LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Journée nationale de la liberté de la presse : La question des médias et réseaux sociaux s’invite au débat

Publié le vendredi 20 octobre 2017 à 23h47min

PARTAGER :                          
Journée nationale de la liberté de la presse : La question des médias et réseaux sociaux s’invite au débat

Chaque 20 octobre, le Burkina Faso célèbre la journée nationale de la liberté de la presse. Cette année, le comité de pilotage du centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ), a sacrifié à la tradition, ce vendredi 20 octobre 2017, en réunissant professionnels des médias, juristes, société civile, étudiants autour du thème « Médias et réseaux sociaux au Burkina : quels champs d’application ? ».

Dans la déclaration du comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo lue par le président de la société des éditeurs de presse, Boureima Ouédraogo, il ressort que cette journée est un symbole pour la presse burkinabè. Symbole d’un engagement dans la quête d’un environnement juridique favorable à la liberté de la presse conquise de hautes luttes, symbole d’une volonté de professionnalisme dans les médias, symbole d’un besoin d’épanouissement, et symbole de la fin des menaces et assassinats des journalistes.

Outre la symbolique, cette journée, selon le comité de pilotage, est aussi une journée d’interpellation. Interpellation à l’endroit des professionnels des médias à se mobiliser pour la mise en œuvre de la loi sur l’accès à l’information, au risque qu’elle ne devienne un leurre ; et interpellation aussi à l’endroit des pouvoirs publics sur la nécessité de renforcer le dispositif institutionnel et juridique qui régit la presse burkinabè.

Un thème complexe

Boureima Ouédraogo à la lecture de la déclaration du comité de pilotage du CNPNZ

Après la lecture de la déclaration, place au panel animé par quatre éminents communicateurs, le Pr Serge Théophile Balima (modérateur), le Dr Cyriaque Paré, le Dr Emile Bazyomo et le Juriste Abdoul Karim Sango. Le thème « Médias et réseaux sociaux au Burkina : quels champs d’application ? » est considéré par les panélistes, comme un sujet complexe mais intéressant. Et selon la secrétaire générale du ministère de la communication, Hortense Zida, l’importance de la thématique est telle que la 10e édition des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO) se penchera sur la problématique des Médias sociaux et de la formation des opinions en Afrique.

Une faute professionnelle

Une vue des participants

Prenant la parole en premier, le Dr Emile Bazyomo a fait remarquer qu’il existe une guerre presqu’asymétrique entre les journalistes citoyens et les journalistes professionnels, détenteurs de carte de presse. Et selon lui, cette guerre date de la naissance des nouveaux médias. « Ces derniers sont nés à partir du constat des insuffisances et des faiblesses des médias dits traditionnels. Ces insuffisances sont liées à l’absence d’interactivité, la problématique de la transparence, les lourdeurs journalistiques, etc. », a-t-il expliqué.

Et de poursuivre que le véritable problème de nos jours, c’est que les journalistes professionnels se laissent avoir par les activistes et les journalistes citoyens qui ne sont pas contraints par l’éthique et la déontologie journalistique même s’ils sont astreints au code pénal comme tout citoyen. « Tous les journalistes qui se disent en même temps activistes ou qui font office d’activisme sont, à mon avis, en faute professionnelle avec les règles du métier », a opiné le communicateur, qui estime que dans le cas d’espèce l’objectivité et l’honnêteté du journaliste peuvent prendre un coup.

Exploiter cette complémentarité

Dr Emile Bazyomo

Quant au Dr Cyriaque Paré, promoteur du site lefaso.net, il estime qu’il n’existe pourtant pas de guerre ou de concurrence entre journalistes citoyens et journalistes professionnels mais plutôt une complémentarité que les médias devraient exploiter. « Les médias professionnels ne pourront jamais concurrencer les millions de citoyens qui sont sur les médias sociaux et qui produisent et diffusent de l’information. Ce qu’ils peuvent faire par contre, c’est de les utiliser comme source pour enrichir leurs contenus et documenter leurs sujets », a-t-il suggéré tout en soulignant que tout journaliste doit appliquer de façon stricte et rigoureuse la méthode de vérification de l’info avant son traitement et sa diffusion.

Dr Cyriaque Paré

Aussi, pour le Dr Paré, il n’y a pas lieu de mettre en place une charte sur l’utilisation des réseaux sociaux puisqu’il existe ce qu’on appelle la nétiquette. Il s’agit d’une charte qui instaure les règles de politesse et de conduite sur Internet. L’une de ces principales règles est de ne pas faire sur Internet ce qu’on ne ferait pas dans une conversation en face à face. Pour le communicateur, cette charte s’applique bien aux réseaux sociaux. « Nous n’avons pas besoin de réinventer la roue. Il faut respecter ce qui existe déjà », a-t-il conclu.

Internet n’est pas un espace de non droit

Le juriste Abdoul Karim Sango

Contrairement au Dr Cyriaque Paré, le juriste Abdoul Karim Sango est favorable à une réflexion globale sur l’élaboration d’une charte d’éthique et de déontologie de l’utilisation des réseaux sociaux. « En fait, la charte n’est pas un texte de loi. En droit, on dit qu’elle a une portée morale. Il faut que les gens sachent que ce n’est parce que c’est sur Facebook, qu’on peut dire ce qu’on veut ». Selon lui, cette charte permettra de protéger les utilisateurs des réseaux sociaux et il reste convaincu qu’il est possible de réguler les réseaux sociaux sans porter atteinte à l’expression de la pensée des citoyens. « Il est temps d’éduquer et de sensibiliser les populations sur les questions liées à l’utilisation des réseaux sociaux car internet n’est pas un espace de non droit », dira Abdoul Karim Sango.

Notons qu’à l’issue du panel, il a été rappelé que l’édition 2017 du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP) se tiendra du 8 au 11 novembre prochain. Une minute de silence a été également observée à la mémoire de Justin Coulibaly, journaliste, précédemment membre du comité de pilotage du centre national de presse Norbert Zongo, décédé le 29 septembre 2017.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique