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Abandon du mariage d’enfants et des mutilations génitales féminines : Les communautés de la province du Yagha s’engagent publiquement

Publié le vendredi 16 décembre 2016 à 20h20min

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Abandon du mariage d’enfants et des mutilations génitales féminines : Les communautés de la province du Yagha s’engagent publiquement

Sebba, chef-lieu de la province du Yagha a été le centre d’une déclaration publique d’abandon du mariage d’enfants et des mutilations génitales féminines/excision (MGF/E), le mercredi 14 décembre 2016. Organisée par l’ONG Mwangaza Action à travers son projet Sukaku, cette cérémonie, présidée par le Préfet du département de Sebba, a connu la participation des différentes communautés.

Après les provinces de l’Oudalan et du Séno, celle du Yagha dans la région du Sahel a connu sa déclaration publique. Des responsables administratifs, religieux et coutumiers se sont mobilisés pour l’occasion. Les communautés des 30 villages de la province ont effectué le déplacement pour sceller le pacte. Le pacte d’abandon des pratiques aux antipodes des droits de l’enfant et de la déclaration universelle des droits de l’homme.

Financé par le Fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF), le projet « Construction de consensus social en faveur de l’élimination du mariage d’enfants et de l’excision dans la région du Sahel : Sukaku », a pour objectif de contribuer à la promotion et à la protection des droits de l’enfant. A l’image de Assetou Sow, jeune fille de moins de quinze ans qui a déclamé un poème caricaturant les dangers de cette pratique, le porte-parole des communautés, Hamidou Mahamadou, a condamné ces pratiques. Tout comme l’Imam de la ville de Sebba, Amadou Nouredini, il s’est engagé à lutter pour l’abandon du mariage d’enfants et des MGF/E dans la province du Yagha.

C’est au nom du bureau de la coordination et de l’ensemble du personnel de l’ONG que Brigitte Yameogo, Chargée de programme pour le projet Sukaku (enfance, en Fulfuldé), a remercié les autorités et les participants à cette cérémonie. Pour elle, plusieurs stratégies sont développées pour atteindre les objectifs du projet. Il s’agit de la mise en place des espaces sûrs pour adolescentes et adolescents, où elles/ils peuvent se réunir périodiquement, échanger et obtenir des soutiens mutuels ou des informations sur diverses thématiques en rapport avec leurs droits.

Il s’agit aussi de faire un plaidoyer à l’endroit des décideurs communautaires (coutumières et religieuses) pour une évolution des normes sociales et pour plus d’actions en faveur de l’abandon du mariage des enfants et des MGF/E. « Le fait de prendre publiquement position est un acte courageux mais aussi responsabilisant », confie la chargée de programme. Parce que dans les villages concernés, la masse critique de personnes atteintes doit travailler afin que l’ensemble de la communauté soit convaincue de cette nécessité d’abandonner le mariage d’enfants et l’excision.

Une baisse de 22,7% en 14 ans

Grâce aux multiples actions conjuguées de sensibilisation entreprises depuis plusieurs années par le gouvernement, le Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision, la société civile, ainsi que les partenaires au développement, la tendance est à la baisse en ce qui concerne l’excision. De 36% en 1996 chez les filles de 0 à 10 ans, la prévalence a baissé et était à 13,3% en 2010 chez les filles de 0 à 14 ans.

Selon le Préfet du département de Sebba, Félix Ouédraogo, représentant le Haut-commissaire, cette baisse est la preuve que le changement est bien possible et réalisable. Et pour venir à bout de ce fléau, il ne faut pas baisser les bras en se contentant de ces résultats. Pour lui, « nous devons maintenir le cap par le renforcement des actions engagées contre les MGF/E, afin de réaliser dans un avenir proche, la tolérance zéro » lance-t-il aux communautés.

Pour ce qui est du mariage des enfants, le taux national est ahurissant. Environ 51,9% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Ce taux au niveau de la région du Sahel est plus élevé avec 87,1%. Que ce soit chez les garçons (16,9%) comme chez les filles (66,7%). Selon une étude commanditée par l’UNICEF en 2015, 20% d’enfants se marient avant l’âge de 15 ans.

De 2011 à 2015, 36 cas ont été signalés auprès des services de l’action sociale de la province du Yagha. Et l’âge des filles variait entre 11 et 16 ans. Pour Félix Ouédraogo, ces chiffres interpellent tout le monde. « Aucun enfant ne devrait être privé de son enfance, de son éducation, de sa santé et de ses aspirations », confie-t-il. Tout en félicitant Mwangaza Action pour son combat, le Préfet a invité les communautés à s’engager franchement.

Cet appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. L’Imam de Sebba qui s’est engagé à véhiculer le bon message a procédé à la remise de registres d’enregistrement pour les mariages à ses pairs.

Depuis le 8 décembre 2016 et ce jusqu’au 23, des communautés de 142 villages de la région du Sahel prendront publiquement des résolutions sociales positives. Ces cérémonies de déclaration publique regrouperont les représentants des communautés qui s’engagent, des membres des 4 comités de suivi du projet des 4 provinces, des autorités administratives, des services techniques de la région du Sahel et des fonctionnaires de l’UNICEF entre autres.

Marcus Kouaman
Lefaso.net

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