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Grands travaux de l’ONEA : Sus à la pénurie d’eau ?

Publié le jeudi 23 juin 2005 à 07h35min

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La direction de la Maîtrise d’ouvrage de Ziga a entamé depuis le 20 juin dernier, les travaux du réseau secondaire de distribution d’eau potable du barrage de Ziga appelé lot 6.1. D’importantes perturbations sont en vue dans la ville de Ouagadougou.

Dans cette interview, le directeur de la Maîtrise d’ouvrage de Ziga (MOZ) nous situe sur l’importance des travaux engagés, la durée d’exécution, les secteurs concernés...

Joseph Martin Kaboré dit également que les différents travaux, à terme, permettront de mettre fin à la pénurie d’eau à Ouagadougou.

Sidwaya (S.) : Le 20 juin dernier, ont débuté les travaux du réseau secondaire de distribution d’eau potable de Ziga appelé lot 6.1, pouvez-vous nous parler de ce réseau, de son coût et de la durée des travaux ?

Joseph Martin Kaboré (J.M.K.) : Au stade actuel de l’évolution du projet, nous sommes au démarrage du réseau secondaire du projet Ziga (le lot 6.1). C’est un lot qui vient après le réseau primaire et avant celui tertiaire et les branchements. Il est composé d’une canalisation longue de 153 km qui sera posée dans un certain nombre de quartiers périphériques et au centre ville en termes de renforcement du réseau secondaire. Le projet est exécuté sur une durée de 20 mois pour un coût global de 11 milliards 550 millions de FCFA financé par la Banque mondiale.

Les travaux ont physiquement commencé le 20 juin, et contractuellement, le 15 janvier 2005. Nous avons prévu son achèvement pour septembre 2006.

S. : Quels sont les quartiers périphériques concernés et à quels genres de perturbations doit-on s’attendre ?

J.M.K. : Nous avons retenu pour cette phase un certain nombre de secteurs périphériques qui ne possèdent pas encore de réseau de distribution d’eau de l’ONEA. Il s’agit des secteurs 28, 29 et 30 dont les portions nouvellement ou anciennement loties ne sont pas encore équipées en réseau secondaire.

Ces quartiers ont un niveau de densification de la population élevé et qui mérite que dans le cadre du projet Ziga, des canalisations y soient posées afin de leur apporter de l’eau potable à travers le réseau de l’ONEA. Une partie de ce réseau secondaire sera placée au centre ville en vue de renforcer le réseau déjà existant. Celui actuel de l’ONEA étant un peu « dépassé ».

En termes de perturbations, il y a le déménagement en vue des populations riveraines, car les canalisations qui seront faites suivront l’axe des voies publiques. Elles passeront sur le bas-côté des routes. Ce qui signifie que les gens du secteur informel qui y sont installés devront déménagés. Il y aura également des perturbations au niveau des quartiers nouvellement lotis dont les parcelles sont attribuées, mais les voies d’accès n’ont encore pas été dégagées. Pour ce faire, nous comptons initier avec la collaboration des autorités communales une campagne d’information et de sensibilisation à l’endroit de ces populations afin qu’elles libèrent ces dites voies. La dernière perturbation est celle qui va gêner momentanément la circulation car des voies seront coupées. Nous avons à ce titre prévu des déviations pour atténuer les désagréments que ces travaux auront à causer aux populations. Un temps sera aussi donné aux uns et aux autres pour libérer les voies concernées par ces dits travaux.

S. : Après les travaux sur la voie publique, l’ONEA ne revient pas toujours sur ses pas pour refaire les routes qu’elle a dégradées. Avez-vous prévu cette fois-ci, de réparer convenablement les routes qui seront dégradées du fait de vos travaux ?

J.M.K. : A ce sujet, je vous assure que le maire de la commune de Ouagadougou, M. Simon Compaoré est très regardant sur cet aspect. Nous avons de par le passé, eu affaire au maire. Par conséquent, pour ces travaux que nous engageons, nous avons déjà pris des précautions pour informer la mairie. Nous avons demandé à ce qu’elle nous associe des techniciens de la direction générale des routes pour le contrôle et le suivi de la qualité des travaux. Nous avons tiré leçon du passé. A l’époque, nous avons expliqué qu’il s’agissait de projets dont le financement ne permettait pas la réfection selon une certaine exigence, une certaine qualité.

Dans le cadre de ce projet Ziga, nous avons prévu des dispositions particulières pour assurer une certaine qualité d’exécution.

La première précaution que nous avons prise, celle d’exiger de l’entreprise de faire des fonçages, c’est-à-dire ne pas « ouvrir » le goudron. Il s’agira de commencer sur le bas-côté en creusant sous le goudron pour faire passer le tuyau. Cela demande naturellement une technicité d’un certain niveau, des équipements spéciaux. Mais ça sera fait.

Par contre, pour des canalisations assez importantes, les entreprises de la place ne disposent pas d’équipement suffisamment performant pour faire le fonçage de gros diamètres, il va de soi dans ce cas qu’on ouvre les voies. Ces cas de figure sont rares, mais lorsqu’ils surviendront, des réflexions seront faites selon des techniques différentes de celles que les gens ont connu avant avec des remblais dits hydrauliques (ensemble de méthodes telles que lorsque le goudron est refait, il n’y a pas de risque d’affaissement).

S. : Quel est l’intérêt de ces travaux que vous avez engagés le 20 juin ?

J.M.K. : De ces travaux, nous allons dégager 50 mille branchements. Ce qui permettra à une grande partie des populations de la ville de Ouagadougou d’être servie en eau potable. Nous ne pouvons pas présager de l’évolution future de la ville, mais nous pensons que si nous épongeons de façon définitive, les besoins actuels non satisfaits, nous estimons que logiquement en termes de capacité d’approvisionnement de la ville en eau potable et en nombre de branchements, les habitants de Ouagadougou ne devraient plus se plaindre. Avant même la fin des travaux prévue pour septembre 2006, un premier programme de 16 000 branchements sera exécuté sur financement de la Banque africaine de développement (BAD). Puis une deuxième campagne de 34 mille branchements financés par la Banque mondiale sera lancée. Notre objectif c’est d’achever le programme des 50 mille branchements d’ici à la fin 2007.

S. : Avec ces 50 mille branchements doit-on dire adieu aux pénuries d’eau à Ouagadougou ?

J.M.K. : Voici une question à la fois simple et difficile. D’un côté, on peut dire adieu à la pénurie d’eau, parce qu’on aura un potentiel d’eau potable disponible pour les populations de Ouagadougou et largement supérieure aux besoins pour les 15, 20 prochaines années. Par ailleurs, le nombre de branchements qui seront effectués dans le cadre du projet Ziga et les campagnes ordinaires de l’ONEA seront de nature à mettre à la disposition de tout Ouagalais (qui le désire) un branchement dans un délai rapproché. Cependant nous ne sommes pas à l’abri d’impondérants techniques.

Depuis octobre-novembre 2004 (mois au cours desquels l’eau de Ziga est à la disposition des Ouagalais), Ziga apporte déjà (sans les châteaux- d’eau, sans les secondaires, sans les tertiaires que nous avons entrepris et en utilisant le primaire que nous avons achevé et en nous branchant sur le réseau ancien de l’ONEA), 41 à 45 mille mm3 d’eau dans le réseau de l’ONEA, c’est-à-dire environ 55% de l’eau distribuée actuellement.

Il y a effectivement des difficultés dans certaines zones de la ville. Cela s’explique par le fait que les populations ont augmenté dans certains quartiers alors que le réseau de l’ONEA a été posé, il y a une dizaine voire une vingtaine d’années d’où une insuffisance de ce réseau existant. C’est pourquoi, dans le cadre du projet Ziga, il est prévu un renforcement de certaines zones.

Il faut noter que l’eau de Ziga tout comme celle de l’ONEA est pompée dans les canalisations par des équipements électromécaniques. Il suffit donc de quelques heures de coupure d’électricité pour que le réseau entier en pâtisse.

C’est pourquoi, dans le cadre du projet Ziga, nous avons pris un certain nombre de précautions, à savoir doubler le système d’alimentation électrique par des sources d’énergie autonomes (groupes électrogènes) de façon à nous affranchir un tant soit peu des perturbations causées par la SONABEL.

Interview réalisée par Aline Verlaine KABORE
Sidwaya

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