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Participation politique des femmes au Burkina : Une étude qui en dit long

Publié le jeudi 16 juin 2005 à 07h09min

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Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) veut susciter une participation politique plus grande des femmes dans notre pays. Pour atteindre cet objectif, il a mené grâce à ses consultants une étude sur « « l’histoire de la participation politique des femmes au Burkina Faso ».

L’étude qui entre dans le cadre de son « programme d’appui à la participation politique des femmes 2004-2007 » a fait l’objet d’un atelier de restitution en avril dernier. Nous revenons sur les résultats de cette étude au regard de l’intérêt du sujet et des enjeux électoraux qui se dessinent à l’horizon.

L’étude faut-il le rappeler a pour objectif d’aider le CGD à tirer les leçons et autres stratégies utilisées par le passé afin d’identifier des solutions appropriées et plus efficaces pour accroître la participation et la représentation politique des femmes en politique. Sans être une mode, il faut reconnaître que la participation et la représentation politique des femmes est un thème de l’histoire récente du Burkina Faso c’est pourquoi, les consultants du CGD se sont basés sur les publications et ouvrages généraux sur la vie politique nationale, quelques écrits traitant de la femme, la documentation officielle et les témoignages de quelques femmes. Ce qui n’enlève en rien la pertinence et la qualité du travail des consultants du CGD.

Les femmes dans la vie politique nationale de 1959 à nos jours

Selon l’étude, les premières élections législatives de la République de Haute-Volta ont eu lieu le 19 avril 1959. Depuis ce temps jusqu’à nos jours, la vie politique du Burkina s’est faite de régimes constitutionnels et de régimes d’exception. Ce qui ne saurait expliquer le fait qu’il ait fallu attendre 1976 pour voir une femme entrer dans un gouvernement. Fort heureusement depuis cette date, les femmes sont présentes dans les différents gouvernements du pays. Avant 1976, on ne note aucune femme dans un gouvernement. La période de 1959 à 1975 est celle de la 1ère République, du premier régime militaire et de la 2e République. Ce n’est donc qu’en 1976 que la Haute-Volta, indépendante depuis 1960 accueille une femme dans une équipe gouvernementale.

De 1976 à 1985, le nombre de femmes au gouvernement varie entre 1 et 2. Cela correspond aux périodes suivantes : le 2e régime militaire, la 3e République, le CMRPN et le CNR puis avec le Front Populaire, le nombre de femmes au gouvernement connaît une hausse, il passe de 2 à 4, rarement moins. Cette tendance à la hausse va se poursuivre avec la 4e République de 1991 à nos jours où le nombre de femmes dans les gouvernements varie de 3 à 6.

L’étude note cependant que si le fait d’augmenter le nombre peut satisfaire, le nombre de femmes au gouvernement reste encore insignifiant au regard de la population féminine. On constate qu’aucun régime n’a accordé 18% des postes ministériels aux femmes. Le plus fort taux de participation aux gouvernements est de 17, 64 % obtenu en 1991.
La faible présence des femmes dans les gouvernements se reproduit dans les différentes législatures.

Les femmes dans le pouvoir législatif au Burkina Faso

Selon l’étude, le Burkina depuis la proclamation de la République le 11 décembre 1958 jusqu’à nos jours, a connu 7 législatures. La 1ère qui est celle d’avril 1959 à octobre 1965 dote la Haute-Volta d’une Assemblée nationale de 74 députés. Parmi eux, une femme, la veuve de Daniel Ouézzin COULIBALY, (Archives nationales du Burkina-cote 26 V-79) la 2e législature de octobre 1965 au 3 janvier 1966 met en place une Assemblée nationale de 50 députés dont deux femmes, Mme Clémentine COULIBALY, veuve de Ouézzin COULIBALY et Mme SOME Naon née Léontine ROUAMBA.

La 3e législature mise en place à partir des élections du 20 décembre 1970 est interrompue le 8 février 1974. Elle comprend 57 députés dont aucune femme. La 4e législature se constitue à partir des élections du 30 avril 1978 et prend fin brutalement le 25 novembre 1980 par l’accession au pouvoir du CMRPN. Elle comprend 57 députés dont une femme, Mme NIGNAN L. Florence (Archives de l’Assemblée nationale). La 5e législature issue des élections de mai 1992 arrive à son terme en mai 1997 avec 107 députés dont 4 femmes :
- Mme AGA LEOUE Adoua M. Gorreti
- Mme COULIBALY né SANOU F. Odette
- Mme OUEDRAOGO née COMPAORE Marie Madeleine
- Mme YAMMA Marie Thérèse

Quant à la 6e législature, c’est à dire la 2e législature de la 4e République elle était composée de 111 députés dont 10 femmes selon les documents. Cependant la liste nominative des députés consigne 8 femmes :
- Mme COMPAORE né OUADRAOGO Viviane Yolande
- Mme DIENDERE né DIALLO Fatoumata
- Mme KANDO Idiéma Véronique
- Mme OUANDAOGO née MAIGA Bana
- Mme OUEDRAOGO née COMPAORE Marie Madeleine
- Mme TIENDREBEOGO née KABORE Alice Solange
- Mme TRAORE Npére Adèle
- Mme SANDWIDI née YAMMA Marie Thérèse.

La dernière législature c’est-à-dire la 3e de la 4e République issue des élections de mai 2002 comprend 111 députés dont 11 femmes selon les documents. Mais la liste nominative des députés de la 3e législature de la 4e République nomme 12 femmes que sont :
- Mme BELOUM née OUEDRAOGO Tibo Cécile
- Mme BONZI K. Madeleine
- Mme COMPAORE née OUEDRAOGP Y. Yolande
- Me DIENDERE née DIALLO Fatimata
- Mme DRABO née KANYOULOU Joséphine
- Mme KANDO Idiéma Véronique
- Mme KIEMTORE née KAMBOU Yéri
- Mme OUANDAOGO née MAIGA Bana
- Mme SAWADOGO née OUEDRAOGO Marie Blandine
- Mme SERE née SEREME Saran
- Mme SIDIBE Aïssata
- Mme ZEBANGO née KIELLO H. Marlène.

A titre comparatif, l’étude note que pour la période allant de 1959 à 2002, les chiffres donnent un total de 537 hommes contre 30 femmes, ce qui représente 05,29 députés. L’inégalité d’accès au pouvoir législatif selon le sexe est criarde. De tout ce qui précède, l’étude dégage deux grandes périodes de la participation des femmes aux législatives du Burkina : la première va de 1959 à 1978 et concerne les 1ère, 2e et 3e République. Elle se caractérise par une quasi-absence des femmes à l’Assemblée nationale, leur nombre variant entre O et 2 même si en octobre 1965 on a 2 députés femmes sur les 50.

La seconde période encore en cours va de 1992 à nos jours.
Elle se caractérise par une présence insignifiante des femmes même si le nombre va augmentant. De 4 femmes élues en 1992 contre 103 hommes, on passe à 10 contre 101 en 19997. En 2002, le nombre de femmes élues députés passe de 10 à 12. On note une progression qui ne doit pas faire perdre de vue la sous représentativité des femmes à l’Assemblée nationale.

L’étude conclue qu’en définitive, les femmes au Burkina sont plus ou moins exclues de la vie politique nationale.
Quels sont les obstacles à la participation politique des femmes ?
Que propose l’étude pour renverser la tendance ? Les réponses dans nos prochaines éditons.

Source : Résumé du rapport de l’étude
sur « Histoire de la participation politique
des femmes au Burkina Faso »
CGD avril 2005.

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