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Commune rurale de Sollé : Pour le maire, la politique passe, mais le développement reste !

Publié le lundi 24 juillet 2017 à 00h47min

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Commune rurale de Sollé : Pour le maire, la politique passe, mais le développement reste !

En début de semaine, nous vous annoncions une excursion dans la vie de la commune rurale de Sollé dans la province du Lorum, région du nord. Cette localité partage frontière avec la République du Mali. Localisable à environ 279 kilomètres de Ouagadougou, la commune est dirigée par un Conseil municipal qui, comme bien d’autres du pays, nourrit le rêve de vaincre les caprices de la nature et soulager un tant soit peu la souffrance des nombreuses populations. Cependant, contrairement à de nombreuses communes, Sollé est à construire sur plusieurs plans et c’est ce à quoi s’attèlent son maire, Gombogo Balzac Nacanabo, et son équipe. Au cours du week-end passé, nous l’avons rencontré en compagnie du secrétaire général de la commune, Yacouba Gouem, et du Chef de service de l’état civil, Sayouba Belem. Dans cet entretien, le maire de Sollé, communément Balzac, nous ouvre la vie de sa circonscription et présente les ambitions de son équipe pour les populations. Entretien !

Lefaso.net : Pour commencer, d’où vient le surnom ‘’Balzac’’ ?

Gombogo Balzac Nacanabo : Balzac est un sobriquet que des amis ont bien voulu me donner, depuis que je me suis lancé dans mes activités professionnelles. C’est en quelque sorte, un prénom de reconnaissance que ces amis m’ont attribué au regard du dynamisme qu’il trouvait en moi. Donc, à tout hasard, ils m’ont donné le nom d’une illustre personnalité, Honoré de Balzac (écrivain français ; romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d’art, essayiste, journaliste .., plus de 90 romans et nouvelles à son actif, ndlr). C’est resté ainsi et presque tous me reconnaissent sous ce sobriquet. Je me suis donc senti obligé de le faire intégrer dans mon état civil. C’est ainsi que je suis désormais Gombogo Balzac Nacanabo.

Lefaso.net : Monsieur le maire, quelle est l’ambiance de travail au sein de votre Conseil municipal, lorsqu’on sait que la cohésion au sein des exécutifs locaux n’est pas la chose la mieux partagée au Burkina ?

Gombogo Balzac Nacanabo : Effectivement, belle question ; parce que, dès notre prise de service, le 21 juin 2016, nous avons tout de suite décliné notre vision, qui est celle de développement. La politique du développement est notre vision, ce n’est pas la politique. C’est ce message que nous avons d’abord partagé avec tous les conseillers, ensuite aux populations. Donc, nous ne parlons plus de politique. Sinon, de politique de développement. Si fait qu’à ce jour, on ne parle plus de partis politiques, ça ne sert pas sur le terrain dans le fonctionnement du Conseil municipal.

Nous sommes-là pour servir les populations, qui ne sont que nos papas, mamans, grands-frères et petits-frères, nos enfants, etc., qui font face à de nombreux problèmes liés à l’eau, à l’éducation, à la santé, aux routes, etc. La politique passe, mais le développement reste. Quand viendra le moment de la campagne, nous allons faire la politique, avec tous ses contours. Mais pour le moment, nous sommes à l’heure du développement. Nous avons aussi approché les leaders coutumiers et religieux, les différentes forces de la commune pour leur demander de nous accompagner afin qu’au bout des cinq ans de notre mandat, on puisse sentir le développement dans notre commune, c’est cela qui est important. C’est vrai que c’est la politique qui nous a envoyés au sein du Conseil municipal, mais c’est le développement notre mission. C’est pourquoi, dès notre élection, on a présenté notre programme et là où est-ce qu’on veut aller.

Nous avons, dans ce sens, besoin de l’accompagnement d’abord de l’Etat, de partenaires techniques et financiers. L’Etat a certes la volonté, mais il y a trop de priorités, il ne peut pas tout faire. Par exemple, l’eau est une denrée rare dans la commune de Sollé. Dans les mois d’avril, mai, les femmes dorment dans les fontaines. Voilà pourquoi dans notre vision, on a approché tous les acteurs sociaux de la commune (femmes, jeunes, les maraîchers, les associations d’usagers d’eau de la commune…) pour comprendre leurs difficultés. Nous estimons que la communication avec les populations est très importante afin qu’elles puissent comprendre dans quelle direction son Conseil municipal souhaite aller.

La communication est au cœur du développement, dit-on. Tant que vous ne communiquez pas, tant que vous n’échangez pas avec les acteurs, ils ne peuvent pas savoir ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous. C’est très important de leur montrer ce que vous attendez d’eux et aussi ce que vous faites. C’est très important, parce que vous pouvez opter d’aller dans telle direction et eux, ils vont emprunter le chemin contraire ; simplement parce qu’ils ne savent pas. Vous allez vous tirailler dans tous les sens. Donc, il faut communiquer pour clarifier les choses.

Lefaso.net : Il y a aussi les ressortissants qui pourraient constituer une ressource importante, quelle est votre politique de mobilisation de ces personnes ?

Les conditions des femmes, une préoccupation majeure pour le Conseil municipal

Gombogo Balzac Nacanabo : Effectivement, on sait que les résidents uniquement ne peuvent pas faire le développement de Sollé. C’est tous les ressortissants qui sont ailleurs, qui sont allés à la recherche d’un mieux-être et qui ont les moyens d’apporter le développement. Voilà pourquoi nous nous sommes attelés à effectuer des sorties dans certaines localités à forte présence de nos ressortissants, notamment dans les Hauts-Bassins (Bobo-Dioulasso) où il y a eu une très forte mobilisation et le haut-commissaire du Lorum nous a accompagné dans cette dynamique. C’était une sortie conjointe avec le maire de Titao. Ils étaient très contents de nous recevoir. Nous leur avons décliné notre vision du développement et exprimé également nos attentes vis-à-vis d’eux.

Il est ressorti que Sollé est notre New-York et nous allons le construire avec l’ensemble des forces-vives. Nous avons fait la même approche à Ouagadougou avec les ressortissants y résidant. On ressent une fierté et une motivation à mettre la main à la pâte. J’ai même invité le député Boureima Barry (un des deux députés de la province, ndlr) à cette rencontre. On retient entre autres que les gens sont sensibles à l’esprit d’ouverture et de proximité. On leur a même proposé la construction d’une cité (notre New-York) des ressortissants à Sollé ; parce que Sollé n’est pas encore lotie (ce n’est pas grave, d’ailleurs, ce n’est pas dans l’espace loti qu’on construit les cités, c’est dans l’espace non-loti ; on délimite, on aménage et on a l’autorisation expresse du ministère).

C’est très important ; parce qu’un ressortissant qui n’a pas de résidence ne peut pas y faire un long séjour. Pire, il ne peut pas inviter ses amis dans la commune. Tu peux être milliardaire ailleurs, et chez toi, qu’as-tu fait ? A l’issue des échanges, une association a même été mise en place à Ouagadougou. Nous allons les convier pour le reboisement que nous allons réaliser bientôt dans la commune.

Lefaso.net : La province compte deux députés, y-a-t-il une complicité entre élus locaux et élus nationaux sur les préoccupations locales ?

Gombogo Balzac Nacanabo : Pour le moment, ce n’est pas le cas. Même s’il y a complicité, ce n’est pas total. Ce serait un bel exemple. Notre souhait est qu’il y ait ce cadre formel. Que ce soit au niveau provincial que régional. Cela nous permettra de partager les difficultés et trouver des solutions ensemble, sinon c’est difficile.

Lefaso.net : Mais, y-a-t-il un cadre qui réunit les maires de la province ?

Gombogo Balzac Nacanabo : Pas pour le moment, le cadre qui existe est celui régional, qui regroupe tous les 31 maires de la région du nord. Dans la province, nous avons entrepris des démarches auprès du haut-commissaire pour voir si on peut se rencontrer une fois le mois, un cadre qui va regrouper aussi les députés de la province. Mais pour le moment, nous n’avons tenu qu’une seule rencontre ; parce que les maires sont chargés, chacun cherche à répondre aux besoins de ses populations pour qu’à l’heure du bilan, il puisse répondre. Sinon, effectivement, le cadre est à encourager.

Lefaso.net : A ce jour, quelles sont les principales préoccupations du maire, celles qui vous empêchent de dormir ?

Ici, une des écoles de Sollé

Gombogo Balzac Nacanabo : C’est vrai que tout est prioritaire, mais si je dois classer par ordre de priorité, je vais commencer par la route ; le désenclavement de la commune. Imaginez aujourd’hui, quelqu’un qui a son argent, qui veut venir investir à Sollé, s’il éprouve des difficultés pour y accéder, il ne reviendra plus. Il n’y a vraiment pas de routes. La deuxième préoccupation, c’est la question de l’eau. J’ai demandé des forages, que je n’ai pas eus. Cette année, c’est trois forages seulement que j’ai eus. J’ai aussi un barrage en projet. Si on a la route et le barrage, on peut dire que c’est parti. En troisième lieu, après la route et l’eau, c’est le lotissement ; parce qu’on ne peut pas parler de développement sans lotissements. Mais, la route et l’eau restent toujours la priorité des priorités, même s’il y a bien d’autres préoccupations liées à la santé, tel que le manque de kit d’ouverture du CSPS (Centre de santé et de promotion sociale) de Nassingré, la réalisation de deux CSPS à Déré et Samboulga et le besoin en ambulance pour le tronçon Sollé-Titao (distant de 45 km), l’éducation, etc. Avec l’état de la route, comment évacuer un malade à Titao qui est à 45 km ? Au lieu de 30 mn, on met au moins une heure et demie. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

Adresse E-mail de la commune de Sollé : communedesolle@gmail.com

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