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Obsèques de Sangoulé Lamizana : "Le Général a vaincu la mort"

Publié le lundi 30 mai 2005 à 08h41min

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L’ancien président du Burkina, le général Sangoulé Lamizana, a été enterré hier au cimetière de Gounghin, à Ouagadougou. Emotions, hommages et prières ont accompagné cet "ancien combattant" de 89 ans, décédé le 26 mai dernier.

"Mon général, vous n’êtes pas mort ! Vous reposez humblement sur votre lit d’honneur". Le président de l’association des anciens combattants, Mamadou Sanfo, se souvient encore des actes de bravoure posés par le général Lamizana sur les champs de bataille. Comme si c’était hier. De l’Algérie à l’Indochine, en passant par le Vietnam.

C’est d’ailleurs ce "vaillant soldat" qui a été "le père fondateur de l’armée nationale", affirme le président Blaise Compaoré, qui a prononcé l’oraison funèbre à la Maison du peuple, juste avant que le corps ne soit transporté à la grande mosquée de Ouagadougou. Là aussi, on a reconnu le mérite de El Hadj Sangoulé Lamizana : "Fidèle croyant, humble et sociable". Les musulmans, dans une ferveur commune, ont prié Allah "pour qu’il reçoive le Général dans son royaume éternel". Puis, lentement, le cortège funèbre s’est dirigé vers le cimetière de Gounghin.

La veuve du défunt, ses enfants et petits-enfants étaient là. Ses frères d’armes aussi. De même qu’une immense foule venue "rendre un dernier hommage" à cet homme qui, selon Blaise Compaoré, "est devenu un mythe dans l’imaginaire collectif". Dans le lot des personnes affligées par la "triste nouvelle", il y avait deux anciens présidents du Burkina : le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo et le colonel Saye Zerbo, les deux toujours en vie.

Le premier a pris la parole "au nom des anciens chefs d’Etats". "Humble, généreux, humaniste à l’excès, vous faisiez plus papa que patron", a-t-il, dans un élan solennel, lancé au défunt. Et d’ajouter qu’"en politique, vous êtes un parfait exemple".

Le général Tiémoko Marc Garango, ministre des Finances et de l’Economie sous le régime Lamizana, est lui aussi monté au créneau. Il a rassuré son compagnon de bataille que son "flambeau sera maintenu toujours haut... et toujours flamboyant".

Et puis, il y a la dernière fille de Sangoulé Lamizana, Mariam N’Dao, qui s’efforçait de contenir ses larmes. Elle a parlé directement à celui qu’elle appelle affectueusement "Baba". "Dans ta philosophie d’éducation des enfants, il y a toujours eu une tolérance zéro pour la haine, la jalousie, la rancune, le mépris, la sous-estimation des autres, l’absence de partage et de solidarité".

Et la benjamine du Général d’affirmer que son père s’évertuait, par des actes concrets, à montrer le bon exemple. Comme s’il avait, dit-elle, "inventé la bonne gouvernance familiale". 58 ans aux côtés de son épouse, "dans un foyer harmonieux et équilibré pour les droits et devoirs des enfants".

Le président Compaoré, lui, estime que le Général a vaincu la mort. "Votre départ, dit-il, est une victoire sur la mort. Le Burkina vous restera éternellement reconnaissant".
Honneurs militaires, larmes et prières... "Adieu, mon général !", s’est exclamé un ancien combattant, juste avant que le cercueil ne soit déposé dans la tombe. Non loin de là, un groupe de femmes, tout de blanc vêtues, psalmodiait des prières...


Sacrés mossi, sacrés samo !

La parenté à plaisanterie s’est invitée au cimetière de Gounghin. Une femme samo qui pleurait, s’est finalement mise à sourire puis à rire à gorge déployée. Mais peu après, elle est retombée dans le rouleau compresseur de la douleur mortuaire. Les mossi ont ainsi taquiné les samo, allant même jusqu’à titiller le Général décédé.

Ainsi, l’ancien président, Jean-Baptiste Ouédraogo, un mossi "pur et dur", a lancé une boutade à un samo "pur et dur" nommé Sangoulé Lamizana : "Monsieur le président, je vous fais chef de ce royaume particulier, ce cimetière de Gounghin, où il n’y a ni grève, ni marche car, ici, tout le monde est logé à la même enseigne".

Le public a pouffé de rire. Un samo a aussitôt riposté dans un langage empreint d’humour : "Partout vous êtes nos esclaves, même au cimetière ! Même Jean-Baptiste Ouédraogo reconnaît que nous sommes les chefs de ces petits mossi incapables de s’émanciper".

Non loin de là, un mossi supplie deux journalistes de dire aux samo venus enterrer "le chef des samo" qu’il veut marier la femme du défunt. Aussitôt, un vieux samo lui cloue le bec : "Regarde comment elle est belle, très belle ! Est-ce que des mossi, des faux types comme ça, peuvent avoir une jolie femme comme celle-là ? Jamais de la vie !".

Mossi et samo se sont ainsi croqués, sans modération. Souriant et se tapant amicalement. Certains se sont même invités à boire de la bière après l’enterrement...

Hervé D’AFRICK


3 morts, 3 vivants

Le Burkina Faso a connu six présidents depuis 1960. Maurice Yaméogo (1960-1966), Sangoulé Lamizana (1966-1980) et Thomas Sankara (1983-1987) sont morts. Les trois autres sont toujours vivants. Il s’agit de Saye Zerbo (1980-1982), Jean-Baptiste Ouédraogo (1982-1983) et Blaise Compaoré (au pouvoir depuis 1987).

Hervé D’AFRICK

Le Pays

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