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Lettre ouverte à Smaila OUEDRAOGO, ministre de la jeunesse : Une contribution à la mise en place du Conseil National de la Jeunesse du Burkina Faso

Publié le samedi 30 septembre 2017 à 01h03min

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Lettre ouverte à Smaila OUEDRAOGO, ministre de la jeunesse : Une contribution à la mise en place du Conseil National de la Jeunesse du Burkina Faso

Monsieur le Ministre,

Je tiens à vous présenter par avance mes excuses pour ma démarche si toutefois elle venait à l’encontre de la courtoisie. Sinon, à travers ces lignes, je souhaiterais juste apporter ma modeste contribution non seulement pour le bon déroulement du processus de l’organisation des élections mais aussi et surtout pour le bon fonctionnement du Conseil National de la Jeunesse du Burkina Faso.

Monsieur le Ministre,

Depuis votre nomination à la tête du département en charge de la jeunesse, vous avez fait de la redynamisation du Conseil National de la Jeunesse (CNJ) à travers le renouvellement de ses instances une des priorités de votre vision pour la jeunesse. Et je tenais à vous féliciter et vous renouveler ma forte admiration pour cette belle vision car pour moi, cette faitière des organisations de la jeunesse doit vivre et de la belle manière.

Monsieur le Ministre,

Personnellement, c’est avec grand intérêt, que je suis l’évolution du processus de l’organisation desdites élections. Et si je mes informations sont fiables, le comité d’organisation doit être à l’étape de la réception des dossiers de candidature et de la validation de la liste électorale. Malgré votre bonne volonté et celle de vos collaborateurs, il y a de nombreuses difficultés qui se présentent et qui sont susceptibles d’entraver le processus.

C’est justement à ce niveau, avec ma « ma petite expérience en matière électorale » et mon engagement pour la promotion de la jeunesse, que je voudrais formuler quelques observations.

En effet, selon le principe du comité d’organisation :
 le renouvellement des instances du CNJ se fera en cascade : communes/arrondissements – provinces – régions – national. Pour le principe, c’est bien mais un tel processus observe beaucoup d’exigences ; à savoir une grande disponibilité des ressources financières et humaines qualifiées. Il faut aussi une grande adhésion des jeunes à la base aux idéaux du Conseil et une appropriation de la faitière. Ce qui n’est pas le cas à mon humble avis au regard de la situation léthargique que ladite faitière traverse depuis des années ;

 les électeurs sont constitués par les associations adhérées formellement au CNJ. A cet effet, toute association souhaitant prendre part aux élections (peu importe son statut) est soumise au paiement d’une somme de dix mille (10.000) francs CFA. Loin de me constituer en avocat mais franchement, c’est trop demander aux associations des jeunes qui réalisent le plus souvent leurs activités sur la base des cotisations de leurs membres. Cette disposition est discriminatoire et je m’insurge contre car elle me rappelle du vote « censitaire » qui était un vote réservé aux riches. Les adhésions se faisant par localité, je m’interroge fort si certaines localités ne vont pas souffrir de l’insuffisance d’électeurs et/ou de candidatures ? Et si cela arrivait, quelles-en seront les conséquences sur le processus ?

 pour candidater au niveau national, en plus des papiers à légaliser, il faut payer une somme de quinze mille (15.000) francs CFA, au niveau régional dix mille (10.000) francs CFA, aux niveaux provincial et communal/arrondissement cinq mille (5.000) francs CFA. Une fois de plus, cela ressemble à des « raquettes » des jeunes qui sont d’ailleurs la cible principale du chômage et de toutes les tares de la société.

Monsieur le Ministre,

A la lumière de ces observations et avec vif souhait de voir notre faitière devenir une fierté de toute la jeunesse burkinabè, je voudrais faire quelques suggestions sous forme de recommandations. Il s’agit :

1. Le comité d’organisation : en matière électorale, la crédibilité du processus est fortement liée à l’intégrité des acteurs de l’instance en charge des élections. Dans le cas d’espèce, avec la situation léthargique que connait le CNJ et avec des membres qui ont fini leur mandat depuis au moins 2 ans, il me semble inconcevable que ces mêmes personnes pilotent le processus. Au delà de l’aspect intégrité, je doute fort de l’objectivité dans l’organisation si toutefois des membres sortants sont candidats. Et j’ai bien peur que l’histoire commence déjà à me donner raison. C’est pourquoi, je propose un comité ad‘hoc sous la tutelle technique de votre département à l’image des élections récentes de la Commission nationale des Droits humains (CNDH) où le comité de sélection était composé de la cour de cassation, du médiateur du Faso, de l’Assemblée nationale, des osc droits humains et des religieux et coutumiers.

Permettez-moi d’insister sur cet aspect, Monsieur le Ministre, si votre volonté n’est pas seulement d’accompagner la mise en place des instances juste pour la forme mais plutôt des instances dynamiques devant être comme un tremplin à la promotion de la jeunesse et devant faire l’objet d’une fierté du Burkina Faso au delà de ses frontières.

2. La tenue des élections en cascade c’est-à-dire partir des
communes/arrondissements jusqu’au niveau national. Cette stratégie est vraiment l’idéal mais visiblement les ressources financières font défaut et les enjeux liés à un tel processus n’ont pas été maitrisés avant sa mise en œuvre. Du coup, il faut se rabattre sur les jeunes pour le budget de l’organisation (ce qui pourrait justifier les frais énormes demandés aux associations et aux jeunes candidats). Cette disposition financière pourrait constituer déjà les prémices d’un CNJ mort-né car peu d’engouement au sein des acteurs autour de la chose. C’est pourquoi, militant de la chose bien faite, je voudrais vous proposer sous votre leadership Monsieur le Ministre, de tout mettre en œuvre pour commencer d’abord les élections au niveau régional et au niveau national. Et ces instances qui seront mises en place vont travailler à faire connaitre davantage le CNJ à la base, susciter une forte adhésion des jeunes à la faitière et le reste viendra aisément à l’instar des autres pays de la sous région.

3. Les conditions d’adhésion et les frais de candidature : S’il n’est vraiment pas trop tard et si une possibilité existe, je voudrais suggérer de surseoir à ces frais et mettre l’accent surtout sur la qualité intrinsèque des candidats. A l’instar de la CNDH où les commissaires ont un rang de magistrats de haute juridiction, on pourrait également demander juste des documents attestant le parcours, le dynamisme et l’intégrité du candidat. Dans tous les cas, vos techniciens ont activement pris part à la désignation de la candidate des jeunes à la CNDH, ils peuvent vous renseigner davantage.

Monsieur le Ministre,

Avec votre permission, je voudrais ouvrir une petite parenthèse sur ma personne. En effet, je suis un acteur engagé pour la conscientisation et pour la promotion de la jeunesse. Je suis le Secrétaire Exécutif de l’Association Jeunesse Espoir d’Afrique (AJEA) et le Coordonnateur national de la plate forme électorale RESOCEL. Grace aux bénédictions de tous, j’ai eu cette chance de pouvoir participer à plusieurs rencontres des jeunes de la Sous région dont la dernière date du 24 au 28 juillet 2017 à Dakar-Gorée Institute où j’ai été accrédité Formateur des Formateurs (FDF) en leadership jeunes et en prévention des conflits en Afrique de l’Ouest.

Je suis aussi un observateur international des élections avec la CEDEAO et avec l’Union Africaine. A cet, j’ai pu prendre part, comme société civile, à plusieurs missions d’observations sur le continent africain.

Dans l’objectif de toujours bien faire, j’ai pu me payer des stages au KAIPTC-Accra : Mission d’observation (février 2014), Management des élections (juin 2014) et le BRIDGE à Ouagadougou avec l’UA.

Je suis aussi titulaire d’un master2, d’un master1 et d’une licence en GRH (ISIG International), d’une licence en Science politique (UO2), un DEUG II en droit (UO2).

Monsieur le Ministre,

Tout en vous renouvelant ma forte admiration pour votre leadership et pour votre sens d’écoute, je sais compter sur l’attention vous voudrez bien accorder à mon écrit. Désolé pour la longueur du document car certains détails me paraissaient assez nécessaire. Ce cri de cœur s’inscrit dans le sens de mieux redonner vie à notre faitière.

Par ailleurs, je vous renouvèle ma disponibilité pour toute information complémentaire et vous souhaiter une bonne réception du document.

Plein succès dans votre mission et Dieu bénisse !

Très respectueusement,

Siriki NAON

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