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Factures impayées aux entreprises : L’Etat burkinabè dans les bottes du débiteur impitoyable de la Bible

Publié le jeudi 23 mars 2017 à 17h00min

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Factures impayées aux entreprises : L’Etat burkinabè dans les bottes du débiteur impitoyable de la Bible

Dans les Saintes Ecritures, il y a cette histoire de ce débiteur qui devait dix mille talents à son roi. Ne pouvant pas solder cette dette, le roi voulut donc le vendre lui et sa famille pour récupérer son argent. In fine, sensible aux supplications de l’endetté pour qui lui implorait sa grâce, il renonça à sa décision et lui donna un autre délai de remboursement.

Mais voilà que le débiteur en question en quittant de la cour du souverain rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers. Le saisissant sans autre forme de procès par la gorge, il a que celui-ci lui rembourse illico presto. En dépit des implorations de son compère pour qu’il lui concède un délai supplémentaire, il resta sans cœur et le fit mettre en prison. Le souverain ayant été mis au courant de l’affaire le convoqua. Désapprouvant à coup d’ire le manque de pitié de son débiteur à l’égard de son alter ego, il l’envoya tout naturellement paitre en prison.

L’Etat burkinabè : un débiteur patenté

A l’analyse de ce qui se passe entre l’Etat burkinabè et les entreprises qui exécutent ses commandes ou ses marchés, l’on constate aisément que c’est la trame évangélique qui se renouvelle et se poursuit. Le 17 mars 2017 passé, le ministre de Communication Rémis Fulgance Dandjinou a fait une rencontre avec les patrons de presse concernant la dette que l’Etat a à l’endroit des médias. De cette rencontre, l’on a appris que l’Etat a accumulé une dette de 800 millions de FCFA pour la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), 200 millions pour le quotidien d’Etat Sidwaya et 304 millions de F CFA pour les médias privés.

Lorsqu’on fait le total de l’argent que l’Etat doit aux entreprises de presse, l’on se retrouve avec une somme de 1 304 000 000 F CFA. Bien sûr, le moins que l’on puisse dire est que cette situation n’est pas du tout amène pour les entreprises de presse qui se retrouvent fragilisés financièrement. Cette situation d’ailleurs explique pourquoi certains médias ont dû mettre la clé sous le paillasson.

Mais que l’on ne se méprenne guère, car ce cas-ci est bien loin d’être insolite. Il suffit de remonter les jours ou les années pour se rendre compte que l’Etat s’est toujours maculé de ce péché et sans aucun repentir véritable. La même presse à qui l’Etat doit de l’argent a souvent fait cas de discordes entre l’Etat et des sociétés à cause du non-paiement des factures. L’Etat a toujours eu cette manie maladive de jouer les prolongations dans le paiement de ses dettes vis-à-vis des citoyens et des sociétés. Plusieurs personnes et entreprises s’en plaignent en tout cas ! Une entreprise qui exécute un marché de l’Etat a donc le temps de mourir avant d’être payé.

Toujours l’antienne des irrégularités administratives pour expliquer

Chaque fois, l’on pointe du doigt les irrégularités ou lourdeurs administratives comme prétextes pour justifier cette remise maladive chronique des paiements des factures aux calendes grecques. Le ministre de la Communication lors de sa rencontre avec les patrons de presse a reconnu que l’Etat ne respectait pas les procédures normales de commande. Du coup, les médias exécutent des commandes sans aucun bon, ce qui pose des problèmes après pour régler les factures. Mais cet escamotage des règles et des procédures de commande et paiement procède de la responsabilité des personnes qui animent les institutions.

Pourquoi faire preuve d’une légèreté alors que l’on sait qu’en aval, les particuliers ou les sociétés qui exécutent vont en pâtir ? La chronicité du problème est telle que l’on se demande si les explications des autorités, et les mêmes à tout moment, ne sont pas juste présentées comme des paravents pour s’absoudre… Est-ce que des personnes indélicates tapis dans l’ombre ne travailleraient pas à ce que la situation soit toujours ainsi ? Sinon pourquoi la situation perdure depuis des années ? C’est une situation connue depuis des lustres. Mais rien ne semble être fait pour éviter la croix aux fournisseurs.

Quand l’Etat contriste et assassine lui-même l’initiative privée

Pourtant lorsque l’on doit à l’Etat, il n’y a pas de possibilité de soustraction possible. Il faut payer, et à bonne date… Sinon, des pénalités, l’on peut du jour au lendemain voir son entreprise saisie ou fermée. Le cas le plus palpable est naturellement les factures de la SONABEL et de l’ONEA. L’on peut citer aussi le cas du fisc et impôt. Le moindre retard est sanctionné. Mais ce n’est pas normal que l’Etat exige à coup de sanctions le paiement de ses frais de service, alors que lui-même ne fait aucun effort pour honorer ses engagements à l’égard des entreprises.

Avec cette donne, c’est à ne rien comprendre que l’Etat répète comme une antienne psalmique qu’il fait des efforts pour la promotion de l’entreprise privée. Le paiement des factures fait incontestablement partie des efforts capitaux que l’Etat doit consentir pour garantir la survie et la prospérité des sociétés privées. C’est la première règle d’or à respecter. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. L’on assiste à des situations où l’Etat se comporte en sicaire des entreprises par le non-respect des paiements de factures. Dans bien de cas, c’est l’Etat par cette attitude qui signe la mort des sociétés privées qu’il devait normalement protéger. Un Etat débiteur patenté qui comme celui de la Bible s’en prend à ceux qui lui doivent.

Le paiement des taxes est un acte citoyen. Il est tout à fait indiqué que tout citoyen, toute société y consente. Mais l’Etat doit faire son devoir également. Ne pas payer les citoyens et les sociétés qui sont ses créanciers sous prétexte d’irrégularités et de lourdeurs administratives et en même temps être alerte à les étrangler comme le débiteur impitoyable biblique pour des taxes impayées, ce n’est pas normal. Où est passée la bonne gouvernance dont on nous parle à longueur de journées ?« Le devoir premier des Etats, c’est le bien-être des populations qui les habitent » d’après Raoul
M. Jennar. Ce bien-être rime forcément avec les canons de la bonne gouvernance. Respecter les délais de paiement des factures fait partie des règles de bonne gouvernance à respecter pour l’avènement d’un Burkina Faso prospère. Messieurs de l’Etat, il faut impérativement rectifier le tir…

KAMMANL

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Vos commentaires

  • Le 24 mars 2017 à 08:52, par Horus En réponse à : Factures impayées aux entreprises : L’Etat burkinabè dans les bottes du débiteur impitoyable de la Bible

    Hélas, c’est une bonne illustration des relations entre l’État et le secteur privé. Une jeune PME qui exécute un marché pour l’État cours de gros risques de faillite. Aujourd’hui dans le BTP ; lorsque des appels d’offres sont publiés, l’une des informations que tous les éventuels soumissionnaires cherchent à vérifier, c’est la source de financement. Quand on voit "Budget de l’État, Gestion..." la plupart préfère ne pas soumissionner car elles savent que c’est au plus tôt 2 ans après la réception qu’elles seront payées. Pendant ce temps, la banque coupe ses traites, il faut faire face aux dépenses de fonctionnement de l’entreprise, les impôts vous asphyxient et parallèlement à cela vous avez souvent des DAF qui, une fois les fonds disponibles pour vous payer exigent que vous leur donnez de l’argent pour traiter votre facture alors que c’est l’argent de ces impôts que vous payez qui servent à les payer. L’État est l’UN des principaux facteurs de faillite de nombreuses PME. Et c’est comme ça que vous voulez développer le pays

  • Le 24 mars 2017 à 17:35, par belvie En réponse à : Factures impayées aux entreprises : L’Etat burkinabè dans les bottes du débiteur impitoyable de la Bible

    huummmm j suis sans voix quelle triste realite on ose esperer que ceci changera avec le temps car la situation est criarde

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