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Tolérance zéro contre les MGF : La poursuite de la lutte s’impose

Publié le lundi 6 février 2017 à 23h44min

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Tolérance zéro contre les MGF : La poursuite de la lutte s’impose

Le 6 février de chaque année est commémorée la journée internationale tolérance zéro aux Mutilations génitales féminines (MGF). Placée sous le thème : « Établir un lien solide et interactif entre l’Afrique et le reste du monde afin d’accélérer l’élimination des Mutilations Génitales Féminines d’ici l’an 2030 », cette 14ème journée se veut un plaidoyer pour l’élimination radicale des pratiques traditionnelles néfastes. Au Burkina Faso, la journée mondiale contre les violations des droits de la femme se tient sous l’égide du Secrétariat permanent du conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (SP /CNLPE).

Accélérer la fin des MGF dans le monde, tel est l’objectif de cette journée internationale de tolérance zéro aux mutilations génitales féminines instituée par le Comité inter africain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants. En effet, plus de 140 millions de filles dans le monde sont victimes de pratiques portant atteintes à leur intégrité physique, psychique et psychologique. Le Burkina Faso n’échappe pas à ce constat.

On se rappelle la récente affaire d’excision des fillettes à Bagré qui a mal tourné. Le 26 janvier 2017, l’arrestation d’une exciseuse et de sept de ses complices a entrainé un affrontement entre les gendarmes et la population qui exigeait leur libération. Ce cas est encore la preuve que cette pratique néfaste persiste toujours au Burkina.

Selon Dr Anne Vincent, représentante résidente de l’UNICEF au Burkina, par ailleurs porte-parole des partenaires techniques et financiers, 76% des femmes burkinabè auraient subi l’excision. « Les conséquences sanitaires, sociales et psychologiques sont nombreuses. Plus grave encore, des femmes perdent leur vie lors de l’accouchement » a-t-elle indiqué.

Beaucoup d’efforts mais…

Il est évident, l’excision reste une réalité au Burkina malgré « les formations et séances de sensibilisation qui ont été mises en œuvre par le gouvernement, ses partenaires de la société civile et le programme conjoint UNFPA-UNICEF », a noté la représentante de l’UNICEF. Néanmoins, les efforts consentis par les différents acteurs ont permis de réaliser des « pas de géant » de l’avis de la marraine de la présente journée, Mariam Lamizana, présidente du comité inter africain sur les pratiques traditionnelles. A l’en croire, les efforts consentis ont permis de démystifier la question des MGF qui n’est plus un sujet tabou dans notre pays.

En témoigne la proportion des femmes excisées qui a diminué de manière importante au Burkina ces dernières années : 89% pour les femmes âgées de 45 à 49 ans, 58% pour les femmes de 15 à 19 ans selon l’enquête démographique et de santé de 2010, 11% chez les filles de 0 à 14 ans selon l’enquête multisectorielle continue publiée en 2015. Cela est au compte d’une mobilisation sociale et communautaire, de la mise en place d’instruments tels que le plan stratégique national de promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines (PSN /MGF) 2016-2020, qui ambitionne de réduire à terme, 20% des MGF au Burkina Faso.

Le plan stratégique national de promotion de l’élimination des MGF

Se réjouissant de l’adoption du PSN /MGF en conseil des ministres du 5 janvier 2017, la ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille, Laure Zongo /Hien, a convié tous les acteurs à marquer d’une voie forte, leur engagement à lutter contre les MGF. L’Objectif étant que la tolérance zéro soit une réalité aux Burkina. A ce sujet, la ministre de la femme à interpellé les différents acteurs à s’approprier le PSN/MGF et son plan d’actions opérationnel triennal qui couvre la période (2016-2018). Le coût total du plan triennal est estimé à 3 245 073 000 francs CFA.

Le PSN /MGF repose sur 5 axes stratégiques. Il est question notamment du renforcement des mesures de prévention répondant aux besoins des populations exposées aux MGF, de l’accès à la prise en charge médicale et psychosociale des séquelles des victimes, de la protection des droits des femmes et filles et de leur soutien juridique dans le contexte des MGF . Le plan national compte également parmi ses axes stratégiques, le renforcement de son dispositif de gestion et de coordination et celui du dispositif de suivi-évaluation.

A l’occasion de la présente journée, les partenaires techniques et financiers ont renouvelé leur engagement à appuyer le Burkina afin que l’abandon total de l’excision soit une réalité au Burkina. « Ne baissons pas la garde, intensifions nos efforts » a souligné Dr Anne Vicent. La marraine de cette journée quant à elle, a tenu à rappeler qu’il y a urgence à agir. « Au Burkina Faso, l’âge le plus bas à partir duquel l’excision est pratiquée sur une fille est de 35 jours selon les services techniques ».

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 février 2017 à 09:45, par lagitateur En réponse à : Tolérance zéro contre les MGF : La poursuite de la lutte s’impose

    Il suffit d’exposer aux populations tous les inconvénients de cette pratique diabolique liée à des croyances obsolètes. Il faut leur faire comprendre que l’abandon de cette pratique n’a aucun inconvénient, ni culturel, ni religieux, encore moins dans le comportement de la femme comme ils le croient. Bien au contraire, la religion musulmane accusée pendant longtemps à tord condamne cette pratique. Le Saint Coran interdit de toucher à l’intégrité physique de la femme. Les chrétiens eux n’en parlent même pas. C’est là donc une pratique ancienne que toutes les religions doivent se liguer pour bannir. Malheureusement, on constate que les milieux religieux eux mêmes évitent d’aborder la question tout simplement par peur d’affronter les réactions des gens. Et pourtant, un leader religieux est dépositaire de l’autorité morale au sein de la communauté et doit de ce fait pouvoir imposer son regard à ses coreligionnaires. Il faut approcher les prêtes et les imams sur la question et vous verrez que les choses bougeront. Ne nous voilons pas la face, la pratique de l’excision continue dans nos villages. Ce que vous voyez ça et là n’est que la partie visible de l’iceberg dénoncée par des habitants téméraires au sein des villages.

  • Le 7 février 2017 à 10:56, par Le koglwéogo En réponse à : Tolérance zéro contre les MGF : La poursuite de la lutte s’impose

    Après les évènements de Bagré, c’est là-bas qu’il aurait fallu partir tenir cette rencontre.
    On n’a même pas entendu la moindre condamnation venant de la moindre structure "féministe’. Pourtant, pour la présentation de vœux à la première dame...... que dis-je ? ... pour le DJANDJOBA à Kosyam, ce fût le plein, le trop plein.

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