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Entreprenariat culturel au Burkina : Une multitude de structures d’appui, mais très peu de services spécifiques

Publié le mercredi 4 octobre 2017 à 23h59min

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Entreprenariat culturel au Burkina : Une multitude de structures d’appui, mais très peu de services spécifiques

Les politiques publiques actuelles du Burkina mettent un accent particulier sur le secteur privé en tant que socle du développement économique et social. De ce fait, le Plan national de développement économique et social (PNDES) et la politique culturelle parient sur une structuration de l’activité culturelle et artistique portée par des entreprises en vue de créer des richesses et des emplois. L’association Educ’Afrique a organisé une conférence publique à Goethe institut, le 30 septembre 2017 pour répondre à un certain nombre de préoccupations sur l’entreprenariat culturel.

Cette conférence publique s’inscrit dans le cadre des activités traditionnelles menées par Educ’Afrique pour le développement culturel et artistique. Elles se résument en une série de conférences, six au cours de l’année. Le 30 septembre dernier, il s’agissait d’échanger sur l’entreprenariat culturel. Car, développement de la culture rime avec entreprenariat culturel. C’est pourquoi, en partenariat avec Goethe institut, les acteurs du domaine ont été conviés à échanger avec un spécialiste autour des préoccupations, des enjeux, des défis liés à l’entreprenariat culturel au Burkina Faso. « Nous avons une économie embryonnaire de la culture. Il y a une grande préoccupation en matière d’organisation, de structuration en cours. Il va falloir que les entrepreneurs culturels puissent avoir aussi leur part du gâteau au niveau de la commande publique et privée », a soutenu Idrissa Zorom, membre d’Educ’Afrique.

Les dispositifs d’appuis pour le développement des entreprises culturelles, les spécificités desdites entreprises, les institutions spécialisées en matière d’accompagnement sont entre autres les points abordés au cours de cette conférence animée par Zakaria Sana, spécialiste en entreprenariat. Pour lui, la vitalité du secteur culturel est conditionnée par la créativité des acteurs, mais aussi par la qualité de l’environnement dans lequel opèrent les différents métiers en entreprises connexes qui les entourent. « Culture et entreprise ne sont pas antinomiques et ne l’ont jamais été. Cependant, dans un contexte d’informalité et d’opacité, la réalité économique de ces filières est difficile à appréhender avec exactitude », a-t-il confié.

Plus de 164 000 emplois en 2009

Une vue des participants

Néanmoins, s’appuyant sur des chiffres de l’Etude sur les impacts de la culture sur le développement social et économique au Burkina, le conférencier soutient que la contribution du secteur de la culture à la formation du revenu national est réelle. « En 2009, la valeur ajoutée dégagée par les filières culturelles était estimée à 79,667 milliards de francs CFA, soit 2,02% du PIB. Aussi, les activités culturelles au Burkina emploient un nombre relativement important de personnes. En effet, 164 592 personnes représentant 1,78% des actifs occupés en 2009 ont eu un emploi dans le domaine de la culture. De même, l’économie de la culture engendre un effet multiplicateur sur les autres secteurs d’activités notamment l’hôtellerie, la restauration, le transport, l’artisanat… », a-t-il précisé.

En termes de soutien financier au secteur, les structures étatiques viennent en tête : ministère de la culture, fonds nationaux de financement. Le Bureau burkinabè du droit d’auteur, lui aussi, joue un le rôle important dans l’accompagnement des entreprises culturelles. A côté de ces structures publiques, il y a le privé (banques, établissements financiers, systèmes financiers décentralisés), mais aussi la coopération internationale à travers l’OIF, le fonds belge, l’institut Goethe, l’institut Français, la coopération suisse, l’Union européenne…

Des entreprises condamnées à une vision à court terme ?

Zakaria Sana, conférencier

« Au Burkina, il existe une multitude de structures d’appui aux entreprises de façon générale, mais très peu de services spécifiques sont développés à l’endroit des entreprises culturelles. Elles sont tenues de fonctionner dans cet environnement global en tenant compte des contraintes qui sont les leurs. Les choses ne sont pas non plus simples financièrement, ce qui cantonne à avoir une vision à court terme, projet par projet, et limite la capacité financière à se projeter », regrette Zakaria Sana.

Pourtant, investir dans les entreprises culturelles contribue à assurer le dynamisme d’une économie puissante et durable. C’est pourquoi, il propose des pistes de solutions. Pour le conférencier, les entrepreneurs culturels doivent, avant tout, approcher davantage la Maison de l’entreprise afin de profiter pleinement de l’existant, mais aussi pour exprimer leurs besoins spécifiques pour mieux se faire accompagner. Aussi, il propose travailler à la promotion de l’émergence d’une vision économique de la culture. Aux acteurs culturels, il propose de travailler davantage, en véritables entrepreneurs, à améliorer la qualité des produits, accroitre leur compétitivité, promouvoir la coopération entre entreprises. Concernant les services financiers, Zakaria Sana estime qu’il convient de développer un système d’appui alliant les impératifs de rentabilité du système bancaire et financier et les spécificités du secteur de la culture.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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