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Paspanga : Grogne de résidents à la gendarmerie nationale

Publié le mercredi 1er juin 2005 à 07h29min

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Le quartier Paspanga à Ouagadougou était hier matin dans une effervescence particulière. Plus d’une centaine de résidents de ce quartier étaient autour des locaux de la gendarmerie nationale suite à l’arrestation de 3 jeunes, accusés de vol d’enjoliveurs.

Toujours selon les manifestants, la dame mise en cause dans cette affaire aurait juré de pousser loin les choses. Elle leur aurait "promis" de faire fermer la borne fontaine qui jouxte son domicile. Les jeunes du quartier que nous avons vus dans une grande colère se souviennent encore avoir fait le trajet Paspanga - Dagnoen - Paspanga à pied pour creuser la tombe du père de la dame en question.

Ils ne pouvaient donc pas dissimuler leur déception : "C’est comme ça qu’elle nous remercie aujourd’hui ! Nous en avons pris note ...". Ils se disent déçus de la manière avec laquelle la gendarmerie traite l’affaire, et ils ont brandi la menace du boycott du scrutin présidentiel si leurs camarades en détention viendraient à faire plus de 72 heures dans les cellules de la gendarmerie nationale.

Selon les manifestants que nous avons rencontrés sur place aux alentours de la gendarmerie nationale, l’histoire serait construite autour du directeur général d’un service ministériel. Ce dernier serait venu chez une dame le jeudi dernier vers 23 heures. A sa sortie de chez la dame, il aurait accusé des jeunes (en causerie près du pont Paspanga) d’avoir volé les enjoliveurs de sa voiture.

Le monsieur aurait fait appel à la gendarmerie qui serait venue embarquer tous les sept jeunes qui étaient en causerie près du domicile de la dame. Quatre d’entre eux auraient ensuite été libérés et les trois autres toujours en détention à la gendarmerie. Voici le film des événements relaté par quelques manifestants que nous avons rencontrés :

Pascal Parfait Bikyenga : C’était le jeudi soir, vers 23 h. Je devisais avec six de mes camarades près du pont de Paspanga, au secteur 12. Un monsieur venu à bord d’une voiture de marque BMW s’est garé non loin de nous et est entré chez une dame. Au bout d’une heure et demi d’horloge, il est ressorti et s’est adressé à nous pour nous demander qui aurait enlevé ses enjoliveurs. Nous lui avons répondu que nous n’en savions rien.

Il a appellé la gendarmerie qui est venue nous embarquer tous les sept. A la gendarmerie, nous avons été entendus par les gendarmes qui nous ont ensuite libérés tout en nous demandant de revenir le lundi (30 mai) à 9 heures. Le lundi matin, lorsque nous nous sommes présentés à la gendarmerie, nous y avons trouvé le monsieur en question en compagnie de la dame. Sans nous donner quelque explication que ce soit, nous avons été enfermés, puis à 18 heures quatre d’entre nous ont été libérés et les trois autres sont toujours en détention. C’est pourquoi tout le quartier est mobilisé ce matin pour exiger leur libération. Et lorsque nous avons tenté de rentrer dans l’enceinte de la gendarmerie, nous avons été refoulés.

A mon avis, c’est la dame en question qui a monté ce complot de toutes pièces pour nous dégager du pont puisqu’elle se sent gênée du fait que nous soyons au courant de ses opérations de nuit.

Mohamed Abdoul Nikièma : Je suis, moi aussi, de ceux qui ont été arrêtés puis libérés. Lorsque la gendarmerie est venue jeudi soir, elle n’a pas perquisitionné chez nous. C’est seulement hier soir que les gendarmes sont revenus avec nos trois camarades arrêtés, pour fouiller leur domicile. Ils sont repartis sans avoir trouvé les enjoliveurs et ont demandé à un de nos camarades de leur apporter les reçus des engins qu’ils ont trouvés chez lui. Il les leur a apportés. Maintenant, ils ne parlent plus que de l’affaire de ces engins et non plus des enjoliveurs. On ne comprend rien !

La mère d’un des détenus : Nous nous sommes mobilisés ce matin parce que nos enfants sont en arrestation arbitraire. Ce ne sont pas des voleurs ; ils n’ont rien fait ! Chaque soir, ils sont à leur lieu de causerie habituel et jamais personne ne les a accusés de vol.

Une dame âgée du quartier : Les enfants n’ont jamais volé. Ce sont de fausses accusations que la dame a portées contre eux. Sinon comment expliquez-vous que sept personnes puissent voler un enjoliveur ? C’est ridicule ! Nous voulons que nos enfants soient libérés au nom de leur innocence.

Par Paul-Miki ROAMBA
Le Pays

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