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Décentralisation au Burkina : La spécialisation régionale, un atout de développement

Publié le vendredi 3 juin 2005 à 07h22min

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M. Fabré, ministre de l’Administration territoriale

La rencontre entre l’Université de Limoges et celle de Ouagadougou à la mi-avril afin de mener des recherches relatives à l’aménagement du territoire des collectivités locales augure d’un renouveau dans la conduite des affaires locales.

L’expérience qui sera menée dans la province d’Oubritenga, ainsi que le prévoit la table ronde qui a eu lieu le 15 avril 2005 à l’Université de Ouagadougou, est, à ce titre, prometteuse.

La quête du développement que nous entendons ici par processus constant d’amélioration des conditions de vie des citoyens et leur plein épanouissement, nous semble s’acheminer vers une dynamique irréversible de responsabilisation des collectivités territoriales, en amont comme en aval. Il est vrai que l’orientation stratégique des axes pour impulser le développement est le fait de l’Etat qui, seul, a la compétence pour gérer le territoire national et d’y imprimer ses choix, mais il devient indispensable, pour s’assurer l’effectivité et l’efficacité de sa mise en œuvre, de mettre à contribution des collectivités, non seulement dans la formulation stratégique, mais aussi dans les choix opérationnels.

Un travail d’inventaire des potentialités reste à faire

Si ceci fonde le nécessaire apport des collectivités territoriales à notre processus de développement, il reste qu’un travail d’identification de leurs potentialités est à faire. Sans évacuer les travaux qui ont pu être faits par les structures étatiques en la matière, nous insistons sur le rôle complémentaire des collectivités territoriales, prises individuellement et collectivement.

La collectivité territoriale, la commune et bientôt la région, après les élections prévues en 2006, est interpellée en cela à trois niveaux : en premier lieu, elle doit répertorier les activités qui sont menées sur son territoire dans le but de savoir "qui fait quoi ?". Du reste, ceci peut constituer une source fiable pour, entre autres, lever l’impôt. En second, lieu il lui faut déterminer avec exactitude les potentialités dont elle regorge, ainsi que toutes les activités, sans exclusives, qui peuvent profitablement être menées sur son territoire.

Ceci permet de savoir dans quels domaines des investissements rentables peuvent être réalisés pour permettre "un décollage" de la collectivité. En dernier lieu, il s’agit de faire un travail de comparaison entre les activités réalisées et les potentialités de la collectivité territoriale et celles des autres collectivités. L’inclusion des coûts des facteurs permet d’avoir une nette connaissance des taux de rentabilité des investissements. Les collectivités territoriales peuvent se rencontrer à l’occasion d’un forum, pour analyser les potentialités de chaque entité, des activités qui y sont réalisables et de leur pertinente mise en valeur.

Une carte des avantages comparatifs de chaque collectivité territoriale permet dès lors de mieux orienter les investissements pour qu’ils aient un rendement optimal et concourent à l’atteinte des objectifs macro-économiques fixés par les autorités compétentes. Une telle démarche offre une plus grande visibilité des potentialités réelles de nos collectivités territoriales, favorise des investissements ciblés, conséquents et structurants, et offre à l’Etat un outil d’aide à la décision en matière d’aménagement du territoire.

Dans l’hypothèse d’une stratégie de développement fondée sur la spécialisation régionale, elle pourrait renforcer les choix dans le cadre de l’intégration régionale, et fortifier la cohésion sociale en valorisant les spécificités régionales. Ce travail difficile, si l’on tient compte des moyens humains et matériels à utiliser pour réaliser, est du ressort des autorités communales et régionales. La région semble cependant mieux indiquée pour en assurer le pilotage eu égard aux compétences en matière d’aménagement du territoire qui lui sont dévolues ; les gouverneurs peuvent anticiper sur les présidents des Conseils régionaux en ce domaine. Les associations de développement, les organisations qui agissent sur le territoire de la collectivité et les ressortissants de la localité peuvent jouer un rôle de premier plan en la matière.

Le recours aux compétences locales, auxquelles peuvent être associés des bénévoles et les acteurs de la coopération décentralisée permet de réduire le coût financier. Dans une dynamique de responsabilisation des citoyens et/ou des collectivités territoriales dans la définition des stratégies de développement et de leur mise en œuvre, cette démarche ascendante peut révéler bien de potentialités et impulser bien de secteurs d’activités dans notre pays . L’Etat veillera à ce que des déséquilibres régionaux, qui existent, ne soient pas criards, par la mise en place de mécanismes de solidarité interrégionale.

Brice SAGNAN
L’Hebdo

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