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Conférence publique sur les réseaux sociaux : « Les réseaux sociaux sont à l’information ce que le Fast Food est à l’alimentation »

Publié le vendredi 24 mars 2017 à 17h36min

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Conférence publique sur les réseaux sociaux : « Les réseaux sociaux sont à l’information ce que  le Fast Food est à l’alimentation »

Le ministère de la Communication et des relations avec le parlement a organisé une conférence publique ce jeudi 23 mars 2017sur le thème : « Réseaux sociaux, pouls de l’opinion publique ou créneaux de non droit ». Il s’est agi à travers cette thématique non seulement d’ouvrir le débat sur l’urgence pour les pouvoirs publics de règlementer l’utilisation des réseaux sociaux par les Burkinabè, mais également d’interpeller les utilisateurs sur leurs responsabilités dans la préservation de la vie en se réservant de poser des actes préjudiciables à eux ou aux autres.

De nos jours, les réseaux sociaux sont des plateformes numériques qui mettent les individus en relation. Ils sont également des sources d’informations pour bon nombre d’utilisateurs. Cependant, comme un couteau à double tranchant, ces plateformes numériques sont souvent utilisées par des utilisateurs mal intentionnés pour porter atteinte à la vie privée des autres ou relayer de fausses informations. La publication récente sur l’accident du Premier ministre Paul Kaba Thieba par un cyber activiste convainc sur la mauvaise exploitation que l’on peut faire des réseaux sociaux.

En effet, certains utilisateurs aux intentions inavouées, de plus en plus nombreux, se substituent aux journalistes, sans aucun respect des principes et règles déontologiques du journalisme, et relayent des informations mensongères, dénigrantes qui compromettent le respect de la vie privée d’autrui. Face à cet état de fait, le ministère de la Communication et des relations avec le parlement a organisé une conférence publique pour attirer l’attention des utilisateurs afin qu’ils préservent leur vie privée et celle des autres en s’abstenant de poser des actes malencontreux sur lnternet.

Sous la modération du Professeur Serge Théophile Balima, le Docteur Cyriaque Paré, a noté que le journalisme numérique et des réseaux sociaux, n’avait pas de règles et principes établis comme celui du journalisme traditionnel. Il a défini ensuite, selon Tim O’Relly (auteur du terme web 2.0), les médias sociaux comme l’ensemble des blogs, wikis et l’ensemble des outils de création et de partage de contenu. Pour lui, les réseaux sociaux sont des réseaux de connaissance qui permettent de joindre les individus dans le monde.

Il a noté que l’information se démocratise, se diversifie et est accessible à tout le monde. Il a précisé que les journalistes traditionnels sont plus réservés que les cybers activistes. Aussi les gens veulent être au courant sans s’intéresser au fond ; ils ne veulent pas être informés. Poursuivant son intervention, le Docteur Cyriaque Paré a noté que les mêmes principes et règles déontologiques du journalisme traditionnel s’appliquent au journalisme numérique, mais seulement avec d’autres moyens de collecte et de diffusion de l’information. Il pense que le journalisme numérique bouleverse le modèle économique du journalisme traditionnel car les formats changent. Il a proposé que les medias se constituent en réseaux de fact checking pour permettre la vérification de ce qui est vrai ou faux sur internet.

En mutualisant leurs efforts, ils pourraient mettre en place un site internet où on pourrait vérifier la véracité de ce qui est dit sur les réseaux sociaux. Il termine en partageant sa pensée :« Les réseaux sociaux sont à l’information ce que le fastfood est à l’alimentation ». Pour dire que l’information sur les réseaux sociaux est vite et plus abordable, mais avec un grand risque d’intoxication.

Pour le Colonel Major Aouba Mahamadi de la Commission de l’Informatique et des Libertés (CIL), second panéliste, sur la protection des données personnelles et du respect de la vie privée, il a laissé entendre que les vulnérabilités et les actions négatives qui se posent dans le monde virtuel ont des conséquences dans le monde réel. Et il est impératif pour lui de protéger la vie privée et les données à caractère personnel, car c’est un droit reconnu par la Constitution et par d’autres instruments juridiques nationaux et internationaux.

Pour lui, avec les réseaux sociaux, le monopole de l’information dont disposaient les journalistes tend à disparaitre. Il a averti que tout ce qui est mis sur les réseaux est éternel et définitif car même si on supprime les informations, on peut toujours les récupérer d’une façon ou d’une autre. Aussi, il faut savoir faire un équilibre entre le droit à l’information de la population et celui du respect de la vie privée d’autrui. Il a conclu en disant que ce qui est illégal hors ligne l’est également en ligne.

Boureima Salouka pense qu’aujourd’hui les réseaux sociaux permettent de prendre la parole de façon publique sans tenir compte du capital de représentativité sociale. Cependant, dans la prise de parole des citoyens sur les réseaux sociaux, ces derniers peuvent servir des causes sociales nobles, mais font souvent place à des délations. Pour lui, cette prise de parole reste cependant nécessaire à la gouvernance démocratique du pays. Il a affirmé qu’il ne faut donc pas une répression à tout vent quand bien même il y a des erreurs, mais plutôt un encadrement par une responsabilisation, une honnêteté de relation des faits, une diligence sur certaines questions sensibles et une formation sur la prise de parole sur les réseaux sociaux et la scène publique. Il termine en reprenant une pensée de Diderot qui dit qu’il faut éclairer la conscience et non la contraindre.

Le ministre de la Communication et des relations avec le parlement, Rémis Dandjinou, pense que si les réseaux sociaux sont une mine d’informations, il ne faut pas occulter le fait qu’ils donnent la possibilité à des utilisateurs mal intentionnés de publier tout et n’importe quoi. Il a ajouté que cette conférence est une action de son département face à l’escalade des dérives dénoncées par l’opinion, le gouvernement, les organisations de la société civile et les acteurs du secteur de la justice. Pour lui, il est important de rappeler qu’il y a des limites à ne pas franchir sur les réseaux sociaux sinon la justice peut s’appliquer. Il pense aussi que dans l’expression des individus sur les réseaux sociaux, il faut garantir l’expression du droit.

Youmali Koanari
Lefaso.net

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