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L’Observateur Paalga : Un Gambré pour 32 bougies

Publié le vendredi 27 mai 2005 à 08h03min

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Lors de la nuit du web, organisée par la Délégation générale à l’informatique (DELGI), notre journal, avec son site internet www.lobservateur.bf, a remporté le Gambré d’or, le prix du meilleur site web de presse, le 14 mai 2005.

Ce prix vient comme un cadeau d’anniversaire au journal qui entre dans sa 33e année demain 28 mai. Joachim Tankoano, le patron de la DELGI, nous a accordé cet entretien dans lequel il aborde la question des Nouvelles technologies de l’information et de la communication au Burkina, en même temps qu’il nous donne ses impressions sur notre site web qui a été primé.

Comment se présente la carte d’identité de la DELGI ?

C’est une institution créée par le gouvernement pour mettre en œuvre la politique de promotion du secteur de l’informatique. Cela se traduit par des actions de sensibilisation, de formation, mais essentiellement par l’élaboration de plan de développement et par la coordination de la mise en œuvre de ces plans. On a eu en 1990-1995 le plan d’introduction de l’informatique dans les institutions du pays. En 1996-2000 ce fut le plan d’intégration de l’internet. En 2000 la stratégie de développement de l’infrastructure nationale d’information et de communication a été adoptée ; elle vise à généraliser les outils des Technologies de l’information et de la communication (TIC) au Burkina avec l’appui de la Banque mondiale et du PNUD.

Pour me résumer donc, notre mission première est d’aider le gouvernement à l’élaborer des politiques et des stratégies et à les mettre en œuvre. C’est notre activité principale. En outre, nous développons des initiatives pilotes pour indiquer un peu le chemin à suivre. Nous travaillons aussi à mettre en place des services communs à l’administration. Il y a aussi la formation des fonctionnaires à l’usage des TIC.

Est-ce qu’on peut vraiment dire que l’informatique est une réalité au Burkina de façon générale ?

Vous êtes journalistes, vous êtes Ouagalais et Burkinabè. Vous vous baladez au Burkina et hors du pays. De ce fait, vous avez l’opportunité de regarder ce qui se passe autour de nous. C’est vrai que les Burkinabè sont en général très modestes dans tout ce qu’ils font. Mais je pense que comparativement à ce qui se fait autour de nous, nous ne pouvons pas dire que nous sommes les derniers dans ce domaine-là.

Je pense qu’il y a beaucoup de points où on peut se considérer comme une bonne référence. Sur le plan de la réflexion, beaucoup de choses ont été faites au Burkina. Je ne pense pas que beaucoup de pays ont aujourd’hui une stratégie aussi élaborée, aussi complète que celle que nous avons. Une stratégie qui vise à mettre les TIC au service du développement. A partir du moment où nous avons une bonne feuille de route, on peut espérer que petit à petit, nous allons parvenir à édifier une société de l’information inclusive au service du développement de notre pays.

Le problème reste quand même celui du faible débit qui peut décourager plus d’un internaute.

Le développement de l’internet est un phénomène très récent. La connexion à l’internationale est actuellement assurée de façon exclusive par l’ONATEL. Cette société fait un effort constant d’adaptation du débit international à la demande nationale. Maintenant, le problème n’est pas seulement le débit pour l’accès à l’international. Il faut pouvoir le répartir entre les différents usagers. Pour cette répartition, différentes technologies sont utilisées. L’ONATEL a commencé a distribuer l’accès à internet en s’appuyant sur des technologies inadaptées, c’est-à-dire la ligne téléphonique classique.

Actuellement, cette entreprise est en train de mettre en place des liaisons ADSL, qui sont des liaisons haut débit, tout en s’appuyant sur la ligne téléphonique classique. Avec la généralisation de ces technologies, tout le monde devrait avoir accès à internet beaucoup plus rapidement.

A votre avis, le Burkina est-il assez présent sur la toile ?

Là aussi, nous commençons à avoir une présence sur la toile. Nous ne pouvons pas nous comparer à un pays développé, mais si nous nous référons aux autres pays de la sous-région, nous ne sommes pas en retard. Il y a des cibles qui ont été définies au niveau international dans le cadre du Sommet mondial sur la société de l’information. Comme cible, par exemple, il a été demandé d’avoir un site web par ministère à l’horizon 2008. Mais nous, en 2004, on avait déjà un site web par ministère.

Vous avez organisé récemment la Semaine nationale de l’internet. Quels étaient ses objectifs ?

Nous avons pensé que dès lors que le gouvernement a décidé de généraliser l’utilisation de ces technologies, il était important d’instituer cette semaine pour favoriser cette généralisation ; faire en sorte que le maximum de Burkinabè soient le plus rapidement informés sur le potentiel de ces technologies et qu’il y ait plus d’engouement pour leur utilisation.

Nous avons demandé à ce que cette semaine coïncide avec la fête de l’internet au niveau international. Nous voulons que cette semaine soit un cadre fédérateur où tous les acteurs du secteur se retrouvent pour, pendant une semaine, travailler ensemble à promouvoir ce secteur.

Pensez-vous que les objectifs ont été atteints ?

Je le pense réellement. Les principaux acteurs, que ce soit des secteurs des télécommunications, de l’audiovisuel, de l’informatique, se sont mobilisés pour la réussite de cette semaine. C’était ça l’objectif : travailler à ce que les acteurs se mettent ensemble pour voir comment assurer une meilleure vulgarisation des produits.

A l’occasion de cette semaine, vous avez organisé un concours des meilleurs sites web. Combien d’administrations et de sociétés ont proposé leur site en compétition ?

Vous pouvez le constater par vous-même sur le site de la semaine (www.SNI.bf). Les inscriptions se sont faites en ligne. Tous ceux qui voulaient participer au concours devaient s’inscrire à travers internet. Je pense qu’il devait y avoir près de 150 sites en compétition. C’est la preuve que ce concours a retenu l’attention des promoteurs de site web. La nuit du web a été assez importante pour nous. Quand on parle de l’édification d’une société de l’information, tout se passe sur le web.

Aujourd’hui, le web est utilisé par les administrations, les entreprises, pour repenser l’organisation du travail, pour qu’il y ait plus de flexibilité dans le travail. Nous avons pensé que compte tenu de notre faible présence sur la toile, il fallait instituer cette semaine de l’internet, faire connaître les meilleurs sites web qui existent parce que les quelques sites qu’on a ne sont pas très utilisés. On voulait aussi encourager ces entreprises et administrations à continuer leurs efforts.

Quels étaient les critères du jury pour départager les concurrents ?

Le critère le plus important, c’était la pertinence du contenu par rapport aux besoins des usagers. Les sites web qui, de toute évidence, peuvent répondre aux besoins d’un plus grand nombre de citoyens ou d’entreprises ont sûrement été mieux appréciés que les sites dont l’audience est forcément limitée, même si sur d’autres formes ces sites présentent quelques aspects positifs. Il y a ensuite la facilité d’utilisation du site. Bref, disons que la chose la plus importante, c’est la pertinence du contenu par rapport aux besoins des utilisateurs.

Le jury n’a-t-il pas pris en compte la forme des sites ?

La forme entre en ligne de compte, mais je pense que c’est moins important. Vous savez bien que les sites qui sont les plus utilisés au monde ne sont pas nécessairement les plus esthétiques. Les gens vont sur un site parce qu’ils ont des besoins.

Le jury a aussi tenu compte de la fréquentation des sites. Pour le profane, dites-nous comment est-ce qu’on peut savoir que tel site est plus visité que tel autre ?

Les hébergeurs des sites web ont des outils qui permettent de faire ces mesures. En principe, n’importe quel système d’hébergement de site est doté d’un outil de mesure. Chaque accès est tracé dans un fichier qu’il suffit de lire périodiquement pour avoir une idée de la fréquentation du site.

Dans la catégorie Presse, L’Observateur Paalga a eu le premier prix avec son site : www.lobservateur.bf . L’avez-vous déjà visité ?

J’ai regardé tous les sites primés pour me faire aussi ma propre idée sur les décisions du jury. Et j’ai constaté que le site de L’Observateur Paalga était complet en ce sens que les rubriques que vous avez dans le journal papier, on les retrouve intégralement sur le net. J’ai trouvé cela très positif. Sur votre site, ce qui est aussi positif, c’est qu’on a les archives. Cela est très intéressant. J’ai été également impressionné par votre moteur de recherche. Vous rentrez un mot clé ou plusieurs mots-clé et vous retrouvez tous les numéros du journal.

Cela me paraît très important. Par exemple, vous rentrez SIDA et automatiquement on vous propose tous les articles du journal qui parlent de SIDA. Vous rentrez SECURITE et vous allez avoir tous les articles qui parlent de SECURITE. Cela dit, je ne connais pas quels sont les critères qui ont prévalu pour que vous soyez retenu comme étant le meilleur site de Presse au Burkina.

Vous avez décerné des Gambré aux lauréats. Que veut dire Gambré ?

On a voulu donner un nom qui se rapproche de la toile. Le web même est l’image de la toile d’araignée. Nous avons donc voulu retenir ce concept-là dans nos langues à nous. Et Gambré, en mooré, désigne le filet qui est utilisé lors des cérémonies de mariage pour attacher les bagages de la mariée.

Pensez-vous que malgré les pesanteurs sociologiques, l’informatique et internet ont de l’avenir au Burkina Faso ?

Les pays qui ne vont pas réussir à résoudre leurs problèmes de développement en s’appuyant sur ces technologies ne sauront jamais se développer. Aujourd’hui, les TIC sont le premier facteur de progrès dans le monde entier. Une entreprise qui utilise à bon escient le potentiel de ces technologies peut multiplier par trois voire par sept son efficacité.

Ça veut dire que les pays développés utilisent ces technologies pour se développer encore plus vite que par le passé. Et donc l’écart qui sépare ces pays-là des nôtres va aller en se creusant beaucoup plus rapidement. C’est pourquoi les TIC sont une question centrale de développement. Tout pays qui ne va pas être en mesure d’accélérer son processus de développement au moyen des ces technologies va continuer à se développer, mais à rythme très lent.

Propos recueillis par San Evariste Barro
Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 27 mai 2005 à 11:04, par Pitroipa En réponse à : > L’Observateur Paalga : Un Gambré pour 32 bougies

    Toutes mes sincères félicitations à l’ensemble du personnel de L’Observateur Paalga et un grand bravo à M. le Directeur, pour la qualité de votre travail.
    Courage et longue vie !

    S.P.

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