorte à accroître leurs performances et les investissements dans l’expansion du réseau, tout en garantissant leur rentabilité. Le rapport fait également observer que lorsque les inondations et les sécheresses produisent des chocs économiques, il faut que des filets de sécurité soient en place afin que les ménages pauvres puissent affronter la tempête.

Contacts :
À Washington : Isabel Hagbrink, (202) 441-6250, Ihagbrink@worldbank.org
Service audiovisuel : Huma Imtiaz, (202) 473-2409, himtiaz@worldbankgroup.org

Pour en savoir plus, rendez-vous sur : www.worldbank.org/water
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Communiqué de presse
2018/058/Water

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Vos commentaires

  • Le 26 octobre 2017 à 14:01, par Wioug pa Yalm-yé En réponse à : Les effets durables et profonds de la sécheresse sur la pauvreté

    Les pauvres du Burkina ne sont guerre victime de la nature (sécheresse) mais des "burkinabés" qui on profité et abusé des richesses nationale. Des détournement de fonds publiques, de la corruption à ciel ouvert, de la paresse des agent publics qui sont payés pour ne rien foutre, etc. La nature est assez généreuse pour tout être vivant. Mais la bêtise humaine...
    Courage au brave paysans cultivateur qui souffres de la politique de leurs propre enfants.

  • Le 26 octobre 2017 à 15:25, par TANGA En réponse à : Les effets durables et profonds de la sécheresse sur la pauvreté

    Ecoutez vous, QUAND LA POLUTION DIMUNIE EN AMARIQUE DU NORD (Principalement aux USA), la conséquence directe est la clémence de la nature dans les pays du nord de l’Afrique jusqu’à la moitié du continent.
    On n’a pas besoin de savoir ce que cause la sécheresse car tout le monde le sait déjà.
    Ce dont on a besoin, c’est moins de pollution et basta !!!

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