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Violences en politique : Tirer la sonnette d’alarme

Publié le lundi 6 juin 2005 à 07h46min

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A l’approche de l’élection présidentielle de novembre 2005 et des municipales de l’année prochaine, un phénomène est en train de faire insidieusement son nid. Si l’on n’y prend garde, il pourrait nous replonger dans les affres et les horreurs d’une époque récente.

Il s’agit des "accrochages", pour ne pas parler des "affrontements" qui opposent entre eux, des "militants" du parti au pouvoir, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, mais aussi des menaces entre "militants" de partis adverses.

La dernière manifestation qui nous a donnée de constater a eu lieu le 2 juin dernier à Tanghin-Dassouri, chef-lieu d’un département du Kadiogo, à 25 km à l’Ouest de Ouagadougou, la capitale. Ce jour-là, le CODECO, (le Collectif pour la défense de la constitution) programme une marche qui se voulait pacifique contre la candidature du président Blaise Compaoré, mais aussi contre la vie chère. Et cela avec l’autorisation des autorités de la préfecture. Malgré tout, des éléments qui se disent des "ABC", les Amis de Blaise Compaoré, armés de gourdins, ont tenté d’empêcher la manifestation.

Un cas de ce genre s’est produit récemment à Bogodogo, un arrondissement de la capitale où on a frôlé l’affrontement entre éléments du CODECO et ceux des ABC, les derniers tentant là aussi d’empêcher les premiers de marcher.

Et que dire des militants du parti majoritaire qui se sont affrontés à Gourcy, chef-lieu de la province du Zondoma et à Pô, à l’Est du pays pour ne citer que ces exemples !

Des responsables de l’opposition, notamment ceux du Collectif pour la défense de la constitution voient dans ces manifestations, la main du pouvoir et du parti majoritaire.

Le CDP a pourtant condamné et rejeté ces comportements qui ne peuvent être le fait de ses militants. Il a d’autre part, rappelé tout son attachement à l’exercice des libertés publiques et à l’Etat de droit.

La démocratie, on ne cessera jamais de le répéter, c’est d’abord et avant tout le débat contradictoire et aucunement "l’option" physique et frontale. D’aucuns soutiennent qu’aussi loin qu’on remonte dans le temps, la politique a toujours été source de violences physiques. A l’appui de cette affirmation, ils citent, entre autres, les élections en pays moaga qui s’accompagnent souvent de pleurs et de sang.

Autre époque, autre mœurs politiques même si Machiavel demeure pour des hommes politiques un maître à penser. Pour ceux-ci, l’homme est ainsi né qu’il ne comprend que le langage de la force et qu’il n’obéit qu’à lui seul.

Le Burkina a souffert énormément de ces violences en politique en termes de perte de son image de marque et d’argent. Il a tourné le dos à ces survivances du passé qui sont essentiellement liées à l’état d’arriération socioéconomique comme l’analphabétisme et les pesanteurs sociologiques.

L’explication principale qu’on peut donner à ces "querelles" à l’approche des élections réside dans la recherche de positionnement, de leadership. Pour ce faire, on développe à souhait les intrigues, les coups bas, les limogeages de militants. Derrière toutes ces manifestations, il y a des mains expertes en manipulation, en instrumentalisation.

Disons des pyromanes qui exploitent, sans honte, le manque de culture politique, civique de ces hommes et femmes qui, s’ils connaissaient bien leurs droits, ne se laisseraient pas manipuler. Le professeur Augustin Loada ne soutient-il pas que la démocratie ne fonctionne bien qu’avec un peuple instruit et éduqué ?

Les principaux responsables politiques avec le président du Faso en tête, veulent que les élections à venir se déroulent dans la paix, la transparence, la liberté, l’équité. Autrement dit, ils veulent des élections propres aux résultats incontestés et incontestables.

Pour en arriver là, il faut mettre fin à ces affrontements qui peuvent menacer la paix sociale. Cette responsabilité incombe à tout le monde, opposition comme pouvoir et aux organisations de la société civile. D’où la nécessité d’un pacte républicain qui passe par l’élévation de la conscience citoyenne pour une démocratie forte et apaisée.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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