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Présidentielle 2005 : Me Sankara lâche la députation pour la présidence

Publié le mardi 7 juin 2005 à 13h00min

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L’Union nationale pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) a organisé une conférence de presse le lundi 6 juin 2005 dans la salle de conférences de Ran Hôtel. Face à la presse, le président du parti, Me Bénéwendé Sankara, a annoncé sa démission de l’Assemblée nationale.

Au Burkina, les démissions sont très rares. Et l’acte que vient de poser le député Me Bénéwendé Sankara, par ailleurs président de l’UNIR/MS, a laissé plus d’un journaliste quelque peu interloqué. D’ailleurs si notre mémoire est bonne, c’est la première démission d’un député de cette 3e législature. Tel un couperet, la décision est tombée de la bouche même du concerné : « Je vais vous surprendre sans vous étonner. Je viens de déposer ma demande de démission à l’Hémicycle ».

La raison en est, selon lui, simple : « Point n’est besoin de spéculer outre mesure, car la fonction de député n’est ni une fonction inamovible, ni une fin en soi. Les fins pour moi étant d’apporter à notre peuple une vraie justice sociale faite de progrès et de liberté dans un Etat de droit et de démocratie véritable. Pour ma part les moyens pour y parvenir sont essentiellement politiques ».

« Docteur honoris causa de toutes les universités ? Non, merci »

A travers leurs questions, on voyait que les journalistes présents ne voulaient pas se laisser compter si facilement. Y a-t-il incompatibilité entre le poste de député et la présidentielle ? Cette décision est-elle opportune ? N’est-ce pas parce que quelque part, ses espoirs ont été déçus ?N’y a-t-il pas d’autres raisons que le député cache aux uns et aux autres ? Tels ont été les premiers jets de questions à l’adresse de l’élu fraîchement démissionnaire.

Il reconnaîtra qu’il ne s’agit pas d’incompatibilité entre les deux occupations ni d’inopportunité ou d’espoirs déçus, car, précisera-t-il, « c’est Me Bénéwendé qui part. Ce n’est pas l’UNIR/MS, qui compte trois députés ». D’ailleurs, ce partant sera remplacé par son suppléant, qui mangera le gombo restant pour les deux années à venir. « Je n’ai pas la folie du pouvoir et ne suis pas celui qui tient à se faire docteur honoris causa de toutes les universités », a martelé le président de l’UNIR/MS.

Me Sankara veut poser ses valises à la présidence

Après avoir quitté le prétoire pour la rue, la rue pour l’Hémicycle, que va donc faire le président du parti de l’œuf dans les six prochains mois ? Il dira avec le sourire et l’humour qu’on lui connaît que « Me Sankara va poser ses valises à la Présidence. Ce qui est sûr est que si je suis élu, je n’irais pas à Ouaga 2000, encore moins à Ziniaré ». Pour parler plus sérieux, il dira qu’il pourrait se réinscrire au cabinet de l’Ordre des avocats, afin de renouer avec ses anciennes amours.

A ce propos, l’occasion n’a pas manqué pour les journalistes d’évoquer ce serpent de mer, à savoir les indemnités des 33 travailleurs de X9. « Les 33 travailleurs savent à qui s’adresser pour prendre leur argent. Il y a eu des journalistes qui ont même écrit que Me Sankara a trempé ses moustaches. Pourtant, mes moustaches sont restées sèches. J’ai toujours dit que ce dossier est clos devant notaire et archivé dans mon cabinet. Il n’ y a que ceux qui ont intérêt à le faire qui continuent d’en parler ».

Dernièrement, au sein d’Alternance 2005, une coalition s’est formée pour soutenir Me Hermann Yaméogo à la prochaine présidentielle. A l’époque, des hommes de médias s’en étaient inquiétés, se demandant si ce fait ne fragiliserait pas le groupe Alternance 2005.

Il leur avait été répondu par la négative en arguant que c’était prévu dans les textes. Le président de l’UNIR/MS, qui fait partie des trois présidentiables d’Alternance 2005, ne semble pas beaucoup apprécier la chose : « Les amalgames et les confusions me gênent à Alternance. Le fait que le coordonnateur du regroupement (NDLR : Issa Tiendrébeogo) soit en même temps le coordonnateur d’une coalition pour soutenir un de nos trois candidats peut créer une confusion au niveau de nos militants ». Après donc la défection du RDEB, du PDP/PS et du FFS d’Alternance 2005, le risque d’une autre hémorragie n’est pas écarté.

Pour en revenir au démissionnaire, et en lisant entre les lignes ses propos, on remarque que c’est un parlementaire déçu qui jette l’éponge, pour ne pas dire l’écharpe, et qui semble avoir perdu ses illusions sur cette législature : « L’Assemblée nationale d’aujourd’hui n’est pas celle à laquelle je pensais en 2002 » , dira-t-il en substance. C’est en somme l’histoire d’un député dépité.

Issa K. Barry
L’Observateur

P.-S.

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