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Les Chauffeurs routiers de nouveau en grève, la faute au ministre de la sécurité

LEFASO.NET | Par Herman Frédéric Bassolé | Burkina

Publié le mercredi 9 août 2017 à 23h54min

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Les Chauffeurs routiers de nouveau en grève, la faute au ministre de la sécurité

Et c’est reparti. Après avoir écourté leur mot d’ordre d’arrêt de travail illimité, le dimanche 6 août 2017, à la suite d’un accord tripartite trouvé avec le gouvernement et les organisations des transporteurs, l’Union des chauffeurs routiers du Burkina revient à la charge. Au cours d’un point de presse animé ce mercredi 9 août à son siège, elle a annoncé un autre mot d’ordre d’arrêt de travail illimité à compter de ce mercredi 9 août. Pourquoi ? A en croire les conférenciers, les récents propos du ministre de la sécurité, Simon Compaoré, tenus lors d’une tournée dans la région du Centre-Est ont jeté l’huile sur le feu.

C’est dans une salle comble de journalistes que la conférence de presse s’est déroulée ce mercredi 9 août 2017. Le tout dans une ambiance de « colère ». Les chauffeurs routiers étaient visiblement sur leurs nerfs. Contre qui ? Contre le ministre de la sécurité Simon Compaoré. Qu’a-t-il dit ou fait pour les sortir de leurs gongs au point qu’ils aient décidé d’organiser une conférence de presse ce matin à 9h ? A la table des conférenciers, le président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB), Brahima Rabo, avait à ses côtés ses plus proches collaborateurs et le secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè (CSB), Guy Olivier Ouédraogo.

La source du mécontentement

« Vous n’avez rien à vous reprocher. Jusqu’à demain, l’autorité de l’Etat va s’affirmer. Vous avez notre soutien. Personne, je dis personne, ne sera arrêté parce que vous ne méritez pas d’être arrêtés. Si on doit vous embastiller, c’est moi d’abord et vous ensuite ». Et de poursuivre, « c’est une règlementation de l’UEMOA. On ne demande pas aux chauffeurs de payer de leur poche. C’est à leur patron de le faire. S’ils refusent de payer, l’Etat prendra ses responsabilités ». Ce sont là les propos tenus par le ministre de la sécurité Simon Compaoré et rapportés ici par notre confrère Le Pays.

Brahima Rabo, président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina

Pour l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (URCB), cette sortie médiatique du ministre de la sécurité qui tendait à « ovationner » les forces de sécurité pour leur « barbarie » est « méprisable car la personnalité d’une haute autorité se mesure par sa capacité à concilier les filles et fils d’une même nation (…) à être impartial dans son jugement ». Selon Brahima Rabo, le Burkina Faso a plutôt besoin de visionnaires que de dirigeants qui « ensemencent les germes de la haine et de la division ».

« Nous n’avons reçu aucun soutien du patronat »

Une vue des journalistes au début de la conférence

C’est donc en réponse à ce discours difficile à ingurgiter par les chauffeurs routiers, qu’un mot d’ordre d’arrêt de travail illimité a été lancé. Et l’UCRB confie n’avoir pas consulté le patronat, à savoir les organisations des transports, avant de lancer de mouvement. « Ils sont les employeurs et nous les employés. Et si c’étaient eux qui avaient été frappés, ça n’allait pas rester là. Mais, comme ce sont les employés qui ont été molestés, nous nous débrouillons de notre côté pour chercher justice », a indiqué Brahima Rabo. Et de poursuivre « Nous n’avons reçu aucun soutien du patronat. D’ailleurs jusqu’à présent, nous n’avons pas encore reçu leur visite. Nous avons eu la visite du ministère des transports mais pas celle des transporteurs. Pourtant, ce sont eux qui nous ont envoyés en mission et ils n’ont pas eu le courage de venir nous dire qu’ils déploraient la situation ».

« Nous ne voulons même plus parler à Simon »

Et si le ministre Simon Compaoré revenait sur ses propos, les chauffeurs routiers lèveraient-ils leur mot d’ordre ? A cette question d’un confrère, le président de l’UCRB répond sans ambages : « Simon Compaoré n’est pas un simple ministre. C’est un ministre d’Etat. Quand il tient de tels propos, il faut le prendre au sérieux. Nous n’attendons rien de lui. Il y a bien un président dans ce pays, il y a aussi un Premier ministre. Nous attendons de voir ce qu’ils vont dire. Nous ne voulons même plus parler à Simon. Nous ne faisons plus partie de sa sécurité. Nous voulons que le président du Faso nous donne un homme pour sécuriser vraiment les chauffeurs afin de pouvoir ravitailler le pays ». Au regard de la situation, les chauffeurs routiers ont émis le souhait que le gouvernement prenne ses responsabilités « afin d’assurer une vraie cohésion sociale tout en bannissant de ses rangs tout oiseau de mauvais augure ».

Un soutien de la Confédération syndicale burkinabè

Guy Olivier Ouédraogo, secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè

« Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre mais quand nous nous rendons compte que certains piétinent certains de nos principes, nous sommes obligés de nous battre », a martelé le secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè, Guy Olivier Ouédraogo, venu apporter son soutien à l’UCRB. Il a une fois de plus invité les autorités à rassurer les chauffeurs routiers que ce qui s’est passé n’entravera en rien leur sécurité.

En rappel, c’est en réponse aux coups que certains de leurs camarades ont reçus pour refus de paiement de la redevance (25 000 F CFA) de passage aux postes de contrôle juxtaposés de Cinkansé que l’Union des chauffeurs routiers du Burkina avait décrété le 4 août dernier un mot d’ordre d’arrêt de travail illimité. Mais à l’issue des pourparlers avec le ministre des transports le même jour, un protocole d’accord a été signé le lendemain fixant la reprise du paiement de la redevance au 1er septembre 2017. Selon le président de l’UCRB, le bilan partiel fait état d’une quarantaine de chauffeurs blessés. Une liste a été ouverte afin de recenser tous les blessés du Burkina ainsi que ceux du Togo, du Niger et du Mali.


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Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

P.-S.

Burkina Faso

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