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Tabagisme au Burkina : « L’industrie du tabac refuse de se conformer aux lois », regrettent les acteurs de la lutte

Publié le mercredi 9 août 2017 à 23h52min

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Tabagisme au Burkina : « L’industrie du tabac refuse de se conformer aux lois », regrettent les acteurs de la lutte

Des associations œuvrant dans la lutte contre le tabac attirent l’attention des autorités sur la non application de la loi anti-tabac au Burkina. Elles étaient quatre à organiser une conférence de presse conjointe, le 09 aout 2017, à Ouagadougou, pour informer l’opinion nationale et internationale sur la situation de la lutte dans notre pays. Tout en appelant l’autorité à faire appliquer la loi dans toute sa rigueur, elles dénoncent les méthodes dilatoires de la MABUCIG dans le procès qui l’oppose au ministère de la santé.

On estime à 4.400 le nombre de décès causés par le tabagisme au Burkina Faso. Pour contribuer à réduire ce chiffre alarmant, des associations ne cessent d’attirer l’attention des décideurs. Ce 09 aout, quatre d’entre elles étaient face à la presse. Il s’agit de : Afrique Contre le Tabac (ACONTA), la Ligue des Consommateurs du Burkina Faso (LCB), le Réseau des Journalistes Antitabac du Burkina Faso (REJAT-BF), l’Union des Associations contre le Tabac (UACT).

Objectif : informer les hommes de médias et partant l’opinion publique de la situation de la lutte antitabac dans notre pays. « Cela fait un an quatre mois que nous ne cessons d’attirer l’attention des autorités du Burkina Faso sur la non application du décret portant conditionnement et étiquetage des produits du tabac en particulier et sur la non application de la loi antitabac de façon général au pays des hommes intègres », a lancé, d’entrée, Salif Nikiema, le coordonnateur d’ACONTA.

Faut-il le préciser, le gouvernement burkinabè à travers le ministère de la santé et celui du commerce a adopté, en 2015, un arrêté conjoint exigeant des avertissements sanitaires graphiques de 60% sur les paquets et cartouches de cigarettes. « Cependant, nous sommes étonnés de voir les entreprises de tabac défier l’autorité de l’état en foulant aux pieds l’arrêté conjoint N°2015-366/MS/MICA du 7 Avril 2015 portant fixation des modalités d’application du décret N°2011-1051 portant conditionnement et étiquetage des produits du tabac au Burkina Faso », a confié Salif Nikiema, le coordonnateur d’ACONTA.

Qu’à cela ne tienne, il a tenu à rassurer de la disponibilité et de l’engagement des associations de lutte antitabac et leurs partenaires à défendre le bien-être et la santé des burkinabè.

Cette conférence de presse fut l’occasion de revenir sur le procès opposant le ministère de la santé et la Manufacture Burkinabè des Cigarettes (MABUCIG). Ledit procès s’est ouvert le 11 avril 2017, au Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso. Mais, après l’ouverture, la MABUCIG a incriminé des articles de la loi antitabac comme étant anticonstitutionnels. Et l’affaire est actuellement au niveau de la cour d’appel qui devrait trancher sur qui du TGI ou de l’entreprise de tabac devrait saisir le conseil constitutionnel. « Face à ces méthodes dilatoires de l’industrie du tabac, cela fait 120 jours que la procédure est bloquée. En tant que parties civiles dans ce procès ACONTA, la LCB et l’UACT suivent de près le déroulement de la procédure », ont assuré les conférenciers du jour.

Aussi, suite à une question orale posée au gouvernement par un député sur un arrêté signé conjointement par le Ministère des Finances et le Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat sur un système de suivi et de traçabilité des produits du tabac au Burkina Faso basé sur les normes CODENTIFY, l’Assemblée nationale a diligenté une mission d’information parlementaire sur la règlementation des produits du tabac au Burkina Faso auprès des acteurs concernés y compris la société civile et les industriels de tabac. Les conférenciers de ce 09 aout se sont également appesantis sur le rapport de cette mission parlementaire et particulièrement ses recommandations que sont :

-  La relecture de la ZATU en vue de l’adapter à l’évolution des affaires et de préserver la santé des populations ;

-  La réactivation du processus d’adoption du projet de loi portant institution de marquage fiscal sécurisé des produits de grande consommation ;

-  La relecture de l’arrêté sur le codentify et l’organisation d’un appel d’offre international pour la conception d’un système de traçabilité, de suivi propre à l’Etat du Burkina Faso conformément à la convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) ;

-  La création d’une unité antitabac au sein des forces de sécurité ou l’attribution de ce volet antitabac à une unité déjà existante ;

-  L’adoption d’un texte règlementaire pour la mise en place d’un fonds pour le financement des activités de lutte contre le tabac.

« L’industrie du tabac refuse de se conformer aux lois et nos autorités le savent parce que nous ne cessons de tirer la sonnette d’alarme. Ce qui est sûr, le peuple Burkinabè est témoin du désastre causé par le tabagisme au Burkina Faso surtout dans la franche jeune. Alors pour réduire les 4.400 décès causés par le tabagisme au Burkina Faso, les conférenciers et leurs partenaires demandent :

-  A la cour d’appel de Bobo Dioulasso d’accélérer le processus conduisant à statuer sur la question de la saisine du conseil constitutionnel car l’industrie du tabac cherche à éviter la justice ;

-  Au gouvernement de faire appliquer les cinq recommandations de la mission d’information parlementaire ;

-  Au ministère de la santé de se réveiller de sa léthargie et de faire aussi appliquer les autres aspects de la loi antitabac tels que

- l’interdiction de fumer dans les lieux publics ;
- l’interdiction de la publicité sous toutes ses formes et
- l’interdiction de la vente aux mineurs et par les mineurs.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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