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Gratuité des fournitures scolaires : Drissa Millogo se penche sur la mise en œuvre de cette politique dans la commune de Dédougou

Publié le samedi 17 juin 2017 à 00h17min

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Gratuité des fournitures scolaires : Drissa Millogo se penche sur la mise en œuvre de cette politique dans la commune de Dédougou

Pour l’obtention de son diplôme de Conseiller d’Administration scolaire et universitaire, couronnement d’un séjour studieux à l’Ecole nationale d’Administration et de la Magistrature (ENAM), Drissa Millogo a décidé de jeter son dévolu sur un pan important de l’éducation : la gratuité des fournitures scolaires. C’est ce travail qu’il a été appelé à défendre à la faveur des soutenances de fin de cycles (session 2017) organisées par cette école de formation de cadres. Pour jauger le travail, un jury composé de Pousgo N. Désiré, président, Charlemagne Coulibaly, représentant de l’administration et Adama Tamboura, directeur de mémoire.

« Le cartable minimum dans le cadre du transfert des compétences et des ressources aux communes. Cas de la commune de Dédougou », c’est par ce thème que Drissa Millogo a jeté son regard sur cet important volet de l’éducation. Pour mener sa réflexion, et par pragmatisme, l’impétrant a mis les projecteurs sur la commune urbaine de Dédougou, chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun, à environ 300 km à l’Ouest de la capitale, Ouagadougou.

En effet, par la communalisation intégrale et la déconcentration des services de l’Etat, le Burkina a décidé du transfert de certaines compétences et ressources aux communes. Au nombre de celles-ci, l’enseignement primaire, impliquant entre autres, la gestion du patrimoine, du mobilier et du domaine scolaire, la réalisation et la réfection des infrastructures scolaires, le personnel enseignant en classe et la gestion du cartable minimum qui sont transférés aux communes.

« Notre intérêt pour le cartable minimum dans le cadre du transfert des compétences et des ressources aux communes s’explique par le fait que la distribution gratuite des fournitures scolaires aux élèves des écoles primaires publiques contribue à rendre effective la gratuité de l’éducation, à améliorer les indicateurs d’accès et de qualité de l’éducation », a justifié le candidat. Il a indiqué avoir noté des difficultés dans la mise en œuvre du cartable minimum ; ce qui empiète sur la bonne marche des activités scolaires dans plusieurs communes. Au nombre de ces goulots d’étranglement, on retient la qualité douteuse de certains éléments du kit, l’insuffisance de la quantité de quelques matériels du kit, l’arrivée tardive des fournitures aux bénéficiaires (élèves).

En choisissant de réfléchir sur cet aspect, Drissa Millogo a voulu mettre en lumière l’importance du cartable minimum dans le processus d’apprentissage scolaire, relever les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de cette politique et, partant, proposer des pistes à même de contribuer à une bonne gestion du cartable minimum. Dans cette dynamique, il a procédé à une revue documentaire et à des enquêtes de terrain.

Ces enquêtes ont consisté en l’administration de questionnaires et de guides à 60 élèves, 60 enseignants, quatre responsables d’organisations syndicales de l’éducation, 70 parents d’élèves, trois chefs de circonscription d’éducation de base, à la responsable des marchés de la commune (de Dédougou), au secrétaire général de la commune et au responsable de la planification et des statistiques de la DPENA Mouhoun. Après avoir relevé les difficultés auxquelles il s’est heurté dans son travail (la non-disponibilité, la réticence ou la méfiance de certains acteurs dans la mise en œuvre du cartable minimum ; l’insuffisance ou l’absence de données statistiques sur la gestion du cartable minimum…), M. Millogo est revenu sur l’ossature de son mémoire avant de présenter une synthèse dudit document.

De cet exercice, on retient entre autres que, pour 95,62% des personnes enquêtées, le cartable minimum contribue à améliorer l’accès à l’enseignement primaire ; celles-ci estiment que les dépenses liées à l’achat des fournitures n’encourageaient pas certains parents à inscrire les enfants. On note également que 88,05% des enquêtés trouvent que les fournitures scolaires contribuent à améliorer les apprentissages et pour 89, 62%, la distribution gratuite des kits aide à l’accroissement du taux de promotion. Une proportion de 87, 40% des personnes interviewées trouvent que cette politique réduit aussi le taux d’abandon et de redoublement.

Mais, cette dose de satisfaction n’a pas fait perdre de vue, les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de cette politique de distribution gratuite des fournitures scolaires. En effet, dans la zone d’étude (c’est-à-dire la commune de Dédougou), 61,88% des individus enquêtés estiment que certains éléments des kits scolaires (stylos, protège-cahiers, trousses mathématiques, etc.) servis aux élèves ne sont pas de bonne qualité.

Il ressort également de ses analyses que, 83, 98% des enquêtés trouvent que la quantité de certains matériels est insuffisante (dont les plus cités sont les stylos, protège-cahiers et les cahiers). La période de la distribution des fournitures pose également problème de l’avis de 81, 96% des enquêtés qui n’apprécient pas la période à laquelle elles sont servies aux élèves. « En 2015, ils les ont reçues dans le mois de janvier. En 2017, c’est également dans le mois de janvier », a illustré l’impétrant.

Fort de ce diagnostic, Drissa Millogo propose que la gestion des fournitures scolaires soit améliorée. D’où les suggestions et recommandations à plusieurs niveaux. Elles portent sur l’assouplissement des conditions d’acquisition des fournitures scolaires, l’explication de la politique du cartable minimum à certains partenaires du système éducatif tels que les APE (associations des parents d’élèves), les AME (association des mères éducatrices) et les COGES (Comités de gestion des écoles), l’amélioration du kit et son extension aux écoles primaires privées et post-primaires.

Favorable à la pérennisation du cartable minimum, Drissa Millogo préconise la mise en place d’un mécanisme rigoureux de suivi-évaluation. Aussi estime-t-il que les services techniques comme les CEB (Circonscriptions d’éducation de base), les DPENA (directions provinciales de l’éducation nationale) doivent être associés à la sous-commission technique pour l’appréciation des échantillons. Il a, en outre, prôné l’allègement des procédures de passation des marchés pour l’acquisition des kits scolaires.

« Pour que le cartable minimum soit très utile et contribue à l’amélioration des indicateurs de performance de l’enseignement primaire, il serait bon que les élèves reçoivent les fournitures dès la rentrée scolaire », a appelé, en guise de conclusion, Drissa Millogo, faisant ainsi place au jury pour l’appréciation du travail. Moment au cours duquel, les membres du jury ont, à tour de rôle, relevé les mérites du travail et les perspectives du mémoire. Au terme des critiques, et devant de nombreux parents, amis, collègues et autres proches, le jury a accueilli le mémoire par une note de 16 sur 20, avec la mention « Très bien ». Félicitations et encouragements ont donc accompagné le désormais Conseiller d’Administration scolaire et universitaire dans sa nouvelle carrière.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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