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Transferts monétaires pour la prévention de la malnutrition dans la Tapoa : Le Projet de recherche MAM’ Out livre ses résultats

Publié le mercredi 12 avril 2017 à 23h51min

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Transferts monétaires pour la prévention de la malnutrition dans la Tapoa : Le Projet  de recherche MAM’ Out livre ses résultats

Après deux ans de mise en œuvre dans la province de la Tapoa, l’heure est à la restitution des résultats du projet de recherche MAM’ Out, un projet mis en œuvre par l’ONG Action contre la Faim et qui avait pour but d’éprouver le coût l’efficacité des transferts monétaires inconditionnels, saisonniers et pluriannuels pour la prévention de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 36 mois. La cérémonie d’ouverture de l’atelier qui a eu lieu le 11 avril 2017 a été placée sous les auspices du gouverneur de la région de l’Est.

Les chiffres sur la malnutrition sont effarants. Selon le rapport mondial 2016 sur la nutrition, une personne sur trois souffre d’une forme de malnutrition, ce fléau longtemps combattu par les organismes en période de crise et qui décime aujourd’hui près de la moitié des enfants de moins de cinq ans. Face aux limites des approches curatives très souvent ponctuelles, les solutions préventives contre la malnutrition, autres que les dons en produits alimentaires, restent peu explorées.

Dans la Tapoa, l’une des provinces les plus vulnérables de Burkina Faso, l’ONG Action contre la Faim a mené en 2012 une étude des causes majeures de la sous-nutrition. Bien évidemment en dehors du rapprochement des naissances, des inégalités sociales et de l’accès limité à l’eau potable, l’assainissement et la sécurité alimentaire, l’insécurité financière des femmes est un important facteur qui influence les indicateurs de la nutrition chez l’enfant.

Partant du postulat que des transferts d’argents aux mères d’enfants de moins de trente-six mois permet de prévenir la malnutrition en période de soudure, ACF et ses partenaires scientifiques et financiers ont mis en place sur la période de mai 2013 à octobre 2015 dans la Tapoa, le projet MAM’ Out qui signifie « Malnutrition aiguë et modérée out (hors) ». Ce lundi 11 avril 2017, l’heure était à la dissémination des résultats dudit projet.

1278 enfants suivis

L’exercice auquel s’est prêté le responsable du projet, Freddy Houngbé, ressemblait fort à la soutenance d’une thèse de doctorat. Face à lui, le président du conseil régional de l’Est, le coordonnateur-terrain d’ACF Fada-N’Gourma et plusieurs collègues et acteurs de la lutte contre la malnutrition. Et deux heures durant, il a passé au scanner les résultats du MAM’ Out. Dans son exposé, Freddy Houngbé a fait remarquer qu’en 2013 et 2014, notamment pendant la période de soudure (juillet-novembre), un montant mensuel de 10 000 F CFA a été distribué aux mères des jeunes enfants de moins de trente-six mois via des téléphones portables dans le but de prévenir la malnutrition.

Au total 1278 enfants ont été suivis soit 644 enfants dans les 16 villages bénéficiaires des transferts d’argents contre 634 dans les 16 autres villages dits « témoins » n’ayant pas bénéficié de la manne financière. Libre cours a été laissé aux bénéficiaires d’utiliser l’argent, certes selon leurs besoins mais dans le cadre de la prévention du fléau.

Résultats

Contre toute attente, au niveau de l’état nutritionnel des enfants, il n’y a pas encore assez de preuves qui justifient que les transferts monétaires inconditionnels et saisonniers permettent de prévenir la malnutrition infantile. Tout de même, il ressort que ces transferts monétaires sont associés à une amélioration de la qualité de l’alimentation des enfants, avec notamment une alimentation plus riche en produits d’origine animale (dont les œufs), en lipides et une plus grande proportion d’enfants bénéficiant des transferts monétaires qui consomment des aliments riches ou enrichis en protéines et en fer de la viande et des produits laitiers. En ce qui concerne l’utilisation de l’argent et de son impact social, les résultats sont clairs même s’ils ne peuvent être vérifiés à 100% : le montant distribué a été principalement utilisé pour la nourriture et les soins de santé de l’enfant et du ménage ; et la communication entre mari et femme s’est améliorée avec une participation plus importante de l’autre moitié du ciel aux décisions liées à l’enfant.

Prospecter l’approche intégrée

Prenant la parole en tant que modérateur de cet atelier de restitution, le président du conseil régional de l’Est, Paripouguini Lompo, a remercié l’ONG Action contre la Faim pour cette étude qui a permis à l’assistance de savoir que l’appui monétaire demeure ponctuel et ne peut permettre de prévenir la malnutrition de façon durable que lorsqu’il est associé à d’autres interventions de prévention. Une approche multisectorielle intégrant transferts monétaires et autres interventions telles que les activités génératrices de revenus, les jardins de la santé ou encore la distribution de farine enrichie, permettrait sûrement d’être plus efficaces dans la prévention de la malnutrition des enfants.

Front uni autour de ACF

En rappel, Action contre la Faim est une ONG internationale qui intervient dans la région de l’Est du Burkina Faso notamment dans le domaine de la santé-nutrition, le WASH (Eau-Hygiène-assainissement), la sécurité alimentaire et les moyens d’existence, la gestion des risques aux désastres et du changement climatique. Dans le cadre de la mise en œuvre de ses projets, ACF jouit d’une grande confiance et d’une crédibilité de la part de ses partenaires internationaux et nationaux.

Ainsi l’étude du projet MAM’ Out a été menée par Action Contre la Faim/France en collaboration avec l’Université de GENT (Belgique), AgroParisTech (France), le Center for Disease Control and Prevention (Etats-Unis) et l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS – Burkina Faso). La partie opérationnelle du projet a été financée par ECHO tandis que l’aspect recherche et dissémination a été financé par Action Contre la Faim avec l’appui entre autres du Ministère de la Recherche Française, du Center for Disease Control and Prevention, de USAID (TOPS small grant), de ECHO et du Programme d’évaluation de l’intégration de la nutrition (NEEP, PATH).

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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