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Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

Publié le jeudi 6 juillet 2017 à 00h59min

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 Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

A chaque saison pluvieuse, les Ouagalais résidant dans les quartiers périphériques vivent un véritable calvaire. Difficile d’accéder à leurs domiciles. C’est le cas des habitants du quartier Noghin, dans arrondissement n°4 de la capitale. Certains sont obligés de parcourir près de 4 km supplémentaires avant de pouvoir arriver chez eux, parce que la principale voie est impraticable. Inutile d’attendre les autorités municipales qui peinent à s’installer, encore moins travailler pour les sortir de cette « galère ». Ils ont donc initié des cotisations entre voisins pour parer au plus pressé.

De plus en plus, des initiatives citoyennes se multiplient pour parer au plus pressé. A Tanghin, au secteur 17 de Ouagadougou, des voisins ont décidé de cotiser pour remblayer la principale voie menant à leur quartier, en attendant que les autorités municipales ‘’se bougent’’. Dans la solidarité, ils ont réussi à mobiliser une somme modeste à travers des contributions allant de 10 000F à 50 000F par personne.

Le 18 juin 2017, ils ont donc loué les services d’un bulldozer pour niveler les parties difficiles de la voie et faire des passages pour l’eau. Aussi, ils ont pu acheter des gravas pour boucher certaines crevasses. Toute chose qui devrait permettre de rendre la route quelque peu praticable et du coup, réduire les risques d’agressions.

Tasséré Sawadogo, le président du comité d’organisation

« L’initiative consiste à essayer de voir comment rendre la route carrossable, le temps de la saison pluvieuse parce qu’on a constaté que lors des saisons précédentes, dès que les premières pluies tombent, la voie devient impraticable des concessions environnantes jusqu’au goudron qui mène au centre-ville. Le cas le plus patent, c’est qu’il y a un tricycle qui s’est renversé la saison dernière et ça a provoqué la mort du conducteur. Donc, on a jugé bon, entre voisins du quartier, au nom de la solidarité agissante, de réunir une certaine somme afin de faire appel à un technicien des routes pour remblayer les parties difficiles. Sur une quinzaine de voisins, on a pu réunir la somme de 300 000F. Ce qui nous a permis de nous attacher les services d’un Bulldozer pour essayer de trouver des voies de passage pour l’eau, et niveler les parties difficiles. On a constaté auparavant aussi qu’il y avait beaucoup d’agressions sur la voie parce que là où les parties sont compliquées à traverser, les malfrats vous guettent là-bas, vous assomment et prennent votre engin », explique Tasséré Sawadogo, président du comité d’organisation.

Environ 1,5km de route désormais praticable

Des riverains heureux de pouvoir à nouveau emprunter leur voie principale

Plutôt que d’organiser des mouvements de protestation comme on en voit souvent, ils ont décidé d’agir, sans grands tintamarres. La plupart des contributeurs sont des gens au revenu modeste qui se connaissent, qui prennent souvent du thé ensemble. Même s’ils sont une quinzaine de personnes à porter l’initiative, l’information a été largement partagée dans le quartier. « Même dans les chapelles et les mosquées du quartier, on a passé l’information. Mais, il a fallu qu’on commence les travaux pour que certaines bonnes volontés croient à l’initiative et s’y adjoignent », précise Tasséré Sawadogo.

Aux « bonnes volontés » qui ont attendu de voir le début des travaux avant de mettre la main à la poche, s’ajoutent des contributions ponctuelles de certains usagers de la route. Il était prévu de remblayer un kilomètre environ, mais grâce à ces contributions de dernières minutes, d’autres bretelles (400m) à l’intérieur du quartier ont pu être remblayées. Au final, c’est plus de 400 000F qui ont été mobilisés pour réduire le calvaire des habitants de Noghin, non loin du château d’eau de Tanghin, après la « ceinture verte ».

Ils ont aussi pu acheter quelques gravas pour charger les trous, crevasses et autres parties où l’eau avait commencé à stagner. Ce grâce aux contributions spontanées.

Initiative renouvelée pour la 4e fois

Il ne s’agit pas d’une première pour les porteurs de cette initiative dont ils clament haut et fort le caractère apolitique et non confessionnel. Cette solidarité entre voisins s’exprimait ainsi pour la 4e fois (2011, 2013, 2015 et 2017). Mais, c’est celle de 2017 qui a le plus suscité l’adhésion des habitants du quartier « parce qu’on a rendu la chose beaucoup plus sérieuse ».

« C’est parce qu’on n’a pas de moyens, sinon on avait besoin d’une vingtaine de Camions de gravats ou de terre ‘’caillouteuses’’. Mais, on s’est contentés de cinq », soutient le président du comité d’organisation.

Anatole Bonkoungou et son conseil municipal attendus de pieds fermes

L’état de la route après le passage du Bulldozer

Cette initiative de compter d’abord sur soi-même permet de dégager la voie pour éviter les attaques, les braquages nocturnes, mais aussi réduire les accidents et autres embourbements de véhicules. Mais, l’idéal serait de traverser la réserve avec des caniveaux pour faciliter le ruissellement d’eau afin d’éviter les dégradations incessantes de la chaussée.

Pour cela, « nous comptons sur les autorités locales qui viennent d’être installées. On les attend de pieds fermes pour leur rappeler quelles sont les conditions d’accès aux quartiers périphériques qu’ils connaissent bien après avoir emprunté pour faire compagne avec succès. On attend surtout que Anatole Bonkoungou s’installe définitivement pour pouvoir lui dérouler tout le chapelet de problèmes de sécurité et d’accès au quartier Noghin de Tanghin ici », lance Tasséré Sawadogo. Le maire Bonkoungou est donc prévenu.

Des initiatives similaires sont de plus en plus menées dans d’autres arrondissements de la capitale, mais aussi dans des communes rurales. Mais, contrairement à celle de Noghin, elles sont souvent portées par des associations plus ou moins formelles.


Lire aussi : Koupéla-Fada N’Gourma : Les 80 km de calvaire et de colmatage !


Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2017 à 08:05, par Zemosse En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    Très belle et encourageante initiative. Bravo à vous. Comptons d’abord sur nous même car après tout,c’est nous qui circulons’ sur ces voies ts les jours. N’attendons pas ces faux maires pour nous faire du bien. Vous pouvez par exemple ’avec vos factures autentiques, les remettre au maire qui prendra ses responsabilités s’il est honnête et soucieux du bien être de ses administrés.

  • Le 6 juillet 2017 à 10:26, par MOREBALLA En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    Toutes mes félicitations aux initiateurs. Nous sommes témoins à Kilwin où un fortuné résident a fait un remblais devant sa concession traversé d’un PVC de 100 et se plait et jouit du calvaire de son voisinage transformé en mini barrage de ZIGA pour cause de mini digue de sa toute majesté. J’espère que ce dernier, collaborateur d’un riche orpailleur de TEMA BOKIN sait au moins lire et prendre pitié pour ces voisins. Un petit caniveau ne sera que tout bénéfice pour ôter l’habit de mon voisin est pire qu’un con, au mieux le dernier des voisins que l’on puisse s’imaginer.

  • Le 6 juillet 2017 à 10:53, par Balkuy En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    SVP n’oubliez pas les habitants de Balkuy qui font plus de 4km .
    Nous avons même des trous énormes par lesquels s’écoulent les eaux de pluie et barrent le passage aux honnêtes habitants.

  • Le 6 juillet 2017 à 11:58, par Nabiiga En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    Outre le courage que j’admire de ces citoyens, je les admire pour une autre raison : ils mettent à l’épreuve ceux qui ne passent leur temps dans des bureaux climatisés que de détourner les derniers publics. Ces gens doivent se regarder. L’argent détourné par une seule personne quelque part dans l’administration actuelle, peut commander 10.000 bennes de cailloux dont ces citoyens ont besoin pour compléter leur projet d’intérêt public.

    Parfois je me demande si les animaux ne sont pas mieux que nous. Il faut simplement penser à l’état d’âme de quelqu’un sur le point de détourner des milliards des fonds publics, rien que pour lui seul. Et les hôpitaux, les écoles, et les routes, les paysans, et l’insalubrité généralisée, et les inondations, et les femmes qui meurent comme des mouches dans les villages faute d’endroit où s’adresser. Et pourtant, tout cela n’inquiète pas ceux qui détournent à longueur de la journée les maigres sommes destinés aux mêmes projets. Le Burkina n’est pas le seul à souffrir de cette maladie, c’est partout en Afrique. Il suffit de suivre le procès du fils du Président de la guinée équatorial à Paris pour voir combien on est pire que des animaux. Comme si cela ne suffisait pas pour enrager le peuple ce pays, son père l’a nommé Vice-président. Traduction : il succèdera à son père à la Présidence. Si sans être Président, non pas pour dire que les Présidents ont le droit de détourner, il a pu détourner tant de ressources de ce pays pauvre, que ferait-il une fois sur le perchoir présidentiel. Vendre le pays avec sa population. Ahh, vraiment, les Africains

  • Le 6 juillet 2017 à 12:01, par @@GOG En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    Ce n’est pas seulement à Noghin qu’il y a des voies impraticables en hivernage,à l’ouest du Musée Nationale nous aussi nous souffrons en saison pluvieuse .Le quartier Dassasgho est plus ancien que le vôtre.Nos voies sont aussi anciennes que les vôtres mais jusque là personne n’y a pensé.Maintenant , c’est selon qu’on est dans le cercle des décideurs qu’on fait goudronner la voie qui passe devant sa cour .Ainsi vous avez des nouveaux quartiers dont les voies sont goudronnées à lors que dans certains vieux quartiers , on continue de patauger dans la boue.Face à cette démission , nous aussi nous entrevoyons faire comme ceux de Noghin mais nous n’avons pas les moyens , peut être que d’autres gouvernants penseront à nous .Sans rancune !

  • Le 6 juillet 2017 à 12:10, par jerkilo En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    Bravo aux initiateurs de cette réalisation. Mais je doute que le maire puisse rembourser les "factures authentiques", car il n’a pas de fonds pour cela. Même une caisse de menues dépenses ne peut régler ce montant. Il faut qu’il lance un appel d’offres ou une demande de prix à des entreprises pour trouver la solution. En outre le budget de la commune n°4 dépend du grand budget de la grande commune de Ouagadougou.

    • Le 7 juillet 2017 à 05:31, par Zemosse En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

      C’est ça le drame de ces mairies avec leurs procédures iniques . Quand c’est pour vendre les parcelles, détourner les fonds, "elle n’à pas les moyens " "la caisse de menues dépenses ne peut. .." du bla bla bla.......pendant ce temps les administrés triment tous les jours pour se rendre à leurs postes de travail. Bêtise humaine.

  • Le 6 juillet 2017 à 12:41, par BEN KIENDRE En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    Voilà des gens qui aiment leurs pays. Même si demain ils organisaient des marches pour exiger des autorités un soutien à leurs initiatives , qui peut raisonnablement condamner cela. ça rappelle les Travaux d’Intérêt Commun(TIC) sous la révolution.Il n’y a aucune, aucune issue à nos problèmes que de compter d’abord sur nous même. Malheureusement l’obscurité a pris le dessus sur la lumière.Les contestations , les discours, les différentes déclarations dans les presses sont trop faciles. Max disait qu’on a suffisamment décrit le monde il reste maintenant à le transformer. Au delà de la vérité il n’y a que l’égarement .

  • Le 6 juillet 2017 à 14:25, par gondo En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    felicitations a vous citoyens de ce quartier. Ca nous change des discours ou des camps qui s’opposent ne manquent pas l’occasion de se trainer dans la boue, meme dans des situations de drame, pour dire ci, pour dire ca. Ca me fait penser a cette phrase celebre dun homme celebre : au lieu de demander ce que ton pays a fait pour toi, poses toi plutot la question sur ce que tu as fait pour ton pays. Belle claque a ceux qui utilisent le peuple pour denoncer au nom du peuple ou pour en faire autrement. pitie !!!!!

  • Le 6 juillet 2017 à 14:32, par gondo En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    felicitations a vous citoyens de ce quartier. Ca nous change des discours ou des camps qui s’opposent ne manquent pas l’occasion de se trainer dans la boue, meme dans des situations de drame, pour dire ci, pour dire ca. Ca me fait penser a cette phrase celebre dun homme celebre : au lieu de demander ce que ton pays a fait pour toi, poses toi plutot la question sur ce que tu as fait pour ton pays. Belle claque a ceux qui utilisent le peuple pour denoncer au nom du peuple ou pour en faire autrement. pitie !!!!!

  • Le 6 juillet 2017 à 17:29, par Kô-tigui En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    Bonsoir
    J’apprécie à sa juste valeur ce travail d’intérêt commun. Je voulais (hélas) avoir le contact de cet entrepreneur (par le biais de fasonet) ou peut être un autre pour nous permettre dans notre quartier de rendre nos voies également accessibles !
    Merci

  • Le 7 juillet 2017 à 07:43, par SANON En réponse à : Routes impraticables : Ces initiatives citoyennes pour atténuer le calvaire des populations

    très belle initiative pour ces citoyens.
    je demande humblement à l’État qui est sollicité par tout avec la décentralisation de doter les différents commune selon l’urbanisation des caterpillar, chargeur, et des bennes pour l’entretien des des routes dans les communes et arrondissements.

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