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Aide et lutte contre la pauvreté en Afrique : l’engagement du FMI

Publié le mardi 21 juin 2005 à 07h00min

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Cette année marque un tournant dans l’action menée pour aider l’Afrique à accélérer la progression vers l’objectif qui est de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015.

Cet objectif, un des piliers des objectifs de développement du millénaire adoptés par les Nations unies prend un relief particulier avec la récente parution des rapports du Secrétaire général des Nations unies, de la Commission du Millénaire et de la Commission du Royaume-Uni pour l’Afrique, qui présentent tous des propositions d’action concrètes et d’envergure, à l’intention des pays développés et des pays africains.

Un thème unificateur est proposé à l’attention de la communauté internationale : réaliser des avancées sensibles dans la lutte contre la pauvreté extrême et améliorer les conditions de vie des populations africaines, en particulier dans des domaines comme l’éducation et la lutte contre la propagation du VIDA/SIDA. Les auteurs de ces rapports lancent unanimement des appels en faveur d’une augmentation substantielle de l’aide à I’Afrique, auxquels le FMI souscrit et joint sa voix. Plus encore, donateurs et bénéficiaires partagent l’objectif qui est de veiller à ce que l’aide accrue se traduise par un affermissement de la croissance et le recul de la pauvreté.

Conscient de ces objectifs, le FMI a tenu à Maputo au Mozambique le mois dernier un Séminaire de haut niveau sur l’aide extérieure et la gestion macro-économique. Un grand nombre de ministres et de gouverneurs de banque centrale africains et d’éminents chercheurs y ont pris part, pour étudier les moyens d’accroître l’efficacité de l’aide et de mieux gérer des flux massifs d’aide. Le débat a été centré sur ce qu’il adviendrait si l’ Afrique recevait un afflux massif d’aide. Les solutions proposées s’articulent autour d’initiatives à prendre par les pays bénéficiaires pour s’assurer que l’aide arrive à destination, des mesures à prendre par les donateurs pour rendre les flux d’aide fiables et de mécanismes de gestion économique à la mesure des défis inhérents à de tels flux d’aide.

La préoccupation la plus souvent évoquée a été celle du manque de personnel qualifié, de moyens administratifs et matériels (hôpitaux, écoles et routes par exemple) dans les pays pour absorber l’aide de façon productive. Les participants au Séminaire de Maputo ont admis que certaines des contraintes qui pèsent sur les capacités sont certes lourdes mais pas insurmontables. En définitive, l’accroissement de l’aide constitue une chance et non un problème.

Dans certains cas, l’aide pourrait contribuer à éliminer des goulots d’étranglement et à ouvrir des perspectives nouvelles aux personnes et aux ressources sous employées. L’aide pourrait servir par exemple à améliorer les routes rurales et contribuer ainsi à stimuler la production des paysans qui pourrait accroître, à son tour, la capacité des organisations paysannes à tirer parti des intrants agricoles financés par l’aide. Les gouvernements doivent cependant rester attentifs aux premiers symptômes de saturation des capacités qui se manifestent par des hausses des salaires et des prix dans un secteur particulier.

Pour être efficace, l’aide doit atteindre l’objectif visé. La majeure partie des flux d’aide transitant par les comptes des États, il est indispensable de renforcer la capacité des pays à concevoir, exécuter et suivre leur budget. En accord avec la Banque mondiale et d’autres partenaires de développement, le FMI travaille activement avec les pays dans ce domaine.

Les ressources publiques - y compris les dépenses financées par l’aide - ne seront que plus efficaces et plus efficientes si elles sont acheminées aux populations démunies suivant des pratiques ouvertes et transparentes. La diffusion publique de l’intégralité des procédures budgétaires donne aux citoyens les informations dont ils ont besoin pour suivre l’action des pouvoirs publics. Il s’agit là d’un autre domaine dans lequel le FMI et nombre d’autres donateurs oeuvrent activement avec les pays africains. Dans la même optique, nous nous félicitons de la participation d’un nombre croissant de pays africains producteurs de pétrole et d’autres ressources naturelles à l’Initiative sur la transparence des industries extractives (EITI), important effort de portée internationale destiné à accroître la transparence des recettes tirées de l’exploitation des ressources naturelles. Le guide sur la transparence des recettes tirées de ces ressources vise à aider les pays à mieux gérer les flux de capitaux liés à l’exploitation de leurs ressources pétrolières, minières et autres.

Les ministres africains réunis à Maputo ont montré leur inquiétude face à la volatilité et à l’imprévisibilité des flux d’aide qui posent un grave problème pour la planification et l’exécution budgétaire. À l’heure actuelle, les donateurs ouvrent et ferment trop souvent les robinets de l’aide de façon intempestive. Ceci dénote parfois des déficiences dans la mise en œuvre des politiques et des projets par les pays bénéficiaires. .Mais très souvent, cette situation est la conséquence des priorités changeantes des pays donateurs, de procédures législatives imprévisibles ou des conditions excessivement contraignantes qui accompagnent les flux d’aide. Les ministres ont invité leurs partenaires de développement à assurer les prestations de l’aide de manière plus prévisible et plus cohérente.

Sur ce plan, des mesures encourageantes sont prises. Début mars, une soixantaine de pays en développement et une cinquantaine de donateurs ont pris part au Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide qui s’est tenu à Paris. Les participants à ce Forum ont adopté une déclaration dont le contenu couvre pour l’essentiel, les enjeux évoqués lors du Séminaire de Maputo, à savoir, mieux aligner les concours des donateurs sur les politiques dont les pays ont la maîtrise, harmoniser et simplifier les procédures de décaissement de l’aide et en réduire la volatilité. La déclaration fournit une occasion à l’ Afrique de prendre l’initiative du suivi des engagements que les donateurs ont pris d’améliorer l’efficacité de l’aide.

Il est généralement admis que des afflux massifs d’aide constituent autant de défis de taille pour la gestion macro-économique. Les flux doivent être gérés de manière à ne pas alimenter l’inflation ou à ne pas provoquer une trop forte appréciation du taux de change. Il faut aussi veiller à ce que la volatilité des flux d’aide n’engendre pas une volatilité des prix, des taux d’intérêt ou du crédit qui pourrait nuire à la capacité d’expansion des entreprises privées. La gestion des flux d’aide doit également tenir compte de l’impact potentiel sur le budget. Lorsque l’aide finance la construction routière par exemple, il importe de veiller à ce que les fonds soient disponibles pour l’entretien et la réfection des routes.

Ces écueils potentiels peuvent être évités. Le FMI se réjouit de travailler avec chaque pays en contribuant à la gestion de flux croissants d’aide pour maintenir la stabilité macro-économique. Les politiques à moyen terme pourraient apporter la réponse à la crainte que l’appréciation du taux de change ne porte préjudice aux exportations et à la croissance. Les dépenses d’infrastructures ou relatives aux services aux entreprises par exemple, pourraient accroître la productivité et la compétitivité des secteurs exportateurs ou producteurs de biens qui concurrencent les importations.

Le FMI soutient fermement les propositions visant à accroître sensiblement les flux d’aide à l’Afrique. Le nouvel esprit de partenariat et de responsabilité mutuelle qui anime les donateurs et les bénéficiaires est de bon augure pour faire en sorte que l’aide soit utilisée à bon escient. En cette année cruciale pour l’Afrique et les OMD, nous devons saisir cette occasion sans précédent de faire reculer la pauvreté en Afrique. Le FMI est prêt à jouer pleinement son rôle de conseil aux pays africains sur ces questions essentielles.

Abdoulaye Bio TCHANE est directeur
du département Afrique FMI

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