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Pose de pavés et politique d’amélioration du cadre devie : Un hiatus ?

Publié le mardi 31 mai 2005 à 07h12min

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L’Etat, comme on le sait, ne doit pas tout faire. D’ailleurs, il ne le peut pas, et s’attendre à ce qu’il fasse tout relèverait de la gageure, car elle est bien révolue, la période de l’Etat- providence. Ainsi est-il attendu du citoyen, quelle que soit la nation à laquelle il appartient, qu’il apporte sa pierre à la construction de l’édifice national.

Le constat se vérifie dans bien des domaines, notamment dans celui de l’amélioration du cadre de vie. Amélioration du cadre de vie, parlons-en justement.

Force est de reconnaître que le pavé a connu une évolution esthétique et fonctionnelle importante cette dernière décennie. Il est également établi que les revêtements des voies en pavés participe aujourd’hui largement à la qualité des espaces extérieurs. Ne sont-ils pas mis à l’honneur lors des rénovations des rues et places dans un pays comme le Burkina, quand il s’agit de relooker la capitale, quand elle s’apprête à accueillir des manifestations d’envergure internationale ?

Toutefois, il apparaît comme un hiatus, voire un paradoxe, de vouloir à la fois offrir un cadre de vie agréable à la cité, et taxer toutes ces personnes qui souhaitent paver les abords de leurs concessions.

C’est connu, le Burkina n’est pas si bien loti en matière de réseau routier. Combien de voies, dans la capitale, ont été revêtues de bitume ? Rien à voir avec quelques pays voisins qui, en la matière, sont très en avance. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de constater qu’en saison hivernale, les conducteurs d’engins à deux roues et les automobilistes ont la phobie des sorties, de peur d’être empêtrés dans la gadoue ou d’en être éclaboussés. Et c’est à juste titre s’ils négocient des espaces plus solides, pour fuir la boue.

En somme, en saison pluvieuse, il est incommodant de circuler, la plupart des quartiers de la capitale étant laissés à la merci de la boue et des nappes d’eau. Et pourtant, on n’encourage pas la pose des pavés !
Le Burkina est un pays fait de poussière et cette réputation va même au-delà de ses frontières.

Poser des pavés contribuerait sans doute à la réduction de cette enveloppe poussiéreuse qui sévit beaucoup plus en période d’ ’harmattan. Cela dit, la municipalité tient-elle compte de ces aspects évoqués, elle qui conçoit le pavage par des particuliers, comme relevant de l’occupation de la voie publique ? Assurément, le concept d’occupation de la voie publique gagnerait à être mieux clarifié.

On comprend que le secteur informel qui occupe certaines voies de la capitale par des installations de hangars et d’ étals soient soumises à des taxes. Leurs activités ont un caractère commercial. Mais réclamer à des particuliers qui veulent tout simplement personnaliser les abords de leurs habitations ou services et qui, par ricochet, contribuent ainsi à embellir la ville relève manifestement d’un non-sens. Plutôt que d’instaurer des pénalités pour la pose de ces pavés, l’Etat devrait poser des actes encourageants et motivants.

Dans un secteur où l’Etat indique qu’il n’a pas les moyens, les initiatives devraient être les bienvenues. Et à défaut de pouvoir l’ encourager par l’instauration de prix, l’Etat devrait au moins s’employer à la suppression de ces taxes. Car avant tout, n’est-il pas de sa responsabilité de construire des voies praticables pour les citoyens qui, soit dit en passant, payent déjà chaque année des taxes à l’ Etat ?

On rétorquera peut-être que la pose de pavés peut créer quelques dénivellements sur la voie publique et entraîner, entres autres conséquences, des stagnations d’eau et la boue dans la cité. On dira sans doute aussi que ces revêtements en pavés pourraient créer des problèmes, une fois que le bitume viendrait à passer. Mais, dans ce cas, à quoi servent les caniveaux ? Les construire davantage, si cela ne suffit pas, voilà qui devrait être le principal souci des municipalités, au lieu de taxer la pose des pavés.

Quoi qu’on dise, les municipalités devraient plutôt édicter des normes en matière de revêtements en pavés, si elles veulent offrir davantage un cadre agréable aux populations, avec l’aide des particuliers.

Dans la capitale béninoise, Cotonou, on est sidéré par l’étendue des voies pavées. Comme si là-bas, à défaut de pouvoir revêtir toutes les voies en bitume, on a opté pour la pose des pavés. L’ amélioration du cadre de vie, comme on le constate, peut aussi passer par le pavage des voies, qui devrait être l’affaire de toutes les bonnes volontés. C’est aussi dire que les pavés peuvent constituer une alternative pour des pays comme le nôtre, qui disent manquer de ressources.

Malheureusement, on en connaît qui ont renoncé au dernier moment à embellir leur cadre de vie ou de travail par le pavé, par crainte d’être frappé de taxe. Plaise au ministère en charge du cadre de vie, de songer à résoudre cette contradiction qui heurte frontalement sa politique.

Parce qu’il augmente la sécurité et le confort des usagers, parce qu’il présente une longue durée de vie, parce que le coût de sa mise en oeuvre semble être en deçà du prix des revêtements des voies en goudron et parce que la durée de vie d’un revêtement en pavé est estimé à 30 ou 50 ans, l’Etat n’a plus à hésiter sur la promotion de ce matériau par les institutions urbaines comme par les particuliers. En France, le pavé, élément symbolique de l’ histoire urbaine parisienne, est en train de faire son retour. C’est tout dire !

Le Pays

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