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Obsèques du président Lamizana : la reconnaissance populaire à la droiture et à l’intégrité

Publié le lundi 6 juin 2005 à 07h35min

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Les morts ne sont pas morts, a-t-on coutume de dire. C’est une vérité qui prend encore plus de relief dans le cas du général Aboubacar Sangoulé Lamizana. Décédé le 26 mai dernier, l’ancien chef de l’Etat burkinabè a réussi la prouesse de réunir l’unanimité sur ses qualités d’homme intègre et de dialogue.

La mobilisation populaire qui a entouré ses obsèques est le témoignage d’une reconnaissance du peuple à un leader politique qui a marqué positivement son esprit. Il y a, visiblement, une nostalgie du temps Lamizana. Bien qu’ayant quitté le pouvoir il y a quelque vingt-cinq ans, le général-président, jusqu’à son dernier souffle, était adulé par la population, toutes couches sociales confondues. C’est une vraie leçon de bonne conduite qu’il donne à ses successeurs.

Chantre de la tolérance et de la bonne gouvernance, le général Lamizana restera, dans l’imagerie populaire, le modèle du politique qu’il faut au Burkina Faso pour que le pays se fasse une place au soleil.
Même la jeune génération, qui n’a pas connu le pouvoir de Sangoulé Lamizana, s’en fait une bonne idée à force d’entendre les aînés évoquer avec regrets "ce bon vieux temps où il y avait à boire et à manger".

Par sa droiture dans la gestion de la chose publique, le défunt président a mis le Burkina sur l’orbite de l’ajustement avant l’heure. Si, en dépit de la garangoze, pourtant décriée par les travailleurs, Lamizana continue de bénéficier de tant de sympathie, c’est qu’il a su tisser un contrat de confiance solide avec son peuple.

On se rappelle, en effet, qu’au début des années 70, le ministre chargé des Finances, le général Marc Garango, avait imposé une coupe sombre des indemnités et des salaires afin d’assainir les finances publiques. La pilule fut difficile à avaler, mais la mesure s’est révélée plus tard salvatrice pour l’Etat burkinabè. La méthode Lamizana avait fini par convaincre de l’utilité de ces mesures difficiles et impopulaires.

Au moment où il est question de bonne gouvernance, les hommes politiques actuels auront tout intérêt à revisiter la méthode du vieux Samo pour surtout comprendre que, par principe, les peuples ne s’opposent pas aux sacrifices qu’on leur demande. Ils sont plutôt choqués de l’utilisation désastreuse qui est faite du fruit de leur travail.

En renvoyant l’ascenseur au général par ce quitus de bonne gouvernance politique, le peuple du Burkina indique la voie à suivre aux hommes politiques. A défaut d’être des "Lamizana bis" dans le domaine du dialogue social et de l’humilité, les politiques d’aujourd’hui doivent le prendre pour modèle afin de construire un lien solide avec le peuple.

La nostalgie de la période Lamizana est si forte au sein des populations que les principaux acteurs de sa chute le 25 novembre 1980, pris de remord, ont tous pratiquement fait leur mea culpa. Des responsables syndicaux qui lui ont rendu la vie dure aux colonels qui lui ont porté le coup de poignard, chacun essaie d’expliquer qu’il l’a fait à son corps défendant.

Par ces moments d’intenses émotions, il y avait effectivement de gros risques de se mettre le peuple à dos en se présentant comme un adversaire du général-président, fût-ce dans le passé.

Des hommes d’une telle qualité méritent la reconnaissance de la nation et les autorités auraient dû s’atteler plus tôt à immortaliser son nom sur des monuments, places et rues de nos villes. L’initiative du conseil municipal de Ouagadougou de baptiser une des avenues de la capitale de son nom ne se fera plus qu’à titre posthume.

C’est pourquoi les autorités doivent faire l’effort de dépasser les considérations de politiques politiciennes pour reconnaître la valeur intrinsèque des fils du pays. Le débat sur l’attribution de noms de valeureux citoyens à nos universités doit être positivement tranché pour être un stimulant à l’excellence avant que, là encore, il ne soit trop tard...

Adam Igor
Journal du jeudi

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