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L’opposition et la présidentielle 2005 : La bataille pour les accessits

Publié le mardi 14 juin 2005 à 07h12min

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A cinq mois de l’élection présidentielle, l’opposition burkinabè a encore donné la preuve de son incapacité à créer une ou deux, voire trois pôles fédérateurs de ses ambitions d’alternance. Gilbert Ouédraogo de l’ADF/RDA, chef de file de l’opposition ne fait pas l’unanimité chez les modérés.

L’OBU, l’opposition burkinabè unie (OBU), qui lui disputait en quelque sorte le regroupement de cette tendance, a volé en éclats. On le voit mal recoller les morceaux à son profit. Au demeurant il n’essaie même pas. Et on le comprend. Entre le tiercérisme de Bado Laurent et le socialisme de Emile Paré, l’Eléphant, plutôt libéral, trouverait à peine de quoi se mettre sous la trompe.

Les radicaux de l’opposition ne montrent pas meilleure figure. Bien au contraire ! L’"Alternance 2005" est devenue "Alternance pour soi". Des trois candidats désignés - Hermann Yaméogo, Stanislas Bénéwendé Sankara et Philippe Ouédraogo - les deux premiers nommés ont choisi de faire confiance à leur propre "coalition". Philippe Ouédraogo, pour sa part, espère un rapide bout du tunnel dans son procès contre Soumane Touré. L’enjeu, la volonté d’aligner derrière sa candidature, outre le PDS phagocyté, le "PAI original", histoire d’avoir sa mouvance aussi.

A la pléthore de candidatures succède la pléthore de coalisions et autres mouvements de soutien à l’opposition. Cette grande dispersion des challengers du président sortant fait dire que la présidentielle est déjà jouée à 60 %.

Blaise Compaoré qui n’attend plus que l’investiture du Congrès pour la démocratie et le progrès pourrait l’emporter dès le premier tour vu que les ABC et l’AJSCBC sont sur le pied de la mobilisation depuis bientôt un an. "Qui va loin ménage sa monture !" dit le proverbe. Le camp présidentiel l’a compris. On a souvenance que la première manifestation de l’Action des jeunes pour le soutien à la candidature de Blaise Compaoré (AJSCBC) à Ouagadougou s’est déroulée à la fin juin 2004. Avant la section de Ouagadougou, le ton avait été donné à Bobo-Dioulasso deux semaines plus tôt. Depuis lors, il ne se passe pas 10 jours sans que dans un village, un département, une province ou dans une quelconque région, un rassemblement des partisans du président sortant ne soit organisé. Aujourd’hui, c’est plus qu’une longueur d’avance que le camp présidentiel a pris. C’est une option sérieuse pour la victoire.

En effet, bien que tout scrutin comporte sa part d’incertitude, celui du 13 novembre prochain ne devrait pas nous réserver de grandes surprises. Les inconnues de cette élection sont à rechercher dans le taux de participation, le score du président sortant et les titulaires des accessits d’honneur. En vérité l’opposition se battra contre elle-même. L’ADF/RDA tentera pas exemple de prouver que le titre de chef de file de l’opposition n’est pas usurpé. Le professeur Ali Lankoandé essayera de mériter pour sa part la succession du professeur Ki-Zerbo à la tête du PDP/PS. Sankara Bénéwendé convaincu avec ses trois (03) députés que l’UNIR/MS est le parti sankariste le plus représentatif voudra rogner davantage l’électorat des vieux partis traditionnels pour se poser comme le challenger le plus sérieux du CDP. Cette ambition de jeunes loups aux dents longues explique sa démission de son poste de député. "Je veux me consacrer à l’élection présidentielle... l’alternance est possible en novembre prochain". Des déclarations qui constituent des effets d’annonce d’un présidentiable qui, en rupture d’alliance, cherche à se mousser dans l’opinion.

Il a au moins le mérite de la méthode, de la conviction et d’avancer à visage découvert pour espérer bousculer la hiérarchie des partis sur l’échiquier national. Tout le contraire de certains présidentiables et pas des moindres qui une fois leur intention connue donnent à penser qu’ils ne songent pas à convoquer un congrès d’investiture de leur parti. Pire, ils donnent à penser qu’ils n’ont rien à gagner dans une bataille qu’ils ont déclaré eux-mêmes perdue d’avance. C’est dire que la bataille pour les accessits est largement ouverte. C’est ce challenge qu’engage le président de l’UNIR/MS. Et au passage par sa démission de l’hémicycle il donne des leçons politiques à ses aînés dans l’opposition qui bien qu’abonnés à la session buissonnière au Parlement s’accrochent à leurs avantages de députés.

Djibril TOURE
L’Hebdo

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