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Sanctions de malversations financières : Ne pas s’arrêter en si bon chemin

Publié le mardi 21 juin 2005 à 07h16min

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De temps en temps, les Conseils des ministres burkinabè font
penser au temps de la Révolution démocratique et populaire par
certaines décisions prises. Ça a été le cas du Conseil des
ministres du mercredi 15 juin 2005 qui a révoqué, sans
préjudices de poursuites judiciaires, des douaniers s’étant
rendus coupables de malversations financières.

Ce genre de
décisions rarement prises en Conseil des ministres, a
naturellement été l’objet de conversations le lendemain et les
jours suivants. Le ministre des Finances et du Budget,
Jean-Baptiste Compaoré, a même été interpellé sur la question
le 17 juin lors du point de presse du gouvernement, bien qu’il
n’ait pas été expressément inscrit à l’ordre du jour. Des
douaniers licenciés pour détournements de deniers publics !

Ce
n’est pas tous les jours que cela arrive, surtout que les
détournements, la concussion, la corruption sont devenus des
sports nationaux dans lesquels rivalisent avec assiduité et
ingéniosité bon nombre d’agents publics.

Alors, il est tout à fait
normal que l’on s’étonne et s’interroge quand l’autorité semble
vouloir sonner la fin de la recréation, y mettre le holà. Est-ce le
début du commencement de la fin de l’impunité, du laisser-aller
constatés jusque-là ? Où est-ce une action d’éclat en temps de
(pré) campagne électorale juste pour couper l’herbe sous les
pieds de ceux qui seraient tentés d’indexer le régime comme
complice ou laxiste par rapport à la corruption, aux
détournements de deniers publics ?

Est-ce le menu fretin, les
alevins qui ont été sanctionnés alors que les gros poissons, les
grosses légumes ou encore les gros bonnets ne sont pas
inquiétés outre mesure ?
Ce serait dommage si c’était le cas. Nous souhaiterions bien
nous tromper car le coup de balai à la Douane devrait être un
signal fort en matière de lutte contre les malversations
financières, la corruption et de bien d’autres délits et crimes qui
ont fini par faire leur lit dans un contexte de déliquescence
morale.

Ce coup de balai doit être l’occasion de passer vraiment
de la parole aux actes et cela dans tous les domaines, car la
Douane n’est pas le seul secteur gangrené. Le classement des
secteurs où la corruption est de mise, effectué annuellement par
le Réseau national anti-corruption (REN-LAC) est révélateur à
plus d’un titre. Des actes et encore des actes ! On ne cessera
d’en réclamer pour avoir la certitude que l’argent du contribuable
est (ou sera) bien utilisé, sinon la bonne gouvernance ne sera
qu’un voeu pieux ou tout simplement un ornement de discours.

Un sursaut et un réarmement moral s’imposent pour ne pas
donner l’impression surtout aux jeunes générations, que pour
réussir dans la vie, il faut emprunter les chemins de la
malhonnêteté, des coups bas. On a malheureusement
aujourd’hui les prémices de cette situation au regard de
l’environnement général dans lequel nous évoluons tous et dont
aussi nous sommes coupables par rapport à son installation. Il
faut se dire que chaque fois que pour un service pour lequel un
agent est payé, si nous lui donnons quelque chose pour "faire
avancer le dossier", nous sommes coupables. Nous sommes
responsables donc du délitement de la morale et ne devons
pas être surpris que la corruption, les détournements de
deniers publics, le népotisme, le copinage, les accointances ou
les affinités politiques dans les nominations à des postes de
responsabilité aient pignon sur rue.

Toutefois, il n’y a pas lieu de démissionner ou de se résigner.
Tant que l’on peut se racheter et mettre de l’ordre dans une
situation créée par soi-même, il y a toujours lieu de le faire.
C’est pourquoi la décision du Conseil des ministres est à saluer
tout en demandant aux autorités de ne pas s’arrêter en si bon
chemin en sanctionnant avec la même célérité et la même
rigueur les cas d’écarts de conduite portés (ou qui le seront à
l’avenir) à leur connaissance.

Dieu seul sait combien de cas
similaires voire plus graves dorment au niveau de l’Inspection
générale d’Etat (IGE) ! A propos de cette structure, il est
souhaitable que les pleins pouvoirs lui soient donnés pour, non
seulement investiguer, mais surtout transmettre directement à
la Justice les cas de fraude, de corruption, de malversations
financières décelés.

L’attachement à la bonne gouvernance, à la
transparence dans la gestion de la chose publique passe par là
aussi. Et il est temps d’emprunter ce chemin.

Le Pays

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