LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Jeunesse militante : Entre ambitions et parasitisme

Publié le lundi 6 juin 2005 à 07h24min

PARTAGER :                          

Les masques sont-ils, enfin, tombés au niveau de toutes ces nombreuses structures animées par une jeunesse se réclamant d’un militantisme ’’exemplaire’’ ? De nombreux signes semblent l’attester, mais il y a loin de la coupe aux lèvres.

Si au départ l’association des ’’Amis de Blaise Compaoré’’ faisait figure d’association discrète et suffisamment policée, on ne pourrait pas en dire autant actuellement quand on constate des « J.ABC » se tirer dessus à boulets rouges pour toutes sortes de problèmes.

C’est là une des conséquences de vouloir ratisser trop large en « hyper »-décentralisant. Après des militants CDP, voilà des ABC qui se mettent sur la sellette. La chance reste cependant que dans ce cas précis les récriminations et autres sautes d’humeur peuvent rapidement être circonscrites : tout tourne autour d’un seul et même homme qui ne semble pas du tout près de vendre ses droits d’auteur ! Il n’a qu’à appeler les déçus et les grognons et leur poser ’’la question de confiance’’, comme on dit. On murmure que certaines velléités auraient été étouffées de cette façon tout à fait naturelle.

Depuis que les politiques ont compris que la jeunesse n’était pas seulement du « bétail électoral », on a assisté à l’éclosion de ces structures sans statut réel sur le terrain. Ont-elles été enregistrées comme formation politique et comme faisant partie de la société civile ? Il semble indiqué que le ministère de l’Administration territoriale en donne un éclairage plus précis car tout le monde nage dans le brouillard.

Outre les ABC, une autre structure est apparue, le CODECO, Collectif pour la défense de la Constitution, dont on connaît les objectifs, ou du moins le plus préoccupant pour lui, qui est que Blaise Compaoré ne se présente pas. Plusieurs questions peuvent être posées : le président du Faso aurait-il déposé sa candidature en catimini, puisqu’on la lui conteste ? Ensuite, n’est-ce pas se moquer magistralement de ces braves gens de la Chambre constitutionnelle, commis à nous dire qui peut être candidat ou non ?

De source généralement digne de foi, cette structure « collective » aurait plutôt été adroitement récupérée par les dirigeants de l’UNDD. L’initiative serait venue d’un petit groupe de jeunes qui espéraient en faire une association qui aurait pu être classée aux côtés de mouvements comme le MBDHP. On affirme que c’est l’affiliation massive des militants UNDD à la structure qui a fini par en faire une ’’affaire’’ de l’UNDD.

De plus en plus, on rencontre les jeunes partout où il est question de politique, à présent que les places dans les structures de lutte contre le SIDA sont quasiment toutes prises. Il y a plusieurs raisons en cela, en dehors même du phénomène crucial des jeunes ; des jeunes diplômés surtout. Il y a qu’à présent, pour des raisons que l’on s’explique mal, le travail - et surtout bien fait - ne semble plus être la préoccupation majeure de jeunes lorsqu’ils savent qu’ils pourraient bien se nourrir... en se tournant les pouces !

En cela, certains projets initiés de l’extérieur demeurent de véritables universités de l’oisiveté. Suivez le regard. Aux côtés de ce genre d’oisifs professionnels se trouvent les bébés politiciens dont les ambitions sont claires : prendre un jour la place des « kôrô ». S’ils ne l’affichent pas clairement, ils le pensent profondément, d’où ce zèle mis par les uns et les autres pour se faire remarquer, surtout, par le bailleur de fonds qui, bien qu’absent sur le terrain des opérations, n’accorde sa confiance qu’à celui que son flair aura désigné comme le plus apte à faire aboutir sa stratégie.

D’où ces coups fourrés et autres chausse-trappes constatés au sein des structures de la jeunesse militante du Faso. Alors que les politiques pensent qu’ils restent les maîtres manipulateurs du jeu, les jeunes font la même réflexion et gardent l’avantage de la mobilité instantanée, prêts à changer de camp car le temps presse et, pour eux, c’est plus vite, plus haut, plus gros.

Il n’y a rien d’étonnant à ce phénomène, cette espèce de parasitisme que les hommes politiques continuent d’alimenter ! Combien de partis politiques se sont-ils réellement penchés sur les problèmes de la jeunesse ? On continue de s’en servir sans aucune considération, pour eux-mêmes, en raison des valeurs actuelles ou potentielles résidant en eux. Combien de partis ont-ils initié, même de façon indirecte, des projets en direction des jeunes : coopératives, micro-entreprises ?

L’ancrage des idéaux d’un parti se fait dans le temps et à plusieurs niveaux. Or, que constate-t-on : il est plus facile à un homme politique du Faso de dépenser deux millions de CFA pour un de ses meetings que d’offrir un moulin à grains à des jeunes voulant s’organiser ! Si cette propension à forcément vouloir mettre en valeur des actions tout à fait occasionnelles à grand renfort de médias perdure, c’est plus dû au désuvrement qu’au plaisir qu’auraient les jeunes à s’échiner à asseoir la notoriété d’un individu susceptible de les oublier à tout moment.

Pour l’heure, c’est l’émotion totale avec la disparition du général Lamizana, mais les vacances scolaires sont là, qui rouvriront les cicatrices de l’objet de notre propos, à savoir la naissance de ces parasites qui osent à peine s’avouer, fabriqués par des faux calculs.

A. Pazoté

JOurnal du jeudi

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique