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5e édition de la Journée de solidarité : La Commission épiscopale « justice et paix » était aux centres d’accueil de Paspanga et de Sakoula

Publié le lundi 29 mai 2017 à 00h12min

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5e édition de la Journée de solidarité : La Commission épiscopale « justice et paix » était aux centres d’accueil de Paspanga et de Sakoula

Le centre Delwendé de Sakoula a servi de cadre à la célébration de la Journée de solidarité, le 27 mai 2017, à Ouagadougou. 5e édition du genre après la 1ère en 2011, elle marque d’une pierre blanche la commémoration de la fête des mères. La cérémonie avait pour marraine, madame l’ambassadeur du Danemark près le Burkina Faso, Ulla Naesby Tawiah.

« Exclusion sociale des femmes, source de rupture de l’attachement mère-enfant. Pas un enfant sans sa mère à ses côtés, pas une mère sans son fils près d’elle. Ensemble, disons non à l’exclusion sociale par allégation de sorcellerie de nos mères ». Tel était le thème de la 5e édition de la Journée de solidarité (JS) dont le géniteur est la Commission épiscopale justice et paix (CJP). L’objectif poursuivi à travers cette journée était de promouvoir les droits des personnes âgées ; témoigner l’affection et le soutien à ces « sans voix ». « C’est aussi une occasion pour sensibiliser les gens. Certes, elles mangent bien, dorment bien mais qui pense à elles les jours ordinaires depuis qu’elles sont là. C’est bien que de temps en temps, on parle et que les médias viennent écouter pour dire à tous les Burkinabè qu’il y a quelque chose qui ne va pas », ajoute le président de la CJP, Monseigneur Thomas Kaboré.

Ce sont au total 222 femmes et 5 hommes handicapés mentaux qui vivent au centre Delwendé et 68 autres à la cour de Solidarité de Paspanga. « Rejoindre leurs familles », est le vœu le plus ardent des pensionnaires. Le président de la commission Kaboré a embouché la même trompette : « Elles ne veulent pas être assistées, elles veulent rentrer chez elles. Ça se comprend et c’est possible ».

81 femmes ont regagné leurs familles

Cela est effectivement possible grâce au projet « d’appui à la lutte contre l’excision sociale et les violences faites aux femmes : Cas des femmes accusées de sorcellerie au Burkina Faso ». Il est mis en œuvre par la CJP depuis 2010 avec l’appui financier en partie du Fonds commun genre par le biais du gestionnaire du fonds Diakonia. En termes de résultats, le président de la CJP cite avec satisfaction la réinsertion sociale de 81 femmes dont 6 réinsérées en partenariat avec le ministère de la justice, des droits humains et de la promotion civique. Ce, dans le cadre de la feuille de route de retrait et de réinsertion des personnes exclues pour allégation de sorcellerie. A cela s’ajoute l’éveil de conscience des populations des localités enclines à ces pratiques. Sans oublier, la forte implication des acteurs dans la lutte contre le phénomène notamment certains chefs coutumiers et religieux.

Le phénomène a la peau dure

Cependant, le représentant des responsables des centres, Benjamin Kaboré, a dit avoir un pincement au cœur. « Malgré la sensibilisation et la diminution du nombre de pensionnaires, le retour dans les familles progresse lentement. Car, pour trois femmes qui quittent le centre, c’est une autre qui arrive, avec toujours la même histoire d’exclusion », a-t-il expliqué. Aussi, poursuit-il, « en cette année 2017, au centre Delwendé, nous avons eu 3 retours en famille, 7 arrivées et 6 décès ». Outre l’exclusion sociale par allégation de sorcellerie, d’autres raisons sous-tendent la présence « des mamans » au centre. Il s’agit de la pauvreté, la méchanceté des villageois, la polygamie qui suscite la jalousie entre les coépouses, selon le président de la CJP.

Cette situation n’est pas sans conséquences sur la situation de leurs enfants. « Beaucoup de ces enfants se retrouvent dans la rue ou maltraités parce que, même si le mari a une deuxième femme, celle-ci ne s’occupera pas forcément des enfants laissés par la première ». Partant de cette hypothèse, toutes les personnes qui participent passivement ou activement, à l’exclusion d’une femme accusée de sorcellerie devraient être punies par le code pénal, sous la forme d’une amende. Le secrétaire du centre Delwendé propose mieux. Selon lui, le code pénal devrait prévoir un article réprimant les « détecteurs » de « mangeuses d’âme », le chef du village où la femme est chassée, le chef de la famille et tous ceux qui participent à la cérémonie d’exclusion.

Ensemble pour des actions durables !

La marraine, madame l’Ambassadeur du Danemark, Ulla Naesby Tawiah, pour sa part, est revenue sur la présente journée, qui du reste, interpelle tous à agir pour des actions durables. En effet, « outre l’adoption de la loi portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes, il est essentiel de créer et de consolider au sein des communautés, des espaces et mécanismes de dialogue, et d’action sur l’exclusion sociale en général et celle des femmes en particulier », insiste-t-elle. Toute chose qui permettra de privilégier des solutions élaborées et portées par les communautés elles-mêmes.

A chacun sa mamie, tantie ou filleule

La seconde phase de la journée a été marquée par une cérémonie d’adoption/parrainage. Il s’agit d’une activité sociale et humanitaire qui consiste à permettre aux hommes et femmes de bonne volonté d’adopter une pensionnaire à travers un tirage au sort. Leur rôle est de redonner de la dignité humaine, de l’espoir et la joie de vivre à sa « maman adoptive » à travers des visites périodiques, échanges, petits gestes (…). A l’occasion donc de la 5e édition de la JS, les pensionnaires Wango Rosalie Kaboré et Yiispoko Koala ont été les plus chanceuses. La première a eu pour fille, madame l’ambassadeur du Danemark. Quant à la seconde, son fils est Andrew Yioung, l’ambassadeur des Etats Unis.

Bien avant les allocutions, les promoteurs, pensionnaires et invités ont chanté et loué le fils de Dieu, Jésus Christ. C’est autour d’un repas communautaire qu’ils se sont quittés.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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