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Burkina-Faso : La gouvernance à l’épreuve du devoir de redevabilité !

Publié le mercredi 11 janvier 2017 à 00h55min

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Burkina-Faso : La gouvernance à l’épreuve du devoir de redevabilité !

Le Président du Faso s’est soumis au devoir de redevabilité vis-à-vis de ses concitoyens à travers plusieurs dont l’entretien-bilan en direct sur la télévision nationale du Burkina dans la soirée du 29 décembre 2016. Le mercredi, 4 janvier 2017, c’est le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure (MATDSI), Simon Compaoré, qui a emboité le pas en revisitant, pendant trois heures de temps, les actions qu’il a menées à la tête de son institution au cours des douze mois avant de décliner les perspectives pour l’année 2017.

C’est le lieu de relever le mérite d’un tel exercice ; pas parce qu’il répond aux attentes de tout le monde ou au même jugement mais, au moins, il s’affiche comme un grand pas vers la lisibilité, la transparence tant appelée dans la conduite des affaires publiques. Synonyme donc d’un coup de pouce réel dans les efforts de moralisation de la vie publique et, partant, dans la gouvernance démocratique de façon générale. Dans cet esprit, l’on peut se féliciter de l’esprit d’ouverture de certains responsables d’institution et/ou responsables publics qui, par divers canaux, se sont soumis, volontiers, à ce devoir de rendre compte de leurs actions dans une période donnée.

L’attitude du Président du Faso sonne donc comme une façon élégante d’interpeller tous ceux qui ont la responsabilité de la gestion des institutions publiques à en faire autant (ministres, directeurs généraux, présidents d’institutions, coordonnateur de Fonds, etc.). Et ce, qu’ils soient de l’exécutif, du législatif ou du judiciaire. La redevabilité doit ainsi être comprise de tout responsable public. C’est impératif pour rompre avec l’esprit du ‘’tout-puissant chef assis en haut’’, toujours prêt à récolter les lauriers mais qui, en retour, n’a de comptes à rendre à personne.

Le devoir de redevabilité doit être perçu comme une culture ; elle est fondamentale pour poser les bases solides de développement. Cela est d’autant capital également qu’il est établi que, lorsque les responsables publics sont conscients de leur devoir de rendre compte de leurs décisions et de leurs actes à leurs citoyens, leur performance monte et tout le monde gagne (à commencer par eux-mêmes).

Mieux encore, ce réflexe de redevabilité crée et renforce la confiance entre gouvernants et gouvernés. Ce qui pourrait être un moyen efficace pour restaurer les valeurs de civisme et l’autorité de l’Etat ; des éléments fondamentaux qui peinent toujours à être restitués dans la société burkinabè (et appelés de tous les vœux, chaque jour, par les Burkinabè).

C’est dire donc que cette attitude de gestion est tout bénef car, elle coupe court aussi aux suspicions et autres climats malsains handicapant tout effort réel de développement. Cet état d’esprit est d’autant impératif également qu’il y a des défis majeurs qui ne sauraient être relevés que dans la confiance mutuelle entre dirigeants et citoyens et la redevabilité pourrait, de ce fait, favoriser la participation citoyenne aux actions qui requièrent une telle mobilisation. Cette option de gouvernance a aussi l’avantage de mettre le citoyen devant ses responsabilités vis-à-vis de son pays.

Si l’on veut donc traduire effectivement dans les faits, les intentions affichées derrière discours, il faut inscrire désormais dans nos mœurs, la redevabilité comme un besoin vital de la société burkinabè. C’est le point de départ de l’engagement de chaque Burkinabè à faire en sorte que le changement qualitatif soit une réalité…, et le Président du Faso semble jeter la balle dans le camp de chacun, notamment des responsables publics !

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 11 janvier 2017 à 05:17, par Le paysan En réponse à : Burkina-Faso : La gouvernance à l’épreuve du devoir de redevabilité !

    Belle analyse Mr Ouedraogo !
    Quand quelque chose de positif est fait, il faut au moins l’aprecier a sa juste valeur, en ce sens que cet encouragement produit une contemplation de la personne et l’encourage a mieux faire. Notre pays est plein d’aigri qui n’attendent qu’une erreur pour crittiquer vainement, mais quand un tel exercice est a saluer personne ne s’y met. On doit denoncer quand sa ne va pas, mais aussi encourager l’orsqu’il ya du positif qui est fait.
    Mes encouragements car jusque la, peut-etre seuleument 10% de nos cadres sont pret a le faire.
    Dieu benisse notre chers patrie.

  • Le 11 janvier 2017 à 08:39, par LB En réponse à : Burkina-Faso : La gouvernance à l’épreuve du devoir de redevabilité !

    Je me joins au premier intervenant pour dire que ton observation est juste, petit frère Oumar. Tes réflexions ont toujours été dans le sens de la construction, même si tu as parfois fouetté dans ce sens (ce qui est d’ailleurs une bonne chose et courageux). En ces temps qui courent, ce type d’analyses donnent de l’espoir aux burkinabè et au pays. Avec tes écrits, j’ai aussi compris que tu as toujours milité pour la critique constructive. Je t’encourage sincèrement à toujours poursuivre dans ce sens, tu as de l’avenir et tu mérites déjà la reconnaissance nationale.

  • Le 11 janvier 2017 à 10:43, par BURKINDI En réponse à : Burkina-Faso : La gouvernance à l’épreuve du devoir de redevabilité !

    On ne gouverne pas un « peuple insurgé » comme on gouverne un peuple qui ne se sait pas libre. Cette leçon est bien comprise dans un argument de campagne assez improbable lancé à des jeunes électeurs indécis : « je sais que si nous ne respectons pas nos promesses, vous nous renverserez comme vous avez renversé Blaise, n’est-ce pas ? ». Il s’agit maintenant d’œuvrer à exorciser le spectre de la défiance et de l’insubordination. Cela passe avant tout par le respect de la parole donnée. Seule l’autorité fondée sur la confiance est durable. A force de parjures, le discours politique pourrait devenir une « langue morte » à laquelle personne ne comprend rien. Et ici, Machiavel n’est pas bon conseiller : « un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus ». Il faut plutôt lui préférer Loisel : « on lie les bœufs par les cornes et les hommes par la parole ».
    « Le Président n’a pas dit qu’il était un magicien ». Et pourtant, la magie est la marque des grands esprits, le caractère des leaders dont la vision perce le mur du doute et du désespoir. Que le Président et le Premier ministre redeviennent magiciens, car le développement se joue d’abord dans le champ magique de l’esprit avant de prendre corps dans la réalité quotidienne. Il faut vite anticiper ce qui arrive et garder à l’esprit que le thème central des campagnes électorales à venir sera celui de la « rupture ». Tout va se jouer autour du sens de ces mots sortis de la bouche du président déchu : « ils disent qu’ils peuvent faire mieux que moi ; s’ils réussissent, ils auront eu raison ».

    Ayons la latitude de la reconnaissance aussi minime soit elle.

  • Le 11 janvier 2017 à 13:14, par Jeune Premier En réponse à : Burkina-Faso : La gouvernance à l’épreuve du devoir de redevabilité !

    Plus rien a ajouter. Comme l’adage le dit plus souvent, le poisson pourrit par la tete. Le plus bel exemple serait quand le procureur demandait la levee de l’immunite des deputes pour les traduire tous en justice pour corruption des tablettes. C’etait une belle occasion de montrer la vraie independance de la justice. Le citoyen lamda est la seule victime de la justice burkinabe alors que les deliquants a col blanc se la coule douce. Ou en est-on avec l’affaire de v8 du depite Sirima ? Et les vehicules et les 80 milliards disparus a la presidence ? C’est nous les pauvres seulement qui payons les peaux cassees

  • Le 11 janvier 2017 à 16:08, par Bilan En réponse à : Burkina-Faso : La gouvernance à l’épreuve du devoir de redevabilité !

    Sur le bilan d’une année du gouvernement, le président du Faso a fait savoir que chaque homme a des qualités et défauts. Certes, le grand reproche qui peut être fait pour ce gouvernement, c’est l’erreur qui a été commise en nommant certains ministres qui n’ont occupé aucun poste de responsabilité initiale dans l’administration publique. Conséquence, la plupart de ces ministres ont brillé par leurs incompétences et banalisent la fonction ministérielle en l’assimilant à un lieu de récompense politique. Ne sachant pas comment fonctionne les rouages de l’administration publique, ces ministres incompétents croient que leur rôle consiste à faire des nominations massives de leurs copains et promotionnaires à des postes administratifs. Certains comme le ministre de la santé sont passés maîtres dans l’art de diviser pour régner avec des actions inédites de politisation à outrance de l’administration publique sur des bases régionalistes. Se tromper dit-on est humain, mais c’est persévérer dans l’erreur qui est diabolique. Le Chef de l’Etat devrait se rendre à l’évidence que c’est pratiquement le seul ministère de la santé qui a suscité une question de la presse à cause des dérives inadmissibles de l’affaire CAMEG pour laquelle il promet de remédier dès janvier 2017. Le ministre de la santé fait la honte du gouvernement et du peuple. Le Président du Faso devrait pouvoir tirer leçon de cette mauvaise expérience pour ne plus nommer ministres des gens qui n’ont occupé au préalable des responsabilités initiatiques dans la gestion des affaires publiques. Cela évitera les tâtonnements et pilotages à vue dont plusieurs jeunes ministres ont fait acte dans ce premier gouvernement.

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