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Experts immobiliers d’Afrique : Une rencontre pour casser les murs mitoyens

Publié le vendredi 3 juin 2005 à 07h17min

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Des experts immobiliers du mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina se sont réunis le 2 mai 2005. Objectif : créer une charte de la profession en Afrique afin de mieux la réglementer.

Avenue Kwamé-N’Krumah. Une petite salle de réunions dans une agence immobilière dénommée GELPAZ. Une table ronde autour de laquelle prennent place neuf personnes. Leur spécialité, l’expertise immobilière. Toute personne physique ou morale qui veut des informations sur un patrimoine immobilier fait appel à l’expert immobilier. L’objectif peut être d’établir une hypothèque qui permet à la banque d’apprécier objectivement avant l’octroi d’un crédit ou une expertise qui permet à l’Etat d’avoir la valeur réelle des actifs immobiliers pour une privatisation ou une liquidation de société.

Pour ce faire, il faut que l’expert ait toutes les informations nécessaires sur le terrain et les papiers y relatifs. Ensuite, il s’y rend, procède aux vérifications par rapport au plan cadastral et prend les relevés des bâtiments et ouvrages. Le reste devient un travail de bureau pour faire sortir un rapport. N’est pas expert immobilier qui veut. Il faut sortir d’une école professionnelle ou, pour les ingénieurs, les architectes, les topographes et les urbanistes, suivre une formation d’expert immobilier.

Au Burkina, l’Ordre n’existe pas et ça pose problème

Le Burkina compte une dizaine d’experts immobiliers. Le responsable de l’agence immobilière GELPAZ, située sur l’avenue Kwamé-N’Krumah, en est un. C’est lui aussi qui accueille cette rencontre de Ouagadougou. Diplômé du Conservatoire national des Arts et des Métiers de Paris, M. Alain Zoungrana est le seul en Afrique de l’Ouest à être sorti de cette école, en 1985. Pour lui, se pose aujourd’hui le problème de compétence.

« Beaucoup se disent experts immobiliers. Or cette spécialisation nécessite une formation particulière. L’expert immobilier doit à la fois avoir un bagage juridique, économique et technique ». Un brin outré, il fera remarquer que de nos jours, on voit des ingénieurs, des architectes, des électriciens et même des techniciens-autos se dire experts immobiliers. Cela, à son entendement, « induit la population en erreur ».

Les Maliens, eux, de leur côté, semblent avoir dépassé cette confusion. M. Mady Coulibaly, qui est le président de la Chambre des experts immobiliers, le confirmera. « Nous avons un Ordre des experts immobiliers au Mali. Il y a un tableau et si ton nom n’y figure pas, c’est que tu n’es pas expert. Même si l’intéressé a prêté serment, il faut que son nom figure sur le tableau avant qu’il puisse exercer ». Ce qui n’est pas le cas au Burkina, qui n’est pas constitué en Ordre. Explications du patron de GELPAZ : « Il y a le décret qui a créé le corps des experts immobiliers, mais la loi y relative n’a pas encore été votée. Nous nous attelons à cela ».

Vite, une charte pour réglementer !

Ces difficultés, parmi tant d’autres, dans l’exercice de leur métier ont poussé les experts à initier des rencontres ces dernières années. Les 11, 12 et 13 février, ils se sont rencontrés à Bamako pour un séminaire- atelier organisé par la Chambre des experts immobiliers du Mali. L’objectif de cet atelier était d’une part de mettre en place une organisation des gens du métier, et d’autres part de partager leurs expériences avec les participants, les personnes de ressources et de définir ensemble les missions à assigner aux uns et aux autres.

La rencontre de Ouagadougou a comme objectif principal l’élaboration d’un projet de charte de l’expertise immobilière. Ce projet est né de l’initiative de la délégation de la Chambre nationale des experts immobiliers de la Côte d’ivoire, lors de la rencontre de Bamako. C’est un cadre juridique qui va appeler tous les collègues à adhérer ou à être éliminés. « Ça nous permettra de lutter contre certains faux experts », dixit M. Zoungrana. En somme, il faut réglementer la profession de l’expert immobilier, afin que les sociétés d’expertise immobilières assument leurs responsabilités à plusieurs niveaux.

Issa K. Barry
Observateur Paalga

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