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Mois de Ramadan à Ouagadougou : Le business de la vente des galettes est très florissant

Publié le jeudi 8 juin 2017 à 00h02min

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 Mois de Ramadan à Ouagadougou : Le business de la vente des galettes est très florissant

Pendant le mois béni de Ramadan, la vente des galettes est une activité génératrice de revenus dans la capitale burkinabè. Un tour dans quelques quartiers de la ville a permis de se faire une idée de l’ampleur du phénomène et de recueillir de plus amples informations sur ce commerce.

La galette fabriquée à base de petit mil, de riz, de maïs ou autres céréales est très prisée, surtout pour la rupture du jeûne des musulmans à Ouagadougou. Chez une vendeuse de cette friandise, nous avons suivi le processus de sa confection, à base de petit mil dûment moulu et mélangé à de la bouillie de riz. La pâte ainsi obtenue est ensuite cuite à l’huile et vendue à un prix variant entre 10 F CFA et 25 FCFA. Ainsi, pendant ce mois de Ramadan, le nombre de femmes qui s’adonnent à cette occupation a considérablement augmenté dans la cité.

Aux environs de 15 heures, dans l’ex-quartier Zangoetin, actuellement projet ZACA en chantier, nous apercevons de loin une longue file de femmes qui se consacrent à cette activité. Chacune d’elle disposant d’une bouteille de gaz pour la cuisson. Certaines vendent des galettes de petit mil ou de riz, et d’autres les deux à la fois. Outre les galettes, on y trouve d’autres aliments qui concourent à la rupture du jeûne.

Pour une des vendeuses de galettes de riz, Sétou Sana, ancienne habitante du quartier avant sa démolition, ses galettes se distinguent de celles des autres par leur goût plus relevé en sucre et la douceur de leur saveur qui, lorsque l’on en a déjà goûté, mettent l’eau à la bouche à la prochaine visite. S’agissant du choix du lieu, Mme Sana laisse entendre que cet endroit constituait autrefois leur quartier et la vente des galettes leur activité. « Nous nous retrouvons ici chaque année au mois du jeûne de Ramadan pour réitérer notre commerce. Aussi, chacune est assise devant ce qui était sa concession, tout en conservant autant que possible sa clientèle d’avant », a-t-elle signifié.

Il est à constater que la vente des galettes exige une certaine hygiène et comporte également quelques difficultés. « Le problème majeur que je rencontre actuellement, c’est le gaz : la grosse bouteille dure à peine trois jours », confie dame Sana. Un peu plus loin, toujours vers le projet ZACA, précisément sur la rue passant devant la mosquée des Sunnites, un engouement inhabituel pouvait être observé à tel point qu’on se croirait au grand marché de Ouagadougou. Des vendeurs de soutanes et des objets de piété islamique, de dattes, de viandes d’un côté et de l’autre des vendeuses de jus de gingembre, bissap, ananas et de souchi faisaient maison, sans oublier l’eau blanche communément appelée zoom-koom.

En somme, tout ce qui est nécessaire à la rupture du jeûne le soir est à portée de main devant la mosquée. Et, cela a été rendu possible, de l’avis des occupants, par les responsables de la mosquée.
Une vendeuse occasionnelle de galettes dont raffolent les candidats à la rupture du jeûne, Awa Zoundi, a affirmé avoir appris sa technique de confection dès son jeune âge auprès de sa génitrice. « C’est l’occasion pour moi en ce mois béni de ramadan, de me faire de l’argent afin de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Mais de fait, je fais œuvre utile également en facilitant la rupture du jeûne des coreligionnaires », a-t-elle déclaré. La spécificité des galettes de Mme Zoundi, est la saveur-banane de ses galettes que l’on trouve rarement ailleurs.

Des gains journaliers substantiels

Cette activité, sans que l’on le soupçonne, rapporte des gains substantiels à ces femmes. Et à Mme Zoundi de confirmer cette hypothèse. « En fonction de l’affluence de la clientèle, je peux vendre 5 000 à 10 000 FCFA par jour », s’est-elle empressée de mentionner, avant d’ajouter : « certaines personnes viennent de loin payer mes galettes, pas parce qu’elles sont musulmanes ou qu’elles ont jeûné mais plutôt pour leur propre plaisir et parce que le bouche à oreille a fait connaître l’emplacement de mon commerce ». Elle ne se plaint pas de l’affluence de la clientèle qui le lui rend bien en numéraires.

Continuant l’investigation, nous nous sommes retrouvés au quartier Dapoya, dans la famille Téguéra, connue pour la vente des galettes. Même constat, des femmes qui s’attèlent à la cuisson des galettes pour la rupture du jeûne. Pour Roukiatou Téguéra, en plus d’être un métier, la commercialisation des galettes est une passion. « Je mets à la disposition de ma clientèle deux types de galettes : celles du petit mil et du riz que je cède aux prix unitaires de 10 et 25 FCFA », indique-t-elle. Son gain journalier est conditionné par l’afflux des consommateurs. Pour elle, la constance de leur présence devant le feu peut nuire à leur santé. Consciente de cela, elle a alors opté depuis un certain temps pour le gaz, plus pratique. Contrairement à certaines, elle a déploré l’affluence de la clientèle qui devient de plus en plus rare, comparativement aux années antérieures.

« Seule la datte peut être considérée comme une denrée obligatoire »

De l’avis d’un riverain du projet ZACA, Lamoussa Ambroise Balma, la qualité des galettes vendues est acceptable. L’hygiène est respectée et surtout les prix sont abordables. « S’il faut soustraire le prix du gaz, de l’huile et du sucre, on voit vraiment qu’elles ne gagnent pas grand-chose », estime M. Balma. Aussi, il assure n’être pas musulman, mais achète toujours les galettes pour son plaisir et aussi pour le partager avec ses voisins musulmans. Pour un second client, le commerçant Hamidou Sawadogo, les galettes ne constituent pas un met obligatoire pour la rupture du jeûne.

« Chacun est libre de consommer ce qui lui plaît. Seule la datte peut être considérée comme une denrée obligatoire et ayant un sens en islam », soutient M. Sawadogo. Abondant dans le même sens, Moussa Boly, retraité domicilié à Dapoya, juge bon que les galettes servent pour la consommation mais aussi à faire des offrandes. Toutefois, il n’a pas manqué de déplorer la qualité des huiles chez certaines vendeuses. « La même huile est utilisée pendant des jours, ce qui donne une toute autre odeur aux galettes », dénonce M. Boly.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 juin 2017 à 10:05, par Kankelen En réponse à : Mois de Ramadan à Ouagadougou : Le business de la vente des galettes est très florissant

    "....Seule la datte peut être considérée comme une denrée obligatoire et ayant un sens en islam ", soutient M. Sawadogo.
    Pas tant que ça mon frère Sawadogo. La rupture du jeûne avec de la datte n’a pas un caractère obligatoire. Il faut rappeler qu’à l’évènement de l’Isman, la datte était le fruit le plus rependu en Arabie. Tout le monde pouvait y avoir accès, le pauvre comme le riche, tout le monde pouvait se l’offrir. C’est ainsi qu’il a été recommandé, entre autre, de rompre le jeûne avec.
    Retenez également que l’Islam n’impose rien au fidèle qui soit hors de sa portée. Le Burkina n’est pas un pays producteur de datte donc on peut valablement la remplacer par un autre produit pour peu que celui-ci soit licite.
    Qu’Allâh répande sa miséricorde en cette période de jeûne sur notre très cher pays.
    Qu’Il recompense votre pénitence chers frères et soeurs en Islam. Amen !

    • Le 8 juin 2017 à 11:50, par LoiseauDeMinerve En réponse à : Mois de Ramadan à Ouagadougou : Le business de la vente des galettes est très florissant

      Monsieur KANKELEN, je suis sûr qu’un parent ou voisin non musulman t’a offert un paquet de sucre.
      celui qui contribue fait également pénitence car il aurait pu orienter cette dépense ailleurs ; et pourtant selon votre proclamation
      "Qu’Il récompense votre pénitence chers frères et sœurs en Islam. Amen !" est plutôt ségrégationniste me semble-t-il au lieu prendre en compte même nous autres.

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