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Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

Publié le vendredi 18 août 2017 à 01h14min

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Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur  la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

Bien qu’absent depuis un certain moment du feu des projecteurs, Me Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), garde cependant intact un intérêt soutenu pour les questions portant sur la vie nationale. A travers cette interview, (qu’il a simultanément accordée à des organes de presse),Me Yameogo table sur la question de la réconciliation nationale, en lien direct avec la même problématique en Côte d’Ivoire, l’histoire politique du Burkina et donne son analyse sur les attaques terroristes au Burkina.

La réconciliation, en raison de son antécédence, nous apparaît à la fois comme un serpent de mer, et un travail de Sisyphe, qu’en pensez-vous ?

Me Hermann Yaméogo : Entendu comme une préoccupation qui revient invariablement dans les conversations à travers les régimes, et comme un travail difficile, toujours remis sur le métier, on pourrait parfaitement abonder dans le sens de votre question. En remontant le cours de l’histoire jusqu’à l’immédiat après indépendance, on en trouve déjà des traces. Profitant de l’élan fusionnel crée par l’indépendance, le premier président, Maurice Yaméogo, a formé un gouvernement de large union pour tenter de dissoudre dans les ambitions nouvelles de construction d’un Etat et d’une Nation, les légendaires oppositions qui minaient les relations inter-partis politiques depuis la loi Gaston Defferre/ Félix Houphouët Boigny ou loi-cadre, d’où ils tenaient leur existence. L’expérience, on le sait fera long feu, annonçant une sorte de gestion mal maîtrisée de cette question de la réconciliation.

La question de la réconciliation refera donc surface ?

Oui, en 1970, les élections pour la IIème République se tiennent. Seule l’Assemblée sera élue au suffrage disputé. Le président, lui, militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé est reconduit pour cinq ans. Au terme de la législature, soit en 1975, il est normalement prévu des élections générales disputées aussi bien au niveau législatif que présidentiel. La question de la réconciliation se pose, car déjà l’UDV-RDA ne peut espérer gagner les élections en 1970 sans un soutien de Félix Houphouët-Boigny. Celui qui peut faciliter ce financement et convaincre le vieux d’y pourvoir, c’est Maurice Yaméogo, que pourtant des partenaires et amis politiques ont aidé à renverser et à faire juger, condamner, et privé de ses droits pour éliminer un concurrent redoutable.

Votre père étant toujours en détention, comment pourra-t-il convaincre le président ivoirien en ce sens ?

Ah ! C’est là que Zorro est arrivé ! Plus sérieusement, c’est à ce moment que je rentre en scène. Vous vous souviendrez, en révisant votre histoire, qu’en 1967 Léonce et moi avons été arrêtés à l’occasion de manifestations que nous organisions pour la libération de nos parents. Nous avons été jugés condamnés et placés sous écrou à la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou). Deux ans après notre libération, au cours d’une visite à mon père, j’ai été missionné par lui dans la pure tradition des films du genre scandales, ou les experts.

Mon père avait reçu promesse, je ne sais comment, que si le RDA remportait les élections, sa libération et sa réhabilitation dans le cadre d’une réconciliation nationale ne seraient qu’un jeu d’enfant. C’est alors qu’il m’expliqua qu’à ma prochaine visite, quand j’amènerai à manger, il me faudra demander au garde qui assistait à tous nos entretiens d’aller aux toilettes, là au-dessus de la chasse haute du WC à la turque, je trouverais une lettre que je devrais cacher dans mes chaussettes pour échapper à la fouille obligatoire et après toute visite. Il m’expliquait qu’une fois la fouille passée sans problèmes, il me fallait prendre immédiatement le train pour aller remettre la lettre de main propre au président Houphouët.

Cela tient vraiment du film policier, car, pris, vous pouviez retourner directement à la case prison, n’est-ce pas ?

Le risque était grand, mais le jeu en valait la chandelle, car il y avait beaucoup plus à gagner avec sa liberté. Donc à la prochaine visite, je suis arrivé avec des chaussettes bien hautes. Après la fouille à l’entrée, j’ai été conduit à lui, avec le repas en main. Après avoir mangé avec lui, j’ai fait comme convenu. J’ai demandé à aller au petit coin. M’étant efforcer à soulager ma vessie, j’ai tendu ma main et divine surprise, au-dessus de la chasse, elle est tombée sur la lettre. Je l’ai soigneusement plié et bien caché dans ma chaussette et suis revenu m’asseoir comme si de rien n’était.

Au moment de partir, mon père m’a étreint très fort contre lui et je suis parti pour la fouille de sortie. Mon cœur battait un peu la chamade, mais j’en ai rien laissé paraître.
La fouille commença et se termina sans encombre comme les autres fouilles, sans égards pour mes chaussettes. Une fois à la maison, je préparais mon petit sac de voyage et pris le train pour Abidjan. Je poussais un grand ouf de soulagement, une fois la frontière traversée.

A Abidjan, je remis la lettre au président, lui racontant par le menu comment on avait procédé. Après m’avoir écouté, un sourire énigmatique en coin, il déchira la lettre et l’a lue très attentivement. Ensuite, il hocha la tête d’une manière qui me fit penser à un autre hochement.

Lequel, pour étancher la curiosité des lecteurs ?

En décembre 1965, il y avait, à Abidjan, les négociations pour la double nationalité. J’avais réussi à me glisser dans les bagages pour assister à ce grand événement qui devait, disait-t-on, consacrer la reconnaissance des mêmes droits aux Ivoiriens qu’aux Voltaïques en Haute-Volta et inversement aux Voltaïques qu’aux Ivoiriens en Côte d’Ivoire. Quand on annonça que les manifestations devenaient sérieuses contre le rabattement des 20% sur les salaires, mon père rentra à Ouagadougou, nous laissant à Abidjan. Le président Houphouët attentif à la tournure prises par les événements, ordonna à son aide de camp de se rendre en avion avec une petite équipe pour exfiltrer son frère Maurice et le ramener à Abidjan.

Nous étions à ses côtés au palais du plateau à attendre leur retour. Quand l’équipe revint bredouille et que le compte rendu lui fit fait dans une pièce attenante, il revint s’asseoir avec nous et dit : votre père est têtu, il a refusé de quitter la Haute-Volta. Et c’est-là que, remuant la tête, il dit : « quand vous êtes pris dans des magnats, il faut vous en éloigner pour pouvoir vous en débarrasser ». C’est le même mouvement de tête que j’ai eu à observer quand il finit de lire la lettre. Il me demanda après, Maurice est-il certain que ses amis tiendront parole ? Je répondis que c’était sa conviction. Il me fit savoir que dans ces conditions, il me fallait lui donner l’assurance que les choses seront faites comme il le demande. Le RDA a eu l’aide, il a eu la majorité, mais point de réconciliation. Le député Moussa Kargougou des indépendants a bien travaillé sur un texte en ce sens, mais sans l’intéressement de ceux qui pouvaient aider à faire aboutir les choses.

Vous avez, dans un de vos écrits, dit que la question de la réconciliation avait participé de la chute de la IIème République en 1974, expliquez-vous !

Vers la fin 1973, alors que les tergiversations avaient toujours lieu au sujet de la réconciliation, les mêmes micmacs des uns et des autres commencèrent pour se mettre en pool position pour la présidentielle qui, contrairement à 1970, où le président Lamizana avait été reconduit automatiquement, devait faire l’objet d’élection disputée. Comme entre temps, le célèbre pensionnaire de Balolé avait été libéré, mais restait toujours frappé d’incapacités civiles et juridiques, un ballet incessant devait avoir lieu à Koudougou avec les mêmes promesses et les mêmes demandes d’interventions. Tout cela contribuera à bloquer l’appareil de l’Etat donnant le prétexte au président Lamizana de se faire un petit coup de palais en renvoyant toute la République et ses représentants, au lieu de dissoudre la seule Assemblée nationale.

Et la troisième République (1978-1980) fut-elle aussi touchée par cette question de la réconciliation nationale ?

Oui, de différentes façons. D’abord, quand le président Lamizana, sur les conseils notamment du général Garango, échoua à imposer le renouveau sur le modèle Zaïrois, un gouvernement d’ouverture fut mis en place, une commission créée à l’effet de se pencher sur la vie nationale, sous tous ses aspects, de rédiger une nouvelle Constitution et de se pencher sur la question de la réconciliation avant de procéder aux renouvellements des organes instituées par des élections. Une recommandation fut faite à cet égard. Le RDA était sorti diviser des suites des dissensions internes et du coup d’Etat ayant mis fin à la seconde république. Le président Maurice Yaméogo décida, sur les conseils de beaucoup, de ne plus confier son sort à quelqu’un, mais de créer son propre parti.

Je fus convaincu de prendre la tête de ce dernier qui ne sera autre que l’UNDD. Un certain nombre de partis dont l’UNDD battront campagne sur le thème de la réconciliation. La majorité étriquée qui sortira des élections de 1978 (un député de différence entre majorité et opposition), conduisit le président Lamizana en quête de stabilité à réunir les partis significatifs à la présidence pour les encourager à accepter un gouvernement d’union. Joseph Conombo, Premier ministre pressenti, qui y assistait estima que les plaies causées par la campagne n’étaient pas encore cicatrisées pour une telle expérience. Il consultera toutefois pour la bonne forme les partis d’opposition dont l’UNDD.

Devant le président Lamizana, je m’étais cabré contre l’invocation de la rudesse de la campagne pour mettre l’opposition sur le banc des accusés. Devant le Premier ministre pressenti, je rappelais les travaux de la commission spéciale relative à la réconciliation pour lui demander d’y veiller afin de permettre aux nouvelles institutions de se consolider. Mes propos sur la réconciliation ne plairont pas à certains niveaux. Au lieu de l’apaisement de la réconciliation nationale, il y aura la chasse aux sorcières, toutes choses qui conduiront les partis d’opposition à prendre langue avec tel ou tel colonel ou général, et bon sang, ce qui devait arriver arriva. Le colonel Saye Zerbo prit le pouvoir en donnant congé à la 3e République.

Le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMPRN) qui se met en place à ses débuts semble sensible à l’idée de la réconciliation. Alors que partout, on célèbre son avènement, à Koudougou, on marche et à Ouagadougou, le cardinal Paul Zoungrana le qualifie de « geste divin de bonté et de miséricorde envers la Haute Volta ». Le commandant de gendarmerie Jean-Pierre Palm laisse entendre au président Maurice Yaméogo que la réconciliation serait sur le point de devenir réalité.

Le temps passe et un épais silence tombe sur le dossier. C’est de nouveau le ressac.
Nous avons bien-là, un serpent de mer et un travail de Sisyphe. Qu’en sera-t-il avec le Conseil de Salut de peuple (CSP) du médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo qui se met en place en 1982 ?

Le nouveau pouvoir, avant d’être combattu, annonce une double volonté : celle de rendre définitivement le pouvoir aux civils et celle de se pencher sur le pardon et la réconciliation.

Le président Jean-Baptiste Ouédraogo reçoit les hommes politiques pour leur expliquer les raisons du coup et leur dévoiler, selon la tradition, les perspectives futures. Je prépare à cette fin, un mémorandum qui aborde largement la question de la réconciliation que mon père remet au président au cours de sa rencontre, avec lui. On annonce des mesures de détente dont une amnistie pour le président Maurice Yaméogo. Par la suite, alors que nous fêtions l’amnistie totale, il sera précisé qu’elle n’est que conditionnelle. Les rivalités internes au sein du CSP, font passer au second plan la réconciliation nationale.

De tous les régimes (de droit ou d’exception), celui qui fera un black-out total sur la réconciliation semble avoir été celui du Conseil national de la révolution (CNR) ...
C’est tout à fait vrai. Sous la révolution, les préoccupations étaient ailleurs. Inoussa Sankara, qui avait été député UNDD sous la 3e République, a essayé un temps de vendre l’idée, mais en vain. Les demandeurs de réconciliation, pour la plupart, faisaient justement (comme sous la révolution française) partie des classes à neutraliser, pas question de se réconcilier avec un ennemi de classe qu’on destinait quotidiennement au poteau et pas toujours de la bouche uniquement.

Et le serpent de mer continuera à hanter les esprits sous le front populaire de Blaise Compaoré, n’est-ce pas ?

Je ne dirais pas seulement hanter les esprits, car les lignes bougeront. Le mouvement de rectification, et ça, l’histoire n’en porte pas suffisamment témoignage, arrive à un moment où le charme de la révolution, même là où il brillait de mille feux, n’opère plus comme aux premiers jours. La volonté de rupture est franchement très nette dans le peuple. La joie devait donc normalement être à son comble après le coup d’Etat, et pourtant elle sera retenue comme un cri de joie étouffée. À cela deux raisons essentielles : le caractère sanglant de l’intervention et les circonstances de la disparition de Thomas Sankara et ses camarades choquent d’une part, et, d’autre part le fait que le régime qui se met en place au lieu de rompre totalement les amarres, et défasse l’ordre révolutionnaire, parle d’approfondissement de la révolution, laisse les Burkinabè confus.

Ce n’est pas pour autant que la question n’était pas dans les esprits. Les contradictions internes ont conduit à adopter provisoirement ce langage, mais les mêmes circonstances du coup, et l’impérieuse nécessité de donner au pouvoir une base populaire forte de substitution, laissent clairement apparaître dans cet appel célèbre de Blaise Compaoré aux progressistes et patriotes, un programme, une stratégie fortement teinté de réconciliation.

Petit-à-petit, les animateurs des anciens partis, d’ennemis deviennent des partenaires. Premier concerné, je crée le Mouvement des démocrates progressistes (MDP), lance la lettre du MDP et me consacre à la réconciliation nationale en invoquant à l’appui l’exemple du compromis historique de Enrico Berlinguer. Ce dernier, dans la continuité de la "voie italienne du socialisme" et du "polycentrisme", prôné par ses devanciers communistes depuis 1944 et qui marquaient la particularisation du communisme italien par la stratégie des larges alliances, soutenait à sa façon la réconciliation par les retrouvailles nationales et par la participation à des gouvernements d’union dans l’intérêt du pays

Nos demandes de réconciliation comportaient la libération des détenus politiques, la reprise des dégagés et licenciés de la période révolutionnaire, le retour des exilés politiques, la réhabilitation des anciens présidents, et de la mémoire de Thomas Sankara, le retour à une vie démocratique normale. J’exprimais toutes ces revendications à Blaise Compaoré, au conseil de l’entente. Il y donnera suite sous des formes diverses. A travers table-ronde, bilans nationaux, assises multiples, réhabilitations d’anciens présidents, reconnaissance de héros nationaux au nombre desquels, Thomas Sankara ...

Sous la IVe République, le processus se poursuit de façon plus large avec le Collège de sages, la journée nationale du pardon et bien d’autres initiatives consécutives à des crises. L’Etat prend en charge les réparations, procède à l’identification des tombes cachées. Mais, comme marqué par le signe indien, la réconciliation, sans doute affligée par quelques retenues et arrière-pensées, n’atteindra pas son objectif d’apaisement et de communion nationale par la compassion, le pardon, la justice transitionnelle réparatrice.

Nous voilà donc encore aujourd’hui au pied de la montagne pour l’éternel recommencement de remontée ...

Oui, aujourd’hui, le besoin se fait toujours ressentir, je dirais même encore plus fort, car entre temps, nous avons connu d’autres crises avec leur lot de violation des droits qui ont encore plus entamé la cohésion sociale et nationale.

Vous parlez de l’insurrection populaire et de la transition ?

Bien entendu. Nous en sommes encore à remettre l’ouvrage sur le métier, car le pays a encaissé d’autres faits qui affectent dangereusement l’union des Burkinabè et leur vouloir vivre collectif.

Que proposez-vous exactement cette fois-ci ?

Il s’agit de tenir compte des insuffisances passées pour proposer un nouveau mécanisme de définition, d’organisation et de mise en œuvre de la réconciliation nationale. A cet égard, je pense que la justice transitionnelle, toujours écartée, par peur d’encourager les dérapages qui viendraient des révélations et autres aveux délicats, doit être acceptée et mise en œuvre. Dans le même ordre d’idée, il faudrait s’engager dans le processus en proscrivant toute volonté de manipulation et de contrôle via les membres qui composeront les mécanismes. C’est là aussi un des prodiges à réaliser pour protéger la bonne marche du processus.

A ce sujet, l’UNDD a élaboré un mémorandum, peut-on en savoir un peu plus ?

Effectivement, notre parti a produit un abrégé en guise de motivation et de contribution à l’écriture d’un mémorandum au niveau plus large de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation (CODER) et du Chef de file de l’opposition (CFOP) pour bénéficier par son canal des effets d’une crédibilité institutionnelle reconnue. Mon souci à ce sujet qui est aussi celui du parti, c’est d’inciter un mouvement général en faveur de la création d’un mécanisme chargé de la mise en œuvre de la réconciliation en se basant sur le recours à la justice transitionnelle. Il vous souviendra qu’au cours d’une visite au président de l’Assemblée nationale, la question de la réconciliation nationale ayant été évoquée, ce dernier avait demandé que l’Assemblée en soit saisie par un mémorandum. Cette sollicitation remontra jusqu’au CFOP pour accompagnement.

Mon point de vue est qu’au-delà des partis politiques, il faudrait encourager les victimes, les structures partisanes, les OSC, les coutumiers, les religieux, les universitaires, les personnalités morales du pays à soumettre à l’Assemblée, des mémorandums ou toute proposition du genre portant sur le sujet dans le but de préparer les bases d’une légitimité à ce travail. Pour éviter les écueils du passé comme ceux du présent, nous pensons qu’il est primordial de bien camper le mécanisme à mettre en place dans sa nature, son contenu, son organisation, son fonctionnement, la mise en œuvre de ses décisions, la durée comme la compétence judiciaire. La réconciliation telle que nous la voyons a trois dimensions. Une relative aux relations interpersonnelles des Burkinabè, une deuxième attachée aux rapports entre les citoyens et l’Etat et une troisième centrée sur l’ajustement de la nation avec sa mémoire.

Qu’entendez-vous par-là ?

Comme je vous en ai donné une idée à travers mes témoignages et participations personnelles, nous n’en sommes pas à notre première demande de réconciliation nationale. Mais si par le passé, il s’est toujours agit de réconcilier des citoyens entre eux, cette fois-ci, si ce besoin existe toujours, il est complété par d’autres. Il y a d’abord celui intéressant la perte de confiance des citoyens en l’Etat, comme cela ressort de la chute de son autorité, de l’incivisme, avec le besoin corrélatif de correction de ces distorsions pour rétablir cette confiance. Il ya ensuite ce froid entre la nation et sa mémoire, conséquence des maltraitances de l’histoire et des hommes qui l’ont incarné et qui demandent un réchauffement par un travail mémoriel pour panser ces blessures et reconstruire l’harmonie entre la nation et la mémoire collective. Un triple objectif à poursuivre par la justice transitionnelle.

Concrètement, cela consisterait en quoi ?

Cela consiste à proposer trois options pour traiter le problème :
- Confier le soin à une commission sur le modèle Sud-africain ou tout autre adapté à notre contexte national, de conduire principalement le processus.
- Charger l’Assemblée nationale du leadership pour mener le processus de bout en bout

- Trouver dans une Assemblée constituante d’unité et de réconciliation l’instrument de conception et d’opérationnalisation de la réconciliation nationale.

Vous semblez donner un rôle privilégié à l’Assemblée nationale, pourquoi ?

Ce n’est pas moi qui donne cette importance à l’Assemblée. Dans tous les pays où l’on a eu recours à la justice transitionnelle, la représentation nationale a toujours été incontournable pour des raisons évidentes.

Non seulement, c’est elle qui crée par la loi, les instruments chargés de cette justice transitionnelle axée sur la compassion, la vérité, le pardon, la justice réparatrice, la réconciliation, mais c’est elle qui veille aux conditions matérielles, financières, techniques propres à assurer à ces mécanismes les dispositions pour leur bon fonctionnement. C’est également à elle qu’il revient en bout de course de veiller à la mise en œuvre des décisions de ces instruments en votant les lois subséquentes. En Tchécoslovaquie, en Afrique du Sud, au Mali, en Guinée, les Assemblées nationales ont été, sont ou seront, au centre de cette dynamique.

Croyez-vous qu’il soit possible de trouver un consensus pour cette dynamique ?

Pour dire vrai, nulle part la réconciliation par la justice transitionnelle après des crises ayant entamé la cohésion sociale et nationale n’a été donnée. La réconciliation par ce moyen est ainsi faite, qu’elle intègre le difficile dialogue entre victimes et bourreaux, entre membres d’une administration ancienne et ceux de la nouvelle qui les remplace.

On a donc souvent à gérer des réticences tant au niveau des victimes que des tortionnaires, tant au niveau des anciens gouvernants que des nouveaux. Un jour quelqu’un me fait savoir, je suis pour la réconciliation, mais pas par l’entremise de ceux qui sont au pouvoir. Je lui fais remarquer que pour se réconcilier, il faut être deux et nulle part, on ne trouve de cas de réconciliation entre des individus et des groupes qui n’ont pas de contentieux.

De la même façon, lui demandais-je où trouveras-tu un processus de réconciliation qui exclut comme partie prenante le pouvoir en place ? C’est dire que la difficulté existe, mais elle n’est pas insurmontable. Il suffit de concevoir cette entreprise de la façon la plus inclusive. D’y associer le peuple dans toutes ses catégorisations spécifications politiques, sociales, culturelles, religieuses ...

Mettre l’accent sur cette recherche d’inclusion, de large adhésion qui assure la légitimité, mais prioriser le bannissement des arrière-pensées, des volontés d’inféodation, de maîtrise des instruments de la réconciliation pour atteindre des objectifs personnels, partisans, claniques et autres. Et je pense que ce n’est pas la moindre des batailles, compte-tenu des habitudes.

Dans tout ça, où mettez-vous le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) ?

Vous observerez que la CODER, en moins de sept mois de vie, aura plus fait que le HCRUN en plus de trois ans. Ou bien, il y a inaptitude intrinsèque de sa part à jouer son rôle, ou bien il n’a été activé que par manière d’acquit sans volonté réelle de lui permettre d’atteindre les objectifs pour lesquels il a été créé sous la transition. Depuis longtemps, j’ai lancé l’idée de prendre acte de son incapacité congénitale à fonctionner comme il se devrait et soit de la supprimer pour le remplacer par autre chose de plus inclusif et de plus opérationnel, soit de la réformer de fond en comble en revoyant sa composition, ses attributions, son mode de fonctionnement, sa durée, ses compétences judiciaires et voir même son appellation, et ce, le plus rapidement possible.

Que ce soit pour la nouvelle structure ou pour celle modifiée, l’Assemblée devrait légiférer pour légitimer. Je pense que selon l’option choisie, plein pouvoir à une commission à l’Assemblée nationale, ou à une constituante, les dispositions devraient être prises pour assurer la participation la plus large possible. La réconciliation n’étant ni la seule affaire de la CODER, du CFOP, ni des seuls partis politiques en général, mais de tout le peuple, il faudrait traduire cela dans les faits.

On observera que partout où la décision a été prise de passer par la justice transitionnelle, des recommandations, des propositions, et autres mémorandums venant outre des partis politiques, des OSC, des médias, des coutumiers, des religieux, des universités, des femmes, des jeunes ....ont été réceptionnés par les mécanismes intervenants dans le processus.

Cela pris en compte, notre HCRUN revu et corrigé ou le nouvel outil à créer en remplacement devrait recevoir toutes les contributions dans le but d’en faire une synthèse nationale à transmettre à la représentation nationale. Pour avoir plus facilement l’appui des partenaires dans la mise en œuvre de la dynamique et surtout dans son financement, il serait bon de les en tenir informés.

Ne craignez-vous pas d’être critiqué de vouloir faire ami-ami avec Salifou Diallo, voire de chercher à caporaliser le HCRUN new-look ?

Notez seulement ceci : que ce soit par rapport aux époques et aux hommes qui ont participé à mes tourments, je n’ai manifesté aucun signe de haine ni de vengeance envers personne. Alors, je n’ai pas d’ennemis, même pas en la personne de Salifou Diallo reconnu pour être le maître-d’œuvre en chef de l’insurrection coup d’Etat que nous avons connu et dont je suis une des victimes, et pas des moindres, vivantes parmi tant d’autres.

Ceci précisé, je n’ai jamais été un manœuvrier habitué des couloirs et magouillant pour des nominations. Ce type de ragot ne mérite qu’un souverain mépris. Cela ne m’arrêtera pas si c’est l’objectif de mon combat pour la réconciliation nationale. Je note avec encouragement que des voix ayant été de l’aventure insurrectionnelle, aujourd’hui envisagent comme moi, l’utilité de revoir la copie du HCRUN et de s’engager dans la voie d’une justice transitionnelle pour mieux baliser la route vers la réconciliation nationale.

Que dites-vous alors sur ceux qui font courir le bruit que Léonce Koné, deuxième vice-président, président de la commission ad hoc, du CDP et vous, êtes de mèche pour faire main basse sur le CDP afin de vous porter comme candidat à la présidentielle ?

Ce sont les mêmes orfèvres de la déstabilisation des partis qui sont encore à la manœuvre. En fait, l’intention ici, c’est plus pour nuire à Léonce (Koné) qu’à autre chose. En plus d’être un beau-frère, c’est un ami d’enfance, comme on en fait plus de nos jours, mais je ne me suis jamais autorisé à m’immiscer dans les affaires du CDP.

Les gens honnêtes savent qu’il a évité par deux reprises à son parti de sombrer corps et biens sans être rétribuer jusqu’à présent à la hauteur de ses multiples sacrifices. Maintenant que la baraque tangue moins, il faut lui enlever toute ambition de prendre les rênes du parti. Bien que les méthodes et les motivations régionalistes qui alimentent ces sournoiseries peuvent et poussent même des observateurs non membres du parti à s’en offusquer, je n’entrerais pas dans cette cuisine interne du CDP.

Dans nombre de pays, et en particulier en Côte d’Ivoire, la question de la réconciliation gagne en force, qu’en dites-vous ?

Il y a tant et tant à dire sur le sujet. Mais, je dois avant tout prévenir, expliquer, rassurer. Je ne suis pas un adepte de l’immixtion du Burkina et des Burkinabè dans les affaires des autres pays. Ça, je l’ai toujours affirmé haut et fort et ça m’a bien souvent coûté plus que la quinine ! Mais, je voudrais aussi rappeler que la Côte d’Ivoire, pour des raisons familiales, politiques, sentimentales, est comme ma seconde patrie et relever que nous y comptons des millions de Burkinabè non naturalisés, comme ayant acquis la nationalité.

Je soulignerais enfin si le monde entier vit aujourd’hui en interconnexion, soumis à des phénomènes d’interdépendance à cause de l’accélération récente des découvertes scientifiques nombreuses et des applications technologiques tout aussi florissantes, les interdépendances du Burkina et de la Côte d’Ivoire sont plus anciennes tenant, entre autres, déjà de la géographie, de l’histoire, de l’économie.

En conséquence, j’estime de mon devoir de reconnaissance envers ce pays, envers bien de ces hommes qui l’ont incarné et qui l’incarnent encore et de solidarité à l’endroit des compatriotes qui y vivent, m’obligent à ne pas fuir des questions comme le vôtre surtout quand elle donne l’occasion d’encourager ce pays à cette paix qui produira des effets bénéfiques au-delà de ses frontières.

La Côte d’Ivoire, retenez-le, est un laboratoire d’exemples et de contre-exemples de processus de réconciliation qui devrait nous inviter à l’observation, à l’étude pour éviter bien de chausses trappes qui en jalonnent le parcours.

Vous nous aurez pourtant laissé à croire que le Burkina, en la matière, serait plus enseignant qu’étudiant laborantin !

On n’a jamais fini d’apprendre et cela est valable tant pour les individus que pour les Etats. La Côte d’Ivoire, en raison de la nature de ses crises plus violentes et plus longues, a expérimenté plusieurs types de réconciliation. Des mesures d’apaisement y participant ont été prises, des conférences tenues, des aménagements légaux effectués pour inciter au pardon et à la réconciliation des gouvernements de larges ouvertures constituées dans le même esprit.

Ce pays, sur une période de plus de quinze ans, a mis en œuvre la réconciliation avec le président Laurent Gbagbo, sans passer par la justice avec l’aval des Nations-Unies comme elles l’ont fait en Sierra-Leone. Il pratiquera avec le président Alassane Dramane Ouattara, un modèle différent reposant sur le schéma vérité-justice-réconciliation, comme certains le demandent chez nous. Cela mérite notre humble attention. La démarche actuellement adoptée ne peut laisser indifférent ceux qui, comme moi, ont toujours appelé au bannissement de la guerre, privilégiant le recours aux armes du dialogue, des retrouvailles nationales.

Guillaume Soro, actuel président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire en son temps, dans une lettre bien que courtoise n’avait pas manqué de me dire ses vertes vérités au sujet de mes prises de positions. Qu’aujourd’hui, le même Guillaume Soro, ancien patron des forces nouvelles, président de fait du nord en sécession constatée parle et agisse en faveur de la réconciliation, moi ça me touche particulièrement au fond de l’âme. Mais qu’il le fasse par des actes significatifs aussi engageant que de patronner ce groupe du nommé l’Alliance du 03 avril qui se destine à lutter pour le pardon et la réconciliation et joignant l’acte à la parole, il rencontre des leaders de tous les bords jusqu’à Toussaint Abel, porte-parole de Laurent Gbagbo, attire en moi du respect pour l’homme.

Certains verraient plutôt des calculs, si non des mièvreries politiciennes, dans cette chevauchée fantastique pour la réconciliation. Que leur répondriez-vous ?

Je leur dirais de ne pas préjuger ni amalgamer. Des calculs, on en trouve de bons comme de mauvais. L’homme politique qui n’intègre pas les calculs dans ses stratégies risque tout simplement à la fin des fins d’être calculé par quelqu’un de plus malin, de plus calculateur et de plus réactif que lui, et de passer à la trappe de l’histoire, sinon de la vie. Il a fait le constat que la justice vengeresse, les emprisonnements, les humiliations avant la réconciliation ne font que creuser davantage les sillons de la division. Conscient que cette absence de réconciliation avant l’échéance de 2020 peut replonger le pays dans les affres de la violence, il prend les devants et lance le TCHAÏ du pardon et de la réconciliation.

Il intègre la libération des détenus politiques en premier lieu du président Gbagbo et de son épouse, du ministre Blé Goudé, entraînant à sa suite un large panel d’hommes politiques d’artistes comme Alpha Blondy, A’Salfo de Magic Système, Tiken Jah Fakoly, Meiway, Yodé et Siro et bien d’autres qui s’engagent en première ligne notamment par la caravane de la paix et de la réconciliation à lutter pour la libération des détenus politiques, le retour de Laurent Gbagbo au pays. Il y a de quoi en prendre de la graine.

Si dans le pays d’Houphouët où les crises ont causé bien plus d’horreur en termes de morts, de destructions de toutes sortes, de haines les plus endurcies, que chez nous, on en revient à regretter d’avoir eu la main trop lourde sur l’application de la justice avant la réconciliation, on ne peut que féliciter et encourager. Il ya encore ici pour moi, soit dit en passant, une sacrée revanche de l’histoire. En effet, c’est lorsque l’UNDD avant l’insurrection prévenait contre le passage en force l’alternance violente plutôt qu’apaisé. Nous avons préféré cette dernière à un référendum pour nous départager sur la modification ou non de l’article 37 et nous pataugeons, depuis, revenus de nos illusions et mensonges dans une gadoue que le pays n’a jamais vécue par le passé.

Que dites-vous de ceux qui défendent bec et ongle l’exigence de la vérité et de la justice avant la réconciliation ?

Il y a beaucoup à dire à ce sujet. Il s’en trouve pour défendre ce point de vue sans autre préoccupation que de faire barrage à l’impunité. Leur position vaut respect, car l’impunité, ne l’oublions pas, est un venin aussi mortel que le manque de cohésion résultant de fractures sociales graves et qui nécessitent souvent de tempérer la justice punitive dans l’intérêt d’une reconstruction morale qui profite à tous. La réconciliation, mal évaluée, mise en œuvre par des mécanismes inadéquats, peut effectivement constituer une prime à l’impunité. Mais, il y a très longtemps que les contraintes de la vie en collectivité aidant, les hommes ont appris la leçon pour finalement intégrer dans leur quotidien, leurs exigences religieuses, leurs constitutions, la nécessité du pardon et de la réconciliation dans certains cas.

Pouvez-vous expliquer par des illustrations ?

Tenez, pour répondre à la question, vous observerez que dans presque toutes les législations, surtout démocratiques, il est prévu des principes comme : la prescription, la grâce, l’amnistie, entre autres, qui partent du constat qu’il est parfois bénéfique à la cohésion sociale et nationale d’oublier la recherche de la sanction pour le pardon. Ici, c’est la collectivité, l’Etat, qui le décide pour le bien de tous.

En Afrique du Sud, en Sierra-Leone, en Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo, cela a été notamment appliqué. Après des crises dévoreuses en vies humaines, sources de destructions de toutes sortes et ayant solidifiées des volontés de vengeances, comme notre pays n’en a jamais connu, le pardon, y a été préférée à la punition, et tenez-vous bien avec l’accord, l’accompagnement et même la garantie des Nations-Unies. Il n’est pas superflu de dire que les religions ne sont pas à la traîne non plus dans cette vision des choses.

Dans le judaïsme, Le Yom kippour : jour du grand pardon (Chabbat des Chabbats ) est une fête religieuse juive qui magnifie aussi le pardon, la repentance, et la réconciliation.

Chez les Chrétiens, le pardon et la réconciliation accompagnent en permanence leur vie. Ce constat domine dans l’eucharistie.

L’Islam, quant à lui, enseigne que dans le Coran, comme dans les Hadith, les valeurs de pardon et de réconciliation, sont attestés. On y relève l’importance qu’Allah et son messager accordent à ces facteurs de paix et de cohésion.

La communauté internationale, tout en destinant des crimes imprescriptibles à la Cour pénale internationale (en prenant bien soin d’y soustraire les poussant), reconnaît dans certaines circonstances, la force incomparable du pardon en comparaison de la sanction.

Pourquoi cela n’est pas majoritairement perçu comme tel chez nous ?

Pour faire court, je serais tenté de répondre, en plus de ce que je viens de souligner, qu’il faut de tout pour faire un monde. Mais sans plaisanter, je dirais que, tout en exonérant nombre de ceux qui sont attachés au triptyque vérité, justice et réconciliation de tout esprit malin, on peut suspecter quelque part une volonté de profiter de la situation, en laissant la bride longue à une justice d’exception pour faire un nettoyage politique avant 2020. Ce qui s’est fait avec le tribunal spécial après 1966 peut se répéter. C’est ce que je pense, car s’il y avait une réelle sincérité de connaître toutes les vérités, et de rendre une justice non sélective, on aurait observé certains préalables à tout le moins avant de lâcher les chiens !

Lesquels par exemple ?

On aurait depuis les dernières élections mis de l’ordre dans notre édifice judiciaire en nous alignant sur nombre de recommandation des Nations-Unies par rapport aux droits de l’homme. Nous aurions supprimé la Haute Cours de justice, fait de même pour le tribunal militaire sauf peut-être à réduire son champ de compétence pour qu’il n’ait connaître que d’infractions militaires commises par des militaires. Il est inadmissible du point de vue de la justice équitable que des civils soient jugés par un tribunal militaire.

Vous invoquez, là, la jurisprudence groupe de travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire dans l’affaire Djibril Bassolé alors ?

Pour tout vous dire, je l’ai beaucoup encouragé à saisir, via ses avocats, le groupe de travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire. Par ailleurs, et ce dont je l’en remercie, quand j’écrivais mon livre sur la justice militaire à la MACA, il m’a beaucoup encouragé, car j’y évoquais notamment cet aspect des choses. Donc, cette jurisprudence est la bienvenue qui confirme ce que j’ai écrit. Les experts ont relevé que Djibrill Bassolé a été intégré de manière rétroactive dans la gendarmerie alors qu’il était déjà en détention, ils estiment qu’ayant déjà retrouvé son statut de civil au moment des faits, il ne pouvait plus être jugé par un tribunal militaire, mais plutôt par la justice civile.

En plaidant, comme vous le faites, le pardon et la réconciliation apparemment sans haine et esprit de vengeance, êtes-vous sincère ?

Je pense que pour parler avec crédibilité de ce sujet, il faut pouvoir apporter en témoignage la gestion des épreuves de sa propre vie.

Et des épreuves vous en avez connues, n’est-ce pas ?

Je ne vous le fait pas dire. Que ce soit sous le pouvoir Compaoré, géré dans les faits en interne au moins par le trio RSS (Roch Kaboré, Salifou Diallo et Simon Compaoré), que ce soit sous l’insurrection, sous la transition, j’ai de quoi mettre à leur charge, nombre de mes épreuves. Mais, ce n’est pas le lieu de s’y appesantir. Vous noterez seulement que cela ne m’a jamais détourné de mon attachement à la réconciliation comme à un sacerdoce. En tout cas, Roch Marc Christian Kaboré, Salifou Diallo et Simon Compaoré sont parmi les plus informés de mon engagement sur la question, malgré ce qu’il m’en a coûté, et dont ils ne sont pas ignorants.

Jusqu’à la fin du régime Compaoré, vous avez, semble-t-il, lutté pour un règlement apaisé de la crise, une transition pacifique. Eclairez-nous !

Vous soulevez une vérité historique. Après notre appel de Gaoua, un espoir était comme née. Nous avons décidé d’en faire le point aux autorités coutumières et religieuses, aux responsables d’institutions et à l’opinion par voie de presse. Quand nous avons rencontré le Cardinal Philippe Ouédraogo, il nous a révélé qu’après avoir entendu l’appel de Gaoua, il se demandait comment faire pour nous rencontrer, et pour exprimer sa joie par rapport à notre initiative reprenant la formule usitée par les mossés il dit : "c’est Dieu qui nous a attrapés pour nous mener à lui".

Un éminent membre du CFOP, que je ne nommerais pas, est venu me rendre visite à Koudougou. Nous avons parlé de la situation et évoquant la question de la transition apaisée avec au besoin un " rabiot " de deux ans au président Compaoré pour lui permettre d’organiser l’alternance pacifique, il a dit que cela n’était pas impossible, mais qu’il fallait préparer le terrain et avoir des garanties du côté du pouvoir. Pour joindre l’acte à la parole, il fit savoir que le Moogho Naaba pouvait aider à cette Côte mal taillée et qu’il ferait des démarches en ce sens.

J’en parlais à la direction du Front républicain, qui a reçu avec beaucoup de doute, la possibilité d’engager une telle solution de sauvetage de la situation. Mais curieusement, nous fûmes conviés à un entretien chez le Moro, cependant, nous avons constaté surplace que la rencontre était élargie aux premiers responsables des confessions religieuses. Ce jour-là, nous avons raté une véritable occasion en ne sachant pas bien mener et jusqu’au bout un échange qui aurait pu être fructueux.

Pourquoi la révision du l’article 37 de la Constitution par la voie parlementaire plutôt que par referendum comme vous le souhaitiez ?

L’histoire nous en dira le fin mot. Mais avec un seul élu à l’assemblée, la voix de l’UNDD ne pesait plus pour prévenir contre le piège déjà tendu à travers le recours à la voie parlementaire pour l’opération. Achille Tapsoba, me rendant visite après sa prise de présidence à la tête de la CODER, m’a appris ce que je ne savais pas qu’un appel au referendum, malheureusement submergé, par le recours intra-parlementaire, avait été bien que sur le tard adressé au président Compaoré. Décidément pensais-je la manœuvre bien pensée du passage au parlement plutôt que devant le peuple semblait imparable.

Il semble que même au plus chaud de la crise ivoirienne, vous auriez espéré en l’impossible ?

A quelques semaines de l’assaut final, j’ai exposé au président Laurent Gbagbo, mon intention d’approcher les présidents, Bédié et Ouattara en Côte d’ivoire, et au Burkina, le Président Compaoré comme les hiérarchies coutumières et religieuses, pour explorer sait-on jamais de nouvelles voix qui puissent éviter la confrontation et laisser des chances à la réconciliation. Malgré ce qui pouvait paraitre hors de portée, il m’a répondu pourquoi pas, rehaussant les sourcils, écarquillant les yeux comme il le fait parfois.

J’ai rencontré le président Bédié qui, quoique dubitatif sur la possibilité de pouvoir obtenir des concessions, ne s’est pas montré opposé à toute initiative qui pouvant préserver de la violence. Il m’a conseillé de chercher à rencontrer le président Ouattara. Comme malheureusement, il était en ce moment-là en Afrique du Sud, j’ai dû rentrer au pays pour y continuer mes prêches. J’ai rencontré tous les représentants des hiérarchies religieuses, et le Moro Naaba. Apres quoi, j’ai cherché à faire de même avec le président Compaoré, mais le climat à Abidjan était déjà à couper au couteau. Plusieurs personnes m’ayant expliqué la vanité de mes efforts face au compte à rebours déjà à son terme, le cœur en tristesse, je m’en suis remis à la providence et ce qui devait arriver arriva.

Et voilà que la question revient en force concomitamment en Côte D’Ivoire et au Burkina Faso, un signe de destin ?

Je souhaite que ce soit un bon signe. Que tout le monde de part et d’autre pense aux générations futures pour ne pas en rajouter à leurs angoisses existentielles en leur laissant des pays en perte de cohésion et de paix à cause de l’assèchement des valeurs de pardon et de réconciliation dans les cœurs.

Diriez-vous, comme on l’a souvent entendu après l’attentat terroriste du café restaurant Aziz Istanbul, que cet acte horrible appelle à l’union sacrée ?

Mon ressenti et mes réactions sont de plusieurs ordres. De compassion et de sympathie pour ceux qui sont dans la douleur pour avoir perdu, qui un parent, qui un ami. De souhaits de prompt rétablissement aux blessés. Par-delà le tragique de la situation, j’ai observé avec fierté que nos FDS qui, pendant l’attaque du cappuccino et du Splendid, me semblaient plutôt intervenir collées aux basques des forces spéciales Françaises et Américaines, soient ici (pour ce qu’il m’aura été donné de voir), maîtresses de bout en bout de l’intervention.

Maintenant pour en venir directement à votre question, je dis qu’elle traduit une exigence à laquelle j’adhère. Je dirais même que cette union sacrée devrait préexister aux attaques terroristes. La meilleure façon d’y pourvoir étant de réaliser la réconciliation qui porte en elle la graine de l’union sacrée.

Pour terminer, j’aimerais prévenir contre deux risques de banalisation des attaques terroristes. Le premier consiste à dire comme pour s’en satisfaire qu’aucun pays au monde n’échappe au phénomène terroriste. Le second fait dire et sans appel que nul ne peut prévoir et anticiper une attaque terroriste. Sans systématiquement être contre, je dis qu’il faudrait plus faire dans la nuance. Il faut surtout éviter de tuer l’effort, et l’imagination en donnant bonne conscience aux uns et en acculant les autres à la fatalité.

Cela est possible en mettant l’accent sur les efforts nationaux et internationaux en matière de renseignements, sur l’équipement de nos forces de défense et de sécurité (FDS), comme de nos mécanismes sous-régionaux affectés aux mêmes missions. Mais tout cela serait vain dans un pays divisé, en proie à la vengeance, dans lequel l’autorité de l’Etat se délite et où, on refuse la réconciliation nationale, sinon que matinée de calculs politisés. Alors, sachons relever sincèrement le défi qui nous est lancé en jouant franc-jeu pour la réconciliation.

O.L.O
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 août 2017 à 05:13, par Sidpasata-Veritas En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    « Mon point de vue est qu’au-delà des partis politiques, il faudrait encourager les victimes, les structures partisanes, les OSC, les coutumiers, les religieux, les universitaires, les personnalités morales du pays à soumettre à l’Assemblée, des mémorandums ou toute proposition du genre portant sur le sujet dans le but de préparer les bases d’une légitimité à ce travail. »

    LES BURKINABÈ N’ONT PAS QUE ÇA À FAIRE. QUE CEUX QUI SONT EN’CONFLIT AILLENT EN JUSTICE POUR QUE’LE’DROIT SOIT DIT ET LE COUPABLE SANCTIONNÉ POUR LA !PAIX SOIT RÉTABLIE ENTRE EUX. ON NE GASPILLERA PAS L’ARGENT DE l’ÉTAT POUR ORGANISER DES RENCONTRES INUTILES DESTINÉES UNIQIEMENT À SOIGNERNLES !ETATS D’ÂMES DE POLITICIENS ÉGARÉS OU ÉPUISÉS QUI SE SENTENT INUTILES. QUE CHACUN AILLE VOIR SON’PSY !

  • Le 18 août 2017 à 08:05, par ZAMBO En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Interview trop long Monsieur le journaliste. Il faut rendre vos interview un peu digeste. Ayez l’esprit de synthèse. Autant écrire un roman. Ce Monsieur nomé HERMANN YAMEOGO a la nostalgie de son passé. Mais dit-on souvent que quand quelqu’un parle trop de son passé, c’est que son présent est flou et son futur reste incertain. J’étais de passage...

  • Le 18 août 2017 à 08:31, par FGH En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Digne d’intérêt cette longue interview, y compris pour l’histoire de ce pays. Mais je suis toujours à me demander "bon sang, pourquoi toujours quand la sauce a déjà tourné" ?

  • Le 18 août 2017 à 09:04, par gongolo En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    ma foi ! on pourra lui reprocher des choses dans la vie sauf sa capacité à rebondir par les idées ! Chapeau Me et dommage pour les problèmes politiques vecus

  • Le 18 août 2017 à 09:25, par Ka En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Bravo à un Hermann Yamèogo qui ne vit que pour la réconciliation nationale. Mais pour réconcilier toute une nation dans des bonnes conditions et dans son ensemble, il faut se réconcilier soi-même en confessant devant cette nation avec foi : ‘’’’ Exemple dire au peuple de ce qui s’est passé réellement ce 18 Septembre à votre réunion a 5, et le lendemain le président Blaise Compaoré prenne distance à ses proches conseillers Henri Zongo, Jean-Baptiste Lingani, jusqu’à les fusillés pour un faux coup d’état ? Une question qui vous a été posé par Newton Barry de l’Evènement sans réponse. Le peuple voulait entendre votre version de cette réunion, Salif Diallo, Hermann Yameogo, Issa Tiendrebeogo Jean-Baptiste Lingani, pour que la lumière soit faite sur tous les crimes qui ont suivi à partir de ce faux coup d’état jusqu’au 31 Octobre 2014 ou l’introverti a pris la fuite la queue sous les jambes. Quant au feu premier ministre de Lamizana, l’honorable Issouf Joseph Conombo, paix à son âme, il savait qu’il n’avait aucune confiance de s’associer son gouvernement avec des personnes qui trahissent à tout moment, surtout pas vous, né génétiquement comme G. Ouédraogo et tout le groupe de la CODER. Comme le dicton nous le dit, ‘’’’sauf les imbéciles qui ne changent pas. Et je pense que vos multiples séjours dans les prisons, vous ont donnés des bonnes leçons pour des objectifs concrets qui vont pour le peuple, et non le trahir pour régner sans partage. Réconciliation d’accords ! Mais dites-nous toute la vérité, rien que la vérité, avant qu’on vous prenne au sérieux : Et on appelle cette vérité ‘’’’la justice avant la réconciliation nationale.’’’’

  • Le 18 août 2017 à 09:46, par VERITE En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Je ne suis pas d’accord avec Hermane sur beaucoup e points : Concernant le gestion du pouvoir de Blaise, il sait très bien que c’est plutôt la clique de françois Compaoré qui gérait les affaires et non les RSS comme il le prétent. De plus, il n’a à accuser personne de ses déboires. Il a toujours été quequ’un qui se croit rusé et surtout très égoiste. On se rapelle encore, au moment de la grave crise que le régie de Blaise a connu lors de la mort de Norbert Zongo. l’ADF de hermane avait le pouvoir sur un plateau. A la grande surprise des militants, il est sorti à la télé pour expliquer que Blaise a tout son soutien et que lui même avait juré à son père sur son lit de mort de toujour soutenir Blaise. Cel a été un coup dur pour les militants mais, le monsieur n’en n’a eu cure. A force de jouer aux plus rusés, on fini par avoir des problèmes parce que les autres aussi se défendent de vos ruses.
    Je dis et je le répète, Hermane est encore sur cette lancée. Il parle un bon français mais tout ce qu’il dit et fait est simplement calculé pour son bien personnel.

  • Le 18 août 2017 à 10:20, par ngoonga En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Vs avez rater votre chance en 1991 quand les étudiants et la jeunesse Burkinabé dans sa majorité avaient crus en vs et se sont mobilisés pour vs. Hélas vs avez opter pour les intérêts matériels au détriment du Burkina. C’est ce que ns retenons de vs.

  • Le 18 août 2017 à 10:48, par venega En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Un peu long en effet,mais véritable cours et les gouvernants devraient y prendre de la graine sans considération personnelles.

  • Le 18 août 2017 à 10:51, par Vu En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Ce qui peut servir à la compréhension à la question de la réconciliation nationale c’est l’historique qui est fait avec ces incidences sur la vie politique et nationale

  • Le 18 août 2017 à 12:12, par Teb En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Vraiment si nous pouvons ne laisser dévoyer les commentaires et exploiter à bon profit cette interview commentaires, préoccupons nous d’analyser et de voir l’applicabilité des nombreuses propositions qui sont faites.

  • Le 18 août 2017 à 12:35, par Mougnou En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    L’intention, la volonté qui découle de l’interview est bonne mais la réconciliation au BF sera difficile. Il faut d’abord arriver à convaincre les Burkinabè par leur large sensibilisation et persuadé les autorités de mettre de côté leurs calculs politiques mon cher Hermann

  • Le 18 août 2017 à 12:56, par boudson En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    BJR MAITRE IL EST TEMPS DE VOUS REPOSER POLITIQUEMENT. POURQUOI VOULEZ VOUS QUE LA RÉCONCILIATION NATIONALE SE FASSE A TRAVERS VOS IDÉES ,VOS MODÈLES, VOS CONCEPTIONS ? Pourquoi depuis que vous proposiez des memorandums de réconciliation rien n ’ a aboutit jusqu’à ce jour ? Posiez vous cette question ? VOUS ÊTES AUX ANTIPODES DE L’ ÉVOLUTION POLITIQUE ET SOCIALE DE NOTRE PAYS.N’ALLUMEZ LE FEUX POUR DÉTRUIRE LE PAYS DE GRÂCE.ÉPARGNEZ NOUS DE VOS COMBINES POLITICIENNES.POURQUOI LA JUSTICE TRADITIONNELLE RÉPARATRICE ET NON LA JUSTICE TRANSITIONNELLE ?DEPUIS QUAND AVEZ VOUS GÉRER LE POUVOIR SANS JUSTICE VÉRITABLE.PENDANT 27 ANS. L’HEURE EST A LA VRAIE JUSTICE CELLE TRANSITIONNELLE CAR C EST LA JUSTICE DU PEUPLE INSURGE RÉVOLTÉ QUI VEUT LA RUPTURE AVEC LE PASSE.

  • Le 18 août 2017 à 15:14, par TRAORE Modi En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Bonjour
    Je regrette que Mr Herman YAMEOGO ait oublié la première élection présidentielle sous l’ère du Président Blaise COMPAORE.C’est dommage, l’ADF RDA en son temps notre espoir mais....J ’espère que son message pour la réconciliation ne vient pas aussi dès dires de son Père. Pas un seul mot sur ce tournant de sa vie où il pouvait être président. Ayez le courage de dire un jour la vérité au peuple et dire que je regrette car j’ai privilégié mes intérêts personnels et ceux de ma famille. Çà s’appelle se réconcilier avec son peuple. Bon courage à vous.

  • Le 18 août 2017 à 19:37, par Issagoh@yahoo.fr En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    Me Hermann Yaméogo, un homme politique qui connait son pays et de son histoire. J’ai lu avec intérêt ce entretien, ce que je retiens c’est que Hermann Yaméogo a toujours privilégié la réconciliation nationale. Il a fait la prison, il a tout perdu pendant l’inssurection populaire des 30 et 31 octobre 2014, mais malgré tout, il privilégie la réconciliation nationale, bravo Hermann

  • Le 18 août 2017 à 22:14, par Cudee En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    La confiance c’est à la base du bien vivre , du bon développement dans un pays. On observe en effet que chez nous, qu’ elle part en couille : Crise de confiance entre les individus crise de confiance entre les citoyens et l’état, entre la nation et la mémoire, crise de confiance entre les investisseurs et le Burkina... Il se trouve que le remède à tout cela passe par la réconciliation nationale .

  • Le 18 août 2017 à 22:40, par Diallo tognouma En réponse à : Réconciliation nationale : Les Regards croisés de Me Hermann Yaméogo sur la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

    C’est vrai qu’on s’installe trop dans la fatalité du terrorisme. Il faut réagir et le préalable à toute réaction Seine et durable il ne faut pas chercher de midi à 14h, c’est la réconciliation nationale.
    Et Si un pouvoir ne veut pas la réconciliation il ne faut pas se leurrer, la bonne fois est le thermomètre de l’œuvre de la réconciliation nationale.
    Hermann tu dis vrai

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