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Burkina : ‘’Plus d’un million d’enfants sont atteints de malnutrition chronique’’ Anne Vincent, Représentante-résidente de l’UNICEF

Publié le vendredi 22 septembre 2017 à 23h06min

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Burkina : ‘’Plus d’un million d’enfants sont atteints de malnutrition chronique’’ Anne Vincent, Représentante-résidente de l’UNICEF

Faire l’état de la mise en œuvre des recommandations de sa dernière session, présenter le plan stratégique multisectoriel de nutrition 2017-2020, exposer les résultats de l’étude sur l’analyse des financements de la nutrition, ce sont entre autres les objectifs de la première session pour l’année 2017 du conseil national de concertation en nutrition, tenue ce jeudi 21 septembre 2017 à Ouagadougou.

Les données relatives à la sous-alimentation infantile, aux carences en micronutriments, à la surcharge pondérale et à l’obésité des enfants et des adultes montrent que le Burkina Faso est confronté au double fardeau nutritionnel (coexistence de différentes formes de malnutrition). En effet, les statistiques présentées dans le plan stratégique multisectoriel de nutrition révèlent que la malnutrition chronique est passée de 35,1% à 30,2% de 2009 à 2015, la malnutrition aigüe de 11,3% à 10,4%. Quant à l’insuffisance pondérale, la prévalence nationale est passée de 26% à 22% sur la même période chez les enfants de moins de cinq ans. Mais malgré ces réductions substantielles, la situation reste préoccupante avec des conséquences délétères sur la santé des enfants de moins de cinq ans et sur les femmes en âge de procréer.

Outre son impact sur la santé humaine en termes de morbidité et de mortalité, la malnutrition a également un impact économique et entrainerait des pertes économiques pour l’équivalent de 2 à 3% du PIB mondial.

Vue des participants à la session du CNCN

A ces différentes formes de malnutrition sus-citées, s’ajoutent les carences en micronutriments : carence en vitamine A, carence en fer, en iode. Pour les cas des maladies chroniques liées à la nutrition, les résultats de l’enquête STEPS 2013 ont révélé que 13,4% de la population présentaient un surpoids et 4,5% une obésité. Cette situation est plus préoccupante dans les régions du Centre et des Hauts bassins qui abritent les grandes villes (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso) dont les prévalences de surpoids sont respectivement de 30,6% et 22,7%. Par ailleurs, on note que 17,6% de la population âgée de 25-26 ans, présentaient une hypertension artérielle et 4,9% souffraient de diabète.

Anne Vincent représentante de l’UNICEF

La Représentante-résidente de l’UNICEF au Burkina, Anne Vincent, se prononçant sur la question a confié qu’il y a souvent confusion entre alimentation et nutrition : « On a toujours confondu alimentation et nutrition. On peut être alimenté en quantité mais pas bien en qualité et donc être malnutri. On peut être maigre mais toujours malnutri, comme on peut être gros et encore malnutri. La malnutrition a beaucoup de faces et il est très important que le pays considère toutes ces facettes : que ce soit la malnutrition aigüe sévère facilement reconnaissable, le retard de croissance, les déficiences en micronutriments, etc. On parle de plus d’un million d’enfants atteints de ce qu’on appelle le retard de croissance, la malnutrition chronique ».

Cette malnutrition chronique, selon elle, ne peut être prévenue ni traitée par des mesures purement nutritionnelles comme les vitamines, les suppléments alimentaires. Il faut absolument l’approche multisectorielle et multidimensionnelle : « Si les enfants n’ont pas accès à l’eau potable et un assainissement correct, ils seront pour la plupart atteints de malnutrition chronique. Il faut bien sûr qu’il y ait la sécurité alimentaire avec derrière l’agriculture qui entre en jeu. Il faut également inclure l’éducation des parents et particulièrement de la maman. Il est très très important de lutter contre cette forme de malnutrition et c’est tout le rôle de ce programme multisectoriel 2017-2020 ».

Lansandé Bagagné conseiller technique représentant le ministre de la santé

Le conseiller technique du ministre de la santé, Lansandé Bagagné, ne dira pas le contraire. Il a dans son discours relevé que le faible niveau de scolarisation des filles est une cause sous-jacente majeure de la malnutrition. De même, l’insécurité alimentaire des ménages et l’extrême pauvreté se traduisant respectivement par une faible disponibilité des aliments et une insuffisance chronique de revenus des individus et des ménages associées à d’autres causes structurelles peuvent provoquer la malnutrition chronique. Monsieur Bagagné va plus loin en précisant que « les enfants qui souffrent de malnutrition chronique sont cinq fois plus susceptibles de mourir de diarrhée ou de toute autre forme de maladies infectieuses. Les individus victimes de malnutrition chronique présentent des capacités cognitives réduites avec pour conséquences la faible endurance physique et la réduction des revenus individuels à l’âge adulte de 22 à 45% ».

De grands défis restent donc à relever dans la lutte contre la malnutrition au Burkina Faso et le conseiller technique du ministre de la santé le reconnait : « Ces défis sont entre autres la mise en œuvre effective du plan stratégique multisectoriel à travers une coordination renforcée et un système d’information multisectoriel fonctionnel pour garantir la recevabilité de tous les secteurs et de tous les acteurs et la prise en compte de la nutrition dans les plans de développement communaux tout en poursuivant les stratégies principales déjà en cours ».

Maxime Jean-Eudes BAMBARA (Stagiaire)
Lefaso.net

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