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Innovation : Jean Roger Sandwidi, l’homme qui révolutionne la préparation du thé

Publié le mardi 11 avril 2017 à 01h53min

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Innovation : Jean Roger Sandwidi, l’homme qui révolutionne la préparation du thé

Imaginez un instant pouvoir préparer du thé sans vous décarcasser pour attiser le feu avec du pétrole ou du caoutchouc. Imaginez un instant ne plus recevoir de la cendre en pleine figure. Pour le Fakir que vous êtes à vos temps perdus dans les grins, cela vous facilitera certainement la tâche. Eh bien, il existe depuis quelques années une invention baptisée « le fourneau à pile » capable d’aspirer l’air grâce à une bobine et de l’acheminer dans un conduit relié à un fourneau. Cette trouvaille est de Jean Roger Sandwidi. Portrait !

Les Burkinabè ont du talent et Jean Roger Sandwidi en est une preuve. Ce globetrotteur qui a parcouru plusieurs pays de la sous-région où le thé est couramment consommé par les jeunes dans les grins, a eu l’ingénieuse idée, à Bamako, de concevoir un appareil simpliste pour faciliter le travail des fakirs, ceux qui préparent le thé. Jean Roger n’est pourtant pas un technicien sorti d’une prestigieuse école de la place, diplôme en main. Jean Roger est tout simplement un blanchisseur qui aime bidouiller.

De retour à Ouagadougou en 2005, il fabrique son premier fourneau à pile pour une utilisation personnelle. Encouragé plus tard par ses amis du quartier, il décide en 2011 d’en fabriquer plusieurs et de les vendre dans son entourage. « Les débuts furent difficiles », se souvient-il car il avait du mal à acquérir le matériel nécessaire constitué de boite, de morceaux de tôles bac, de bobines. Sans oublier que le métier de blanchisseur absorbait toute son énergie et son temps. Il ne pouvait donc pas fabriquer plus de cinq fourneaux par mois.

Aujourd’hui, à force de persévérance, Jean Roger arrive à fabriquer cinq à dix fourneaux par jour à raison de 2 500 F CFA l’unité. Le business a bien évolué et il est débordé par les commandes qui lui parviennent par dizaines.

Il n’y a pas que les buveurs de thé qui peuvent pousser un ouf de soulagement grâce à l’inventeur et sa trouvaille. Les ménagères et les restauratrices peuvent acquérir, à 3000 F CFA des fourneaux à pile de grande taille capables de supporter au moins une marmite n°3 (qui peut contenir trois litres d’eau, NDLR).

Le fourneau à pile est certes une invention qui surprend plus d’un mais notons qu’il peut être amélioré. C’est du moins l’avis d’Ange Jordan Méda, étudiant en communication pour le développement par ailleurs bloggeur à ses temps perdus. Sa rencontre avec Jean Roger a eu lieu en janvier 2017 et il n’aura pas fallu longtemps à ce dernier pour croire au potentiel du fourneau à pile. Il a donc introduit le concepteur auprès de Mahamadi Rouamba, le fondateur de BeoogoLab, un centre d’entrepreneuriat numérique qui a décidé d’accompagner Jean Roger en rendant intelligent le fourneau à pile. Un jour, il pourrait devenir donc un objet connecté.

Pour l’instant Jean Roger Sandwidi ne dispose pas d’un brevet afin de mettre son invention à l’abri des « voleurs ». Avant qu’il ne soit amélioré, Ange Jordan pense que le fourneau à pile doit passer au scanner de la communauté scientifique. Et à l’en croire, BeoogoLab travaille à cela.

En attendant, l’étudiant en communication pour le développement pense que l’Etat doit mettre en place une politique afin de dénicher les inventeurs pétris de talents. Il pense également qu’une bonne stratégie de communication et de vulgarisation des inventions serait une bouffée d’oxygène pour ces centaines personnes qui ne demandent qu’une oreille attentive pour transformer une idée en entreprise.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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