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L’entrepreneuriat féminin en progression continue

Publié le lundi 23 octobre 2017 à 16h49min

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L’entrepreneuriat féminin en progression continue

La dernière étude de GEM (Global Entrepreneurship Monitor) montre que depuis 2014 la création d’entreprises par des femmes est en progression de 10%, ce qui réduit l’écart avec les hommes de 5%. D’autre part, les femmes européennes sont de plus en plus confiantes dans leur capacité à créer une entreprise. La création d’entreprise par des femmes est globalement en progression. Au cours des dernières années, dans les 74 pays étudiés à travers le monde, ce sont près de 163 millions de femmes qui ont créé une entreprise tandis que 111 millions de femmes dirigeaient des entreprises déjà constituées. Ces données sont issues du nouveau rapport 2016/2017 de GEM.

« Ce constat illustre non seulement l’importance des femmes entrepreneurs dans le monde, mais met également en évidence leur contribution à la croissance et au bien-être social », explique Donna Kelley, professeur au Babson College et co-auteur du rapport. « Les femmes entrepreneurs apportent un revenu à leurs familles, elles génèrent des emplois dans leurs communautés et créent des produits et des services dont bénéficie la société dans son ensemble. »

Par rapport à l’édition précédente qui date de 2015, parmi les 63 pays étudiés sur 74, GEM note que le taux d’activité entrepreneuriale (TEA) des femmes a progressé de 10% tandis que l’écart hommes/femmes quant à lui s’est réduit de 5%. Par ailleurs, pour une même zone géographique, le pourcentage de femmes contrôlant une société déjà constituée s’est accru de 8%.

L’Afrique subsaharienne en tête avec le TEA le plus élevé du monde

Le taux d’activité entrepreneuriale varie de manière significative d’un pays à l’autre. Le rapport de GEM segmente les économies en cinq groupes en fonction de leur niveau de développement (sur la base de critères définis par le World Economic Forum) et six zones géographiques : Pacifique-Asie du Sud-Asie du Sud Est ; Europe et Asie Centrale ; Amérique latine et Caraïbes ; Moyen Orient et Afrique du Nord ; Amérique du Nord ; Afrique sub-saharienne.

L’Afrique subsaharienne maintient le taux TEA moyen régional le plus élevé (25,9%) et de fortes attentes de croissance moyenne, ce qui se traduit par beaucoup d’emplois pour les femmes entrepreneurs dans cette région. Par contre, il affiche également le taux de désistement le plus élevé (8,4%). Environ 56% des femmes chefs d’entreprise dans la région citent soit la non-rentabilité, soit le manque de financement comme raison de la fermeture de leur entreprise.

Au Burkina Faso, les taux d’abandon sont les deuxièmes plus bas de la région (5,3%) et la majorité des femmes entrepreneurs (63,3%) ont créé une entreprise parce qu’elles profitent d’une opportunité plutôt que par nécessité. Le Burkina Faso compte de loin le plus grand nombre d’entreprises appartenant à des femmes établies dans la région (entreprises de plus de trois ans) à 25%, contre une moyenne régionale de 11,5%. Cela suggère que les types d’entreprises en cours de démarrage dans le pays parviennent à trouver la bonne formule pour la durabilité.

Des enseignements utiles aux politiques d’aides à la création d’entreprise par des femmes

Le rapport GEM, dont c’est la 18ième édition, s’est imposé au fil des années comme l’étude globale de l’entrepreneuriat faisant autorité dans le monde. D’ailleurs, « cette étude apporte des enseignements pour orienter les futures recherches et les décisions politiques ainsi que les mesures d’accompagnement qui visent à soutenir l’entrepreneuriat féminin », précise le directeur exécutif de GEM Mike Herrington.

Les données de l’étude mettent en évidence des tendances lourdes et plusieurs paradoxes. En effet, « au fur et à mesure que s’élèvent le développement économique et le niveau d’éducation, le taux de création d’entreprise diminue chez les femmes et l’écart avec les hommes s’accroît. Par ailleurs, si le taux de défaillances d’entreprises tend globalement à diminuer avec le développement économique, les femmes entrepreneurs sont plus nombreuses que les hommes à rencontrer des difficultés dans les trois premiers stades du développement. Inversement, le taux d’échec des femmes créateurs d’entreprises est seulement de 10% dans les économies développées, soit un tiers de moins que celui des hommes », analyse Mike Herrington.

Elément à prendre à compte par les dirigeants politiques, plus de 20% des femmes entrepreneurs indiquent « la nécessité » comme leur motivation première à la création d’entreprise. C’est particulièrement le cas dans les pays les moins développés. Point positif, les femmes sont plus concernées que les hommes, à hauteur de 5%, par l’innovation.

« Bien qu’il n’y ait pas de réponse toute faite dans le rapport, les données qu’il contient permettent de dessiner les contours de l’aide qu’il faudrait apporter à l’entrepreneuriat féminin afin de favoriser la création de valeurs sociales et économiques dans le monde » commente Mike Herrington qui ajoute que « par bien des aspects, il y a plus de différences que de points communs entre les femmes entrepreneurs dans le monde. Ces différences s’expriment en termes démographiques, culturels et de types d’entreprises créées ». « En conséquence, conclut-il, les mesures d’aide à la création d’entreprise par des femmes doivent être adaptées à chaque situation locale plutôt qu’être définies globalement quel que soit l’environnement. »

Le rapport en quelques chiffres :

· Les dernières recherches montrent que l’activité entrepreneuriale des femmes dans le monde a augmenté de 10%, réduisant l’écart entre les sexes de 5% depuis 2014.
· Les taux d’entrepreneuriat féminin en Afrique subsaharienne sont les plus élevés du monde. 25,9% de la population adulte féminine est engagée dans une activité entrepreneuriale précoce dans cette région.
· Le Burkina Faso a le deuxième plus grand nombre de femmes chefs d’entreprise actives dans la région (30,2% contre 5,9% pour l’Afrique du Sud) et le plus grand nombre de femmes entrepreneurs dans la région (25% contre 11,5%)
· La majorité des femmes entrepreneurs au Burkina Faso (63,3%) ont créé une entreprise parce qu’elles profitent de l’opportunité plutôt que par nécessité. La moyenne régionale est de 61,8%.

A propos du GEM (Global Entrepreneurship Monitor)

Le GEM (Global Entrepreneurship Monitor) est une joint-venture créée en 1999 par le Babson College et la London Business School. Il s’est progressivement imposé comme l’observatoire global de l’entrepreneuriat dans le monde grâce à la collaboration d’un consortium d’équipes nationales de chercheurs universitaires dans différents pays. Chaque équipe nationale réalise une étude sur un échantillon d’au moins 2.000 adultes en âge de travailler (de 18 à 64 ans). L’étude qui ne couvrait que 10 pays développés en 1999 s’est étendue à plus de 100 pays sur 18 années. Le rapport du GEM est unique parce que, à l’inverse d’autres études consacrées uniquement aux entreprises nouvelles, il étudie le comportement des individus au regard de la création d’entreprises et du management dans leur ensemble.

Rapport : Ce rapport est publié avec le concours du Babson College, du Smith College, de la Korea Entreprenership Foundation, du Technologico de Monterrey, de l’Univeritad Del Desarrollo et de l’Universiti Tun Abdul Razak.

Parmi les auteurs qui ont participé au rapport : Donna Kelley professeur au Babson College, Benjamin S. Baumer professeur adjoint au Smith College, Candida Bush vice-doyen en charge du programme Global Entrepreneurial Leadership du Babson College, Patricia Greene professeur au Babson College, Mahnaz Madavi professeur au Smith College, Madhi Majbouri professeur adjoint, Marcia Cole directeur adjoint des projets spéciaux au GEM, Monica Dean directeur administratif du Centre pour l’Innovation et la Création d’Entreprise Jill Conway, René Heavlow directeur de programme au Conway Center.

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