Président de la Haute-Volta de 1966 à 1980, il fut le citoyen providentiel qui savait tolérer, apaiser, réconcilier, pardonner et aider ceux qui venaient à lui. N’était-il pas le précurseur de cette intégrité aujourd’hui introuvable sur les rives des ex-Volta ? Il incarnait à lui seul toutes les qualités du sage de l’Afrique ancestrale. C’est pourquoi, à l’annonce de sa disparition subite ce jeudi 26 mai, c’est d’est en ouest et du nord au sud que des larmes ont été versées pour déplorer cette perte immense.

Seul le ciel s’en est privé, peut-être pour ne pas éprouver davantage les millions d’orphelins inconsolables que nous sommes. Mais après tout, pourquoi autant pleurer quand on sait l’héritage qu’il nous a légué inquantifiable ?

Le général Lamizana n’aura pas vécu pour rien. Le seul reproche qu’on puisse lui faire, c’est de s’en être allé trois jours avant le baptême de l’avenue qui devait porter à jamais son nom dans la capitale burkinabè. Notre reconnaissance de votre grandeur d’âme et d’esprit est-elle tard venue, mon général ?

En tout cas, la leçon a été bien assimilée, puisque votre dernier souffle, vous l’avez rendu entre les mains d’un Ouédraogo, fût-il médecin-commandant et le plus jeune de nos anciens chefs d’Etat, comme pour dire, "aux Mossi, les Samos à jamais reconnaissants". Mais aviez-vous seulement le choix ? Bonne traversée

L’Observateur