LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Le Gabongate et la question de la transparence électorale en Afrique : Le sauvetage peut-il venir de l’Union européenne ?

Publié le lundi 6 février 2017 à 23h45min

PARTAGER :                          
Le Gabongate et la question de la transparence électorale en Afrique : Le sauvetage peut-il venir de l’Union européenne ?

Dans les rapports entre l’Union européenne et les pays africains, l’un des faits qui auront marqué l’actualité ces derniers temps est la résolution de Bruxelles concernant la crise consécutive à la présidentielle du mois d’août 2016 au Gabon. Cette résolution qui, tout en critiquant la réélection controversée de Ali Bongo, condamne les violences post-électorales, suscite des réactions à foison.

Si pour le camp de Ali Bongo et ses supporters, l’on ne décolère pas de l’illustration des eurodéputés que l’on interprète comme une ingérence inacceptable, Jean Ping et ses pingphiles y puisent une certaine consolation, un motif de satisfaction. Mais en allant delà de cette mêlée d’opinions qui s’entrechoquent au niveau de la population gabonaise, l’on peut se demander en quoi cette résolution peut-elle changer la donne ? Est-ce une résolution de principe ou de fermeté capable de déminer une situation assez explosive ?

L’Union européenne dans une attitude de medicus post mortem

Après moult tergiversations, c’est seulement en fin de semaine dernière, précisément le jeudi 03 février 2017, que l’Union européenne a pu se donner une position officielle par rapport à l’élection controversée de Ali Bongo à la tête de l’exécutif gabonais depuis le mois d’août 2016.

Condamnation des violations des droits de l’homme, critique acerbe du processus électoral avec des résultats« extrêmement douteux » qui « manquaient de transparence », telle est la teneur de cette résolution qui fait de la grogne contre les eurodéputés au niveau du "Palais de bord de mer" à Libreville. Et ce n’est pas tout, les députés sont allés jusqu’à remettre en cause dans cette résolution la légitimité du président Ali Bongo. De quoi apporter de l’eau au moulin des contempteurs de ce dernier et surtout de son ancien challenger Jean Ping, lequel a toujours estimé que c’est sa victoire à lui qui a été volée par l’actuel occupant du fauteuil présidentiel.

Concernant cette posture des parlementaires européens, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle s’est vraiment dessinée tardivement si fait que l’on peut vraiment douter de son efficacité sur la crise actuelle. Efficacité dans la perspective d’une résolution pacifique dans de meilleurs délais afin de faire l’économie de manifestations éventuellement violentes susceptibles de faire basculer tout le pays dans un capharnaüm. Même si les parlementaires ont instruit le Conseil européen de demander des explications à Libreville et de prendre éventuellement des sanctions contre le régime, l’on peut se permettre de douter des résultats positifs immédiats de cette résolution bien molle et tout de même anachronique. Encore que ce ne soit pas toujours évident que toutes les capitales européennes affichent de façon constante la même fermeté vis-à-vis de Ali Bongo.

En tout état de cause, l’Union européenne devait prendre ses responsabilités plus tôt, immédiatement après le dépouillement des votes, et exiger que les résultats des urnes soient ceux des Gabonais. Dans tous les cas, ils étaient déjà bien avertis de cette possibilité de fraude ou de trucage de ces élections, car déjà en 2009, il y avait eu ce chœur de contestations des résultats proclamant Ali Bongo vainqueur de la présidentielle. Et d’ailleurs, en janvier 2016, le Premier ministre de François Hollande, Manuel Valls avait sans détours déclaré à la télévision que Ali Bongo n’avait pas été élu comme on l’entendait, autrement dit, il avait été mal élu. Pourtant, à la proclamation des résultats de cette élection de 2009, pendant que la population contestait, le président Nicolas Sarkozy s’était empressé de reconnaître et de féliciter Ali Bongo comme le gagnant de cette élection tout aussi controversée que celle qui vient de se tenir en août 2016.

Comme quoi, les présidents fraudeurs électoraux ont toujours bénéficié, à des degrés certes variant, de la complicité pour ne pas dire de la bénédiction de cercles de pouvoir en Europe. Ce qui fait qu’il est vraiment difficile de croire en la sincérité de cette récente résolution européenne. Le mieux aurait été de prendre des initiatives courageuses en amont et en aval de l’élection afin de prévenir la crise actuelle. Or, cette vision a manqué, et c’est après que le fantôme se soit introduit dans la maison que l’on a accouru pour fermer la porte. Quelle utilité ?

Transparence électorale en Afrique : le sauvetage made in Europa, un leurre, un mirage…

Même si d’aucuns se frottent les mains et s’en félicitent, il est peu évident que cette illustration européenne aide le Gabon à renouer avec une certaine stabilité institutionnelle à même de lui permettre de continuer sa marche démocratique de façon sereine. Sous cet angle, il faut dire que la crise qui est en cours dans ce pays réunit tous les ingrédients nécessaires pour perdurer et même aboutir à un séisme politique violent de grande ampleur. Et comme on le sait en des éventualités pareilles, le corollaire, c’est des destructions importantes de vies humaines et de biens matériels.

C’est pourquoi d’ores et déjà, il y a lieu impérativement que les Africains comprennent leur responsabilité première dans l’avènement de la démocratie par le biais de la construction d’un Etat de droit moderne. Tant que cette responsabilité ne sera comprise, acceptée et appropriée, ils vont toujours rester d’éternels mendiants d’assistance institutionnelle étrangère pour résoudre la décomposition étatique que leur médiocrité politique aura contribué à créer.

Les pays européens vont toujours apprécier les évolutions politiques au niveau des pays africains à l’aune de leurs seuls intérêts égoïstes. Lorsqu’ils universalisent un modèle politique, c’est au nom de leur intérêt à eux d’abord, il n’y a pas de philanthropie politique ou économique qui tienne vraiment. Ce n’est pas mauvais de rappeler encore que les crises politiques en Afrique sont la plupart du temps liées au jeu d’intérêts économiques multiformes dans lequel des multinationales liées congénitalement aux cercles politiques européens tiennent souvent les ficelles, chacune tirant à hue et à dia. Bien des dictatures en Afrique ont pu survivre grâce à ce parrainage d’un autre genre auquel se pressent ces cercles d’intérêts politico-économiques. Le cas d’ailleurs du Gabon, à ce propos, peut faire meilleure école. Mais ce n’est pas le seul cas…

Aussi bien que l’on ne peut transporter le développement, on ne peut transférer la démocratie. Tout comme le développement se crée à partir de soi pour soi, la démocratie via des Etats de droit moderne viables s’invente également à partir des pays qui le veulent suivant une somme de valeurs dont la défense incombe aux populations. Lorsque le leadership politique échoue, c’est aux populations de prendre en main leurs destinées. Et dans cette perspective, le Burkina Faso a tracé pas mal de sillons qui peuvent inspirer…

KAMMANL
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 février 2017 à 05:27, par peti lobi En réponse à : Le Gabongate et la question de la transparence électorale en Afrique : Le sauvetage peut-il venir de l’Union européenne ?

    Salut l’artiste ou le politologue devrais-je dire. Bien argumenté votre article. Mais souffrez que je ne soit pas d’accord qu’avec sa quintessence.. Les peuples africains doivent apprendre désormais à inventer leur avenir, politique et économique. Des voix plus illustres m’ont largement devancé sur cette posture mais quand on voit des écrits comme le votre on a du mal à croire que les intellectuels africains ne soient toujours dans le piège du vieux discours pseudo marxiste d’aliénation et de domination occidentale sans engager la responsabilité d’abord de nos élites. 60 ans plus tard après les indépendances, si nous n’y pouvons rien nous devons remettre les colonies à leurs anciens propriétaires. Je suis convaincus que le paysan du sahel et celui de la forêt équatoriale s’en porteraient mieux. Parce que le Blanc reviendra pour ses intérêts mais il n’oubliera pas les intérêts des locaux. Il mettra les routes, l’eau et l’électricité pour mieux tirer ses intérêts ce qui fera un bonheur à ceux que leurs propres frères piétinent pire que les occidentaux. Il ne faut pas fatiguer les représentants européens. Tes députés nègres qui sont au Parlement africain en Afrique du Sud labà eux ils ont dit quoi sur la mascarade électorale du Gabon ? Vous concluez par l’exemple du Burkina qui est l’un des pires en la matière. En réalités, les burkinabé ont changé quoi ? D’accord pour leur lutte mais pour une finalité médiocre. Méfiez vous de ces faux discours dites à la jeunesse de s’approprier son avenir, le confier à des hommes honnêtes qui aiment vraiment leur peuple, pas à des voleurs et leurs bandes. .

  • Le 7 février 2017 à 07:51, par kouadio En réponse à : Le Gabongate et la question de la transparence électorale en Afrique : Le sauvetage peut-il venir de l’Union européenne ?

    la stabilité institutionnelle viendra des gabonais eux mêmes tout comme la démocratie en Afrique sera le fait des africains. Qu’ils arrêtent d’interférer, de donner des leçons. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu fraude au Gabon, mais le discours du camp Ping qui n’est pas exempt de mauvaises intentions, est repugnant. Malgre ses sympathies et le matraquage mediatique des media francais (RFI, France 24) je ne pense pas que Ping qui est lui meme d’origine chinoise pourra aller au dela des protestations. Ce monsieur a travaille avec Bongo pere, s’est enrichi enormement et a crache dans la soupe.

  • Le 7 février 2017 à 15:57, par Alexio En réponse à : Le Gabongate et la question de la transparence électorale en Afrique : Le sauvetage peut-il venir de l’Union européenne ?

    Mr Kouadio, pourquoi attaquer l origine du candidat Jeaon Ping de chinois ? Alors que celle Ali Bongo elle aussi est mise en doute par les investigations mediatiques de Sources credibles. Il parait qu il est adopte du Biafra, le Nigeria. Ok ! le probleme n a rien avoir leurs origines, tant que il sont reconnus des Gabonais judiciairement. Le fond du probleme est la fraude electorale ou certains de nos presidents africains sont a contre courant de notre temps.

    Voila pourquoi Ali Bongo etait surpris de cette defaite indigestable. Comme lui et ses Francs-macons controllent le pouvoir dans tous les secteurs cles de l etat gabonais, il est arrive par la force de detourner le suffrage universel en sa faveur.

    L Union Europeenne ne plus expose et compromettre son avenir en soutenant ses dictacteurs africains qu ils sont fattigues de leur recourir leurs aides pour leur perrenisation au pouvoir avec leur malgouvernance dont les consequences sont l exode sur le continent europeen dont le chomage aujordhui est entrain de menacer la jeune generation. Les clandestins africains ont depasser les bornes du flux immigratoire du jamais connu depuis la deuxieme mondiale.

    Comme tout est relatif, il faut tenir le taureau par ses cornes avant que ce fleau n echappe a tout controle. Le terrorisme islamiste est aussi un fleau qui est entrain de semer la terreur dans tous les regions du monde. Les attentats islamistes de Daesh en France par des nationaux d origines magrebins et des noirs d afrique. Charlie Hebdo. Etc.

    Quand au regime Bongo, son monopole du pouvoir et son deficit democratique lier a la chute du pris du petrole brut a mis a nu l arbre qui cachait la foret equatoriale de ce pays. Les habitants des bidons ont de la peine a joindre les deux bouts. La corruption, la gabegie, le nepotisme sont des maux de la societe gabonaise d aujourdhui.

    La classe politique a monopoliser l economie du pays dont la famille Bongo est en haut de la pyramide. La repartion de la richesse du pays est un reve pour ceuc d en bas de l echelle sosiale. La sante, l education, l habitat manque une politique coherente avec les vantardises de Ali Bongo.

    L homme ne vivait pas le quotidien de ceux d en bas. Et leur reveil politique s est declancher par la candidature du beau-frere du president de la republique JeanPing.

    Avec la mondialisation qui est en cours aucun pays africain ne pourra retourner cette tendance du nouveau vent de la democratie en Afrique. Ce sont les realites du moment.

    L Europe a changer de camp aujoudhui. les dictatures n ont plus droit de cite avec nore numerique. Les informations sont a des vitesses eclaires. Ce n est pas une question de prendre des lecons a qui que soit. L afrique est illuminee d intellectuels qu elle n etait il ya apres notre independance. Les luttes suivent rytmes evolutionnistes, scientifiques, sociales, culturelles. Etc.

    Un Etat ne pas etre le patrimoine familliale des uns ou des autres. Mais pour tous.

  • Le 8 février 2017 à 11:33, par ESPOIR_BURKINA En réponse à : Le Gabongate et la question de la transparence électorale en Afrique : Le sauvetage peut-il venir de l’Union européenne ?

    Bonjour à tous, si certaines personnes pensent que l’Europe à changé de camp aujourd’hui, qu’ils se désillusionnent très vite car ils seront très bientôt déçu. L’Europe à seulement changé de stratégie de colonisation car elle sait que la mentalité des africains est en train de changer. EIle fait semblant d’être du coté de la population dans le but de la tromper et lui imposer sa soit disant démocratie. En Côte D’Ivoire et en Guinée, il est arrivé que des opposants se plaignent de truquage d’élection mais personne n’a dit mot pour les soutenir parce que la situation les arrangeait. On nous a très bien signifier une fois que le Bobodiouf n’a pas d’amis mais n’a que des intérêts . Continuer à croire que les Européens vont laisser les problèmes de ses habitants et s’occuper de nous......
    Pour celui qui pense que le Burkina n’est pas un exemple à suivre, qu’il sache que le développement ne se fait pas en une année. Il serait très mal jugé de penser que les Burkinabè ont échoués après une années de renaissance. C’est triste de le dire, mais sera nos enfants et surtout nos petits fils qui bénéficieront de notre travail d’aujourd’hui . Notre véritable problème est qu’on veut réussir sens une véritable persévérance dans la souffrance.

  • Le 8 février 2017 à 17:17, par moi même En réponse à : Le Gabongate et la question de la transparence électorale en Afrique : Le sauvetage peut-il venir de l’Union européenne ?

    je valide les propos de ESPOIR_BURKINA car comme il la si bien dit, notre insurrection doit d’abord profiter aux générations avenir et nos souffrance actuelles doivent préparer le bonheur pour nos enfants et nos petits enfants. j’ai comme l’impression que nous les burkinabè pensons trop à nous mêmes omettant toujours l’avenir des enfants alors que cela devrait être le contraire. c’est parce que nous n’avons pas accepté perdre le bonheur d’une ou deux générations d’africains au profit des générations futures que nous en sommes toujours à tourner en rond. le seul dirigeant qui avait compris cela reste Thomas Isidore Noël SANKARA

  • Le 8 février 2017 à 17:20, par moi même En réponse à : Le Gabongate et la question de la transparence électorale en Afrique : Le sauvetage peut-il venir de l’Union européenne ?

    je valide les propos de ESPOIR_BURKINA car comme il la si bien dit, notre insurrection doit d’abord profiter aux générations avenir et nos souffrance actuelles doivent préparer le bonheur pour nos enfants et nos petits enfants. j’ai comme l’impression que nous les burkinabè pensons trop à nous mêmes omettant toujours l’avenir des enfants alors que cela devrait être le contraire. c’est parce que nous n’avons pas accepté perdre le bonheur d’une ou deux générations d’africains au profit des générations futures que nous en sommes toujours à tourner en rond. le seul dirigeant qui avait compris cela reste Thomas Isidore Noël SANKARA

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique