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Procès sur l’attaque de Yimdi : Boureïma Zouré ou l’homme invulnérable aux balles

Publié le jeudi 30 mars 2017 à 02h06min

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Procès sur l’attaque de Yimdi : Boureïma Zouré ou l’homme invulnérable aux balles

Le ton est monté très tôt ce mercredi 29 mars 2017 matin au tribunal militaire de Ouagadougou. Les soldats de première classe Bienvenu Ollo Kam, Boureima Zouré, Djemaldine Napon, le caporal Hamidou Drabo, et le Sergent Salif Couldiaty sont passés à la barre pour répondre des faits qui leur sont reprochés.

C’est le soldat de première classe Bienvenu Ollo Kam qui a ouvert le bal à la barre, au deuxième jour du procès dans l’affaire de l’attaque de la poudrière de Yimdi. Sur la multitude de charges qui pèsent sur lui, il a seulement reconnu la désertion en temps de paix. Et cela, selon lui, s’explique.

« Mon chef m’a appelé au téléphone pour me dire qu’on a besoin de moi à la gendarmerie. Comme il n’y avait pas eu de convocation formelle, j’ai pris peur et j’ai fui à Abidjan avec Yougbaré Alexandre, en passant par le Ghana », a-t-il dit en substance, arguant qu’en temps normal, son chef devrait l’accompagner, parce qu’il ne savait pas ce qui pourrait lui arriver une fois dans les mains des pandores.
L’interrogatoire fut houleux avec le soldat. Visiblement remonté suite aux questions du parquet et du président du tribunal, Bienvenu Ollo Kam a haussé le ton. « On ne répond pas aux questions par d’autres questions. Si vous ne pouvez pas répondre, ne répondez pas. On n’est pas en train de vous condamner », lui dira le président Seydou Ouédraogo. Malgré tout, l’adrénaline a continué à monter.
A quelle heure êtes-vous arrivés à Ouagadougou (en provenance de Léo), demande le président du tribunal.

Je ne me rappelle pas de l’heure, répond Kam Ollo Bienvenu.
C’était la nuit ou le jour ? Réplique le président.
Je ne sais pas, poursuit l’accusé.
Vous n’avez pas regardé la position du soleil quand vous arriviez à Ouagadougou, insiste le président Seydou Ouédraogo.
Non ! Se contente le soldat, stoïque.
Et le commissaire du gouvernement de tenter aussi de raisonner l’accusé. « Calmez-vous pour vous défendre, sinon vous allez mal vous défendre. On vous a félicité ici lors de votre mise en accusation. N’élevez pas le ton matinalement », lui a dit Alioune Zanré.

Il reconnait avoir été embarqué dans le projet d’attaque de la poudrière de Yimdi, malgré lui. Il n’est pas allé sur les lieux, mais est resté au pont de Yimdi, pour garder les engins des membres du commando.

A sa suite, c’est le Caporal Hamidou Drabo qui a comparu. Comme son prédécesseur, il dit avoir traversé la frontière pour se rendre en Côte d’ivoire, par peur. Une fois rentré au pays, il a été embarqué dans le projet d’attaque du dépôt d’armes de Yimdi. « J’ai suivi l’opération par crainte. Qu’est-ce qui me serait arrivé si j’avais refusé ? C’est une fois au pont qu’il (Ali Sanou) m’a parlé de l’attaque du dépôt d’armes », s’est-il défendu.

Boureïma Zouré, l’homme invulnérable aux balles ?

Le soldat de première classe Boureïma Zouré a la démarche sure. Visiblement plus âgé que ses co-accusés, en se présentant à la barre, il demande à s’asseoir sur une chaise, parce que malade suite aux tortures dont il aurait été victime. Il reconnait avoir fui également à Abidjan au lendemain de la dissolution de son corps, pour éviter ‘’les éléments de Zida (Ndlr. L’ex-premier ministre Yacouba Issac Zida)” qui menaçaient d’attenter à sa vie.

Au bord de la lagune Ebrié, il y a séjourné trois mois, a rencontré d’autres déserteurs comme le sergent-chef Ali Sanou, sans parler d’un projet d’attaque.
Une fois rentré, aux environs de Léo, il dit avoir été poursuivi par des gendarmes en civil qui ont tenté de l’appréhender. Ils ont vidé deux chargeurs de Kalachnikov (30 balles au total) sur lui. Puis, ont utilisé un P.A. (Pistolet automatique) de 15 balles. Mais rien n’y fit. « J’avais dans mon sac, un tapis de prière et mon chapelet, je ne les ai même pas regardés. C’est parce que je suis béni », a-t-il expliqué à la barre.
Il n’est pas venu à Ouagadougou, et n’a pas participé à l’attaque de Yimdi, a-t-il confessé. Même si le soldat reconnait que les éléments de l’ex RSP sont de ‘’vrais militaires, bien formés’’, il se demande comment quelques hommes peuvent attaquer tout un dépôt d’armes.

Le soldat de première classe Djimaldine Napon et le sergent Salif Couldiaty sont les autres militaires qui ont comparu ce mercredi. Le Sergent a dit avoir été à Ouagadougou, suite à une permission qu’il a reçue pour être aux côtés de son enfant de 6 mois malade. Embarqué malgré lui dans l’opération, il s’est mis en retrait quand le commando avançait vers la poudrière.

Il a attendu qu’ils reviennent pour récupérer son sac qui contenait sa permission, et qui était resté dans le véhicule du sergent-chef Sanou Aly. Et à l’en croire, personne ne lui a adressé la parole, parce que frustrés qu’il n’ait pas participé à l’opération. Et c’est à pied qu’il a rejoint son domicile.

Djimaldine Napon dit aussi avoir été embarqué malgré lui dans l’opération, parce qu’il se trouvait à Ouagadougou pour assister sa femme enceinte de jumeaux.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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