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Scrutin du 13 novembre : Comment exister dans une telle foultitude ?

Publié le mardi 14 juin 2005 à 06h59min

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Toute la question est là à quelques mois de la présidentielle. Désormais on sait qu’ils seront plus de dix à vouloir faire notre bonheur. La présidentielle de novembre 2005 sera celle où l’embarras du choix fera place au choix facile. Alors, les candidats cherchent à être visibles dans cette période de pré-campagne. Mais comment y arriver ? Il semble que les membres de Alternance 2005 ont opté de faire dans le coup d’éclat.

Cela a commencé avec Hermann Yaméogo qui a sorti de son chapeau une coalition de neuf partis politiques alignés comme un seul homme derrière lui et conduite par le grand Issa Tiendrébéogo en personne.

Lors de la conférence de presse inaugurale de sa coalition, assis sagement au fond de la salle avec un regard mi-amusé mi-satisfait, leprésident de l’UNDD semblait boire du petit lait en mesurant l’effet de sa trouvaille sur l’assistance. Assurément, il devrait se dire qu’il est le légitime s’il réussit à réunir autant de partis sur son nom, quand bien même la plupart ne serait que sigle. Alors pour ne pas se laisser damer le pion par un libéral bon teint, le sankariste de gauche qui a peu goûté "les amalgames et les confusions à alternance" devrait frapper à son tour un coup autrement plus retentissant. L’introduction est sans équivoque quant à produire son effet et marquer les esprits : "Je vais vous surprendre sans vous étonner. Je viens de déposer ma demande de démission à l’hémicycle". Il semble, selon un confrère sur place, que l’information ait laissé "plus d’un journaliste quelque peu interloqué... c’est la première démission d’un député de la 3e législature". Tout est dit.

Heureusement que c’est pour passer à une fonction autrement plus importante, bien que le candidat putatif choisisse d’aller encore plus haut dans la production de scoop en assurant "qu’il n’irait pas à Ouaga-2000". Le genre de populisme bon marché qui doit laisser de marbre les Africains face aux turpitudes de certains opposants ayant réussi la fameuse alternance.

La Différenciation...

Elle est partie pour l’heure sur le mode de l’effet d’annonce. Et comme on le voit, les médias et partant la communication sera pour certains, la clé de la bataille annoncée inédite, à cause ou en raison du nombre des postulants.

Cette stratégie de différenciation prend certes son fondement dans la société actuelle de communication, mais pas seulement. La structure de nos partis fait d’eux des associations de ville qui n’existent que par la presse. Leur activité favorite à longueur d’année, on ne cesse de le regretter, c’est de convoquer des conférences de presse ou d’inonder les rédactions de déclarations. Pour la culture de masse qu’ils sont censés posséder, à tout le moins travailler dans ce sens, il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas demain la veille.

Tel que partie, la campagne attendue avec envie risque de se réduire à des symboles ou petites phrases dont raffole le candidat Sankara. Sa différence à lui ce n’est ni de viser l’honneur fait par la famille des intellectuels, de bénéficier du titre de docteur honoris causa, encore moins de fouler le sol de la présidence de Ouaga-2000.

Sa différence, c’est de poser ses valises à la présidence, peut-être une qui sera construite par ses soins et qui va sans doute ressembler à une chaumière bien de chez nous. Après tout, s’il veut revenir aux bonnes vieilles R5, qui lui en voudra, la démocratie lui attribuant le droit de rejoindre sa présidence à bicyclette. Plus sérieusement, il faut espérer que les sorties actuelles, des candidats ne sont qu’un tour de chauffe. D’autant plus que chacun répète à l’envie disposer d’un solide programme de gouvernement. Ces différents projets pour le Burkina Faso, on aurait certes préféré qu’ils soient portés par moins de concurrents pour une meilleure lisibilité. Mais le dicton ne dit-il pas plus on est des fous...

Toutefois, décrypter derrière le symbole la décision du patron de l’UNIR/MS, c’est y voir au lieu d’une entrée dans la politique une vraie sortie de ce milieu pour comme il l’admet lui-même retourner à ces premières amours. Pour un homme ayant une ambition pour son pays, le retour au prétoire ressemble à un renoncement.

Sa logique de ferrailler dans le cœur de la politique, élection à l’Assemblée nationale donnait elle à voir le début de la matérialisation de cette ambition.

Ce retour en arrière interpelle parce qu’il est connu la difficulté de suivre deux lièvres à la fois. La raison avancée de reprendre la robe, celle de défendre à nouveau la veuve et l’orphelin, le peuple et ses intérêts ressemble à ces justificatifs passe-partout très peu convaincants. Nous n’allons pas faire l’injure à Me Prosper Farama de croire qu’il est trop léger pour tenir le cabinet du grand Me Sankara. Ne disait-il pas à son départ que la maison était bien gardée ? Qu’est-ce qui a alors pu bien changer entre temps ? Mystère et sans doute dossiers à gros sous. Ou tout simplement n’était-il pas taillé pour enfiler la robe de président de la république ? Comme quoi, il y a robe et robe et certainement que la carrure compte plus que les déclarations d’intention.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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