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Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

Publié le mercredi 12 juillet 2017 à 00h42min

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Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

La justice est le dernier rempart dans la société, dit-on. On conviendra donc avec ce journaliste français, Philippe Bartherotte, que ‘’Lorsqu’une société a perdu ses valeurs morales,la Justice est le dernier rempart contre le retour du règne animal et les Juges des citadelles ‘’.

Depuis l’insurrection populaire, la justice burkinabè encaisse toutes les colères. A tort ou raison, la vapeur de la patate chaude lui est renvoyée. L’agonie des valeurs et la flambée de l’incivisme semble mettre en exergue la réalité selon laquelle, la société vaut ce que vaut la justice sur laquelle elle repose et là où la justice décline, la société déchoit. N’est-ce pas pour cette raison également qu’il y a autant de commentaires et d’émotions autour du communiqué de cette commission d’enquête sorti en fin de semaine écoulée ! La réaction des Burkinabè à sa suite montre bien leur soif de justice, ’’mère de la paix publique et de l’ordre privé’’.

Avec juste raison car, dit-on aussi que la justice est le ciment de la société, l’injustice en est le dissolvant. Les magistrats (tous les maillons de la chaîne de l’institution, en général) sont donc bien conscients de cette lourde responsabilité et ce sacerdoce qui caractérisent leur métier. C’est la vocation même du droit. L’insurrection populaire d’octobre 2014 a encore montré le type de rapport qui existe entre les Burkinabè et la justice. Si fait que la période post-insurrection est parue comme celle d’une forte pression sur la justice burkinabè. Et les acteurs étaient bien conscients que l’intention de l’opinion publique veille sur eux.

Le « Pacte pour le renouveau de la justice burkinabè » de mars 2015 témoigne bien de cette volonté de redorer le blason de l’institution. En tout cas, cet arrêt qui a accouché dudit pacte a permis aux acteurs, les magistrats surtout, de retoucher certains textes pour se donner plus de marge de manœuvre sur certains aspects surtout le droit de grève et des reformes. La Commission d’enquête instituée par le CSM peut paraître donc, dira-t-on, comme cette volonté de renouveau.

Par conscience professionnelle ou par pression de l’opinion publique ! Et une chose est également observée : de nombreux acteurs de la justice ne manquent pas d’occasion pour clamer leur gêne de voir le nom de l’institution bradée par le fait de ‘’brebis galeuses’’ dans les rangs. C’est en cela aussi que les Burkinabè peuvent espérer que cet acte du CSM soit le départ (sinon la suite) d’une dynamique qui va définitivement repositionner la justice et faire d’elle, une institution inébranlable au service de la cause générale. Et des motifs d’y croire existent. En effet, peut-on y loger, le jeudi, 10 novembre 2016, nous annoncions une rencontre d’échanges entre les magistrats et le président du Faso à Kosyam.

Ce tête-à-tête, qui a duré de 9h à 17 h (approximativement), a permis à ces responsables mandatés de dévoiler leur intention et dynamique au président Roch Kaboré. « C’était une manière pour nous, de lui dire que nous avons entamé beaucoup de choses et que nous avons besoin de son accompagnement, en tant que garant de l’indépendance judiciaire (article 131 révisé de la Constitution, ndlr », confie un membre du CSM. 

Pas d’immixtion dans les questions de justice !

Dans leur document-synthèse présenté au président du Faso, un ordre du jour pointé sur l’indépendance de la justice, la déontologie du magistrat et la nécessité d’une justice plus efficace.

Sur le premier point, relatif à l’indépendance de la justice, les magistrats ont fait observer au président du Faso que, malgré le renforcement des textes, l’indépendance n’a pas encore été convenablement appropriée, ni par tous les gouvernants, ni par le ministère de la justice, ni par certains magistrats, dont les plus hauts responsables eux-mêmes. Ils faisaient cette observation au lendemain de propos, jugés mal à propos, de certains hommes politiques sur des questions liées à la justice, tenus sur les ruines de l’ancienne Assemblée nationale à l’occasion du deuxième anniversaire de l’insurrection populaire.

Ici, trois éléments avaient été soulevés, dont la « violation renouvelée de la part de certains membres du gouvernement et de responsables d’institutions de leur obligation de réserve sur les questions judiciaires, contribuant à jeter le discrédit sur l’institution judiciaire et alimentant ainsi la polémique sur le traitement des dossiers judiciaires ». Ils avaient aussi réitéré l’engagement à sanctionner les manquements à la déontologie de la part des magistrats.

Sur la nécessité d’une justice plus efficace, les responsables des magistrats avaient donné leur lecture avant de dévoiler des propositions à cet effet. C’est dans cette vision qu’ils ont prôné le retour des magistrats à leur mission principale (c’est-à-dire celle de juger, donc de servir dans les juridictions, et accessoirement au ministère de la justice), un déploiement rationnel des magistrats en tenant compte du volume des affaires par juridiction et en évitant une trop grande concentration au ministère de la justice pendant qu’il y a des problèmes d’effectifs dans les juridictions, le respect des heures de rendez-vous et d’audience par les magistrats.

Toujours sur la nécessité d’une justice plus efficace, il a été proposé la réduction urgente du délai de délivrance des certificats de nationalité et des casiers judiciaires (notamment à Ouagadougou par un renforcement des effectifs de cette juridiction) ; l’apurement de tout le passif de dossiers non rédigés avant les vacances judiciaires 2017 et la rédaction avant la même période, de toutes les décisions qui auront été rendues au cours de la même année).

En plus de la reconstruction de nouveaux locaux pour le palais de justice de Bobo-Dioulasso et de la Cour d’appel de Ouagadougou menaçant ruines, les magistrats ont également souligné l’impératif de la résolution définitive des questions relatives aux nouveaux magistrats (qui, chaque année, rejoignent avec environ trois mois de retard les juridictions alors qu’ils doivent bien souvent aller remplacer d’autres magistrats qui ont été affectés ; ce qui crée des blocages au niveau des juridictions). Tout comme avaient-ils recommandé la relecture diligente du Code pénal et du Code de procédure pour permettre une plus grande célérité et une plus grande efficacité dans les procédures pénales.

Les Burkinabè retrouveront-ils cette justice tant souhaitée ?

Les magistrats avaient terminé leur exposé par ce message fort : « … tout sera mis en œuvre pour que le peuple finisse par se retrouver en sa justice ». Ce ne serait donc pas de la naïveté de dire que cette fameuse enquête n’est que le début du commencement… Ce, d’autant qu’une source bien introduite dans les arcanes confie : « Nous allons balayer. Nous allons d’abord nous occuper des brebis galeuses dans nos rangs. Ce sont les gens qui disent que la justice ne bougent pas.., c’est parce qu’on ne fait pas de tapages. Sinon, il y a un travail de fond qui est entrepris depuis un certain moment. (...). Chacun sera bien servi. Nous allons rendre justice, et personne ne va échapper ; tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis ».

En clair, à en croire nos interlocuteurs, la justice a pris son option pour sortir du « mouta mouta » … « Comme nous l’avons dit, les choses vont changer. Seulement, les gens sont impatients. On les comprend, mais on leur demande de nous laisser faire … et ils verront. Nous sommes convaincus que les Burkinabè seront bientôt fiers de leur justice », confie un membre du CSM, s’abstenant de tout commentaire sur la suite des dossiers et actions.

Oumar L. OUEDRAOGO
oumarpro226@gmail.com
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 12 juillet 2017 à 03:05, par Lexo En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    J’adore quand le journaliste Omar L. Ouedraogo fait ce genre d’analyses. Courage mon courage. Pour revenir au sujet, personnellement je crois à une institution de justice dans un futur proche, parce qu’on connaît des magistrats intègres qui ne vont pas se laisser ternir l’image. La commission d’enquête est déjà sur une bonne emvoe et il faut pousser loin les pions.

  • Le 12 juillet 2017 à 07:38, par Bara En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    si lon doit voir la justice burkinabe ......mettre les choses aux claires.
    les premiers personnes a etre juge doit etre .....
    Blaise Compaore
    Simon Compaore
    Salif Diallo...........

  • Le 12 juillet 2017 à 08:39, par ATS En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    Norbert Zongo de son vivant nous avait conseillé de ne pas nous précipiter dire "Je connais un tel ou une telle" tant que vous ne l’avez pas vu(e) à l’épreuve de l’exercice du pouvoir et/ou de la possession de la richesse. C’est un conseil pour Lexo (Intervenant N°1), et touts ceux qui pensent comme lui.

  • Le 12 juillet 2017 à 09:12, par Beton En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    On ne demande qu’a voir.Nombreux sont ceux qui sont pessimiste quand à ce renouveau de la justice burkinabè en commençant par moi bien sûr.

  • Le 12 juillet 2017 à 10:17, par Bangbèda En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    Hahahahahahahaha !!!! ..*

    Haaaaaa hahahahaha !!!

  • Le 12 juillet 2017 à 10:29, par Jeune Premier En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    On ne scie pas la branche sur laquelle on est assis. Les magistrats sont-ils admis par concour ou par nomination ? La reponse a cette question determine par ou peut etre la hauteur de notre justice

  • Le 12 juillet 2017 à 10:57, par Jeune Premier En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    Je suis du meme avis avec Soumane Toure qui dit que notre insurrection a ete inachevee. Tous ceux qui pronent le changement, dirigeant comme opposants devaient se trouver en tole, en exil ou seulement reduits en neant , les sous-spolueurs, magistrats, politiciens, militaires et meme civils reduits a rien et un ideal sankariste hisse a la tete de notre pays et la revolution resusciter en marche. On n’aurait plus besoin de PNDES( prgramme national de destruction et de l’erection du suicide), pas de PPP(plan pour le pillage du peuple), les biens mal aquis seraient retrocedes, les detourneurs de deniers publics envoyes en toles, l’administration completement netoyee, et les terroristes s’enfuiraient d’eux-meme car ils ont peur des pays ou la bonne gouvernance constitue un socle de stabilite et developpement en l’occurence le Rwanda, la Namibie et la Libye du temps de Khadafi

  • Le 12 juillet 2017 à 14:32, par SOME En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    Que veut dire « justice » ? qu’implique la justice ? qu’est ce que la philosophie du droit et de la justice dans une societe ? Y aurait-il meme ce qu’on appelle societe ?

    Merci M Ouedraogo, felicitations de nous faire l’etat des lieux et nous rafraichir la mémoire.
    « C’était une manière pour nous, de lui dire que nous avons entamé beaucoup de choses et que nous avons besoin de son accompagnement, en tant que garant de l’indépendance judiciaire » et c’est pourquoi le president vous a octroyé des salaires scandaleux dans ce burkina pauvre ou le fonctionnaire n’arrive meme pas a manger deux fois par jour. C’est son aide afin que vous l’aidiez a enterrer les affaires car lui-même y est empetré jusqu’au dela du cou. Entre temps d’autres fonctionnaires font greve sans rien avoir alors que vous, il vous a suffi de faire semblant de bouger pour trouver vos revendications satisfaites au dela de vos demandes.

    « Nous allons balayer. Nous allons d’abord nous occuper des brebis galeuses dans nos rangs. Ce sont les gens qui disent que la justice ne bougent pas.., c’est parce qu’on ne fait pas de tapages. Sinon, il y a un travail de fond qui est entrepris depuis un certain moment. (...). Chacun sera bien servi. Nous allons rendre justice, et personne ne va échapper ; tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis ».
    Les pratiques corporatistes qui caracterisent ce corps de la justice expliquent pourquoi tout ceci n’est que des declarations creuses. Et rien jusqu’à present ne nous convainc que nous aurions raison de les croire. Nous exigeons d’etre fiers de notre justice : a vous de nous le montrer. Cette affaire Bassolé en est une occasion : on attend les reactions commentaires des hommes de loi.
    SOME

  • Le 12 juillet 2017 à 14:54, par Gangobloh En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    Il y aura justice quand toutes les institutions du pays seront auditeurs au même titre parce qu’utilisant l’agent public ( l’argent du contribuable burkibbè et étranger). Tous les ministères devaient rendre compte. Mais hélas !

  • Le 12 juillet 2017 à 15:27, par Mafoi En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    A mourir de rire.Notre justice sera peut-être opérationnelle quand nous ne serons plus de ce monde tellement elle est pourrie jusqu’à la moelle

  • Le 12 juillet 2017 à 18:05, par NGONGA En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    Rappelons-nous l’actualité du jour (écoutée sur radio salankoloto) : Evasion spectaculaire à la MACO "un détenu condamné à 8 ans de prison ferme et incarcéré à la MACO, pour abus de confiance portant sur la somme de plus d’1 milliard de FCFA et des dommages et intérêts du montant spolié à un homme d’affaires. le prisonnier a profité d’une autorisation de visite à sa famille pour prendre la poudre d’escampette par la porte de sortie arrière de sa cour ". la victime n’aura plus que ses yeux pour pleurer, car il va falloir se réveiller tôt pour le retrouver. comment cela a-t-il pu arriver ? C’est tout l’appareil judiciaire (depuis l’interpellation jusqu’à la détention) qui est pourri et qui nécessite un toilettage.

  • Le 12 juillet 2017 à 20:51, par Ka En réponse à : Justice burkinabè : ‘’ Personne ne va échapper, tous ceux qui ont des dossiers dans ce pays seront servis’’ !

    Merci mon frère SOME pour ta contribution à cette analyse. J’ai toujours partagé avec plaisir les analyses fondées du jeune Oumar Ouédraogo qui suit le chemin des valeureux hommes aux plumes d’or, comme Norbert Zongo, T. Balima, C. Paré. Ici notre jeune journaliste Oumar Ouédraogo a la trempe de Norbert Zongo, nous confirme que la première cause qui mine le développement d’un pays comme le Burkina, c’est sa justice ! La première cause qui crée des crises sociales dans un pays, c’est sa justice ! Nos magistrats ont compris les faux discours de nos dirigeants depuis la nuit des temps au pays des hommes intègres, surtout quand il disent qu’il est temps de changer, de faire moins de mal aux justiciables par des décisions honteuses et injustes ! Pourtant ce n’est que du vent. C’est pourquoi nos magistrats prennent le plaisir à appliquer l’injustice au lieu de la vraie justice. Que le peuple regarde les maisons que nos magistrats construisent, la première question c’est où ils ont trouvé autant d’argent pour faire ces châteaux ? Et qui déclare quoi et comment ? Mais pour le vieux Ka, une chose est certaine, ’’’l’affaire du coup d’état à la maternelle avec Djibril Bassolé et SORO le pyromane, qui revois le diviseur né, finira de remettre le feu au Burkina dans les mois ou les jours à venir, s’il n’y a pas une justice équitable dans cette affaire.’’’ Une affaire à suivre, car la jeunesse a dit que rien ne sera plus comme avant, et l’injustice appelle des soulèvements populaires suivis des morts gratuits.

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