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Burkina-USA : Richard Roth retourne dans son village d’action 32 ans après

Publié le mercredi 25 mai 2005 à 08h03min

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Quand Richard, le volontaire du Corps de la Paix américain, quittait le village burkinabè de Ouarégou, dans le cercle de Garango, en 1972, il avait fait la ferme promesse de revenir un jour, sans savoir quand et dans quelles circonstances il reviendrait.

Trente-deux ans après, il est revenu et a passé une semaine avec ses amis, frères et sœurs du village. "J’avais toujours eu l’intention de reprendre le contact avec le village parce que j’étais curieux de savoir ce qu’il restait des 3 ans et demi que j’avais passés là-bas", soutient Son Excellence Richard Roth, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Sénégal.

Accompagné de sa femme Carol, Son Excellence Richard Roth a retrouvé son ami d’enfance Adjima Combary, entouré de ses femmes et de ses enfants. La joie de Richard est totale quand il parle de son séjour à Ouarégou. "J’ai toujours voulu renouer le contact avec ceux qui m’avaient beaucoup aidé à cette époque. Je voulais également montrer à mon épouse les raisons pour lesquelles je suis entré dans la diplomatie. Ma vie dans ce petit village de 4 000 âmes a beaucoup influé dans ma carrière."

L’émotion était visible à l’accueil de l’enfant prodige. Sur tous les visages, on lisait l’incrédulité car Richard était le seul volontaire à avoir travaillé dans le village et personne ne pensait le revoir, 32 ans après la fin de son séjour.

Richard, tout ému, raconte : "il y avait des chevaux habillés traditionnellement mais escortés par des mobylettes, des vélos, et les enfants de Ouarégou. Ils nous ont accueillis à l’entrée du village pour nous conduire devant l’école primaire que nous avions construite quand j’étais encore là. Il y avait entre 1 000 et 1 200 personnes à la place du village. C’était un spectacle riche en couleurs qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Les anciens élèves et ceux qui fréquentent actuellement l’école ont vivement remercié le gouvernement américain de les avoir aidés à construire de la première école primaire de la contrée. J’étais ravi de voir que les habitants de Ouarégou avaient réussi à pérenniser l’école et que maintenant il y avait cinq autres écoles pour les enfants de Ouarégou".

La vie de volontaire à Ouarégou en 1969

"II y avait un déficit de personnel dans l’agriculture et les autorités de Haute-Volta (actuel Burkina Faso) ont sollicité l’aide du Corps de la Paix. Nous étions entre vingt et vingt-cinq volontaires dans le service de l’agriculture, disséminés à travers le pays. J’ai eu la chance d’être affecté à Ouarégou, dans le cercle de Garango, situé à environ 150 kilomètres de la capitale Ouagadougou. Pendant la saison des pluies qui durait six mois, je travaillais comme agent d’agriculture au champs du village ; le reste de l’année, je travaillais comme agent d’échanges

dans plusieurs domaines sociaux comme l’éducation, la santé et également pour approfondir et construire des puits".

Selon le diplomate américain, la vie à Ouarégou était similaire à la vie rurale ici au Sénégal : "La vie était dure et les populations ne comptaient que sur elles-mêmes ; il n’y avait ni eau courante, ni électricité. Il y avait beaucoup d’anciens combattants qui avaient pris part à la Seconde guerre mondiale, aux interventions au Viêt-nam et au Cambodge. Ils avaient droit à une pension et cela améliorait les conditions de vie des populations de cette partie du pays

Adopté par la famille de Adjima Combary qui est devenu son ami d’enfance, l’Ambassadeur Roth avoue avoir noué avec celui-ci des liens fraternels. "Je prenais tous mes repas avec sa famille ; on mangeait ensemble autour du bol et je ne dédaignais aucun plat africain. J’achetais souvent le riz ou la viande", ajoute-t-il.

Visitant l’année dernière une cantine scolaire financée par l’USAID dans la région de Matam, l’ambassadeur Roth avait soutenu, devant les populations de la localité, que le gouvernement américain "nourrissait aujourd’hui les enfants peuls de Matam comme les Peuls du Burkina Faso avaient nourri le jeune volontaire américain de Ouarégou". Il faisait référence à son séjour de trois ans à Ouarégou.

Le nouveau visage de Ouarégou

Le village de Ouarégou a connu un développement qui satisfait l’ambassadeur Roth. Selon le diplomate américain, "nous avons construit un dispensaire quand j’étais là mais il n’y avait pas de personnel médical. Aujourd’hui, il y a un infirmier au village qui est sur place depuis 20 ans. Les populations ont construit une maternité, ils ont engagé une sage-femme et ils ont acquis une ambulance pour l’évacuation des patients.

Quand j’étais là, seulement 8% des terres étaient labourées de façon moderne ; aujourd’hui, tous les champs que j’ai visités sont entretenus avec modernité, de nouvelles variétés telles que le maïs sont introduites car elles sont plus résistantes à la sécheresse. Quand je quittais Ouarégou, il n’y avait que cinq puits ; aujourd’hui, on voit des puits tous les 200 mètres.

Le pourcentage des filles scolarisées est superbe : il est de l’ordre de 45% aujourd’hui alors que quand j’ étais là, il n’y avait pas une seule fille à l’école. On voit donc que les filles ont fait beaucoup de progrès dans leurs conditions d’existence".

Le rêve américain n’est pas une utopie

Quand on dit à l’ambassadeur Roth que le paysan de Ouarégou était devenu ambassadeur des Etats-Unis, il répond ceci : "pour nous les Américains, tout est toujours possible parce que nous sommes des optimistes, et nous n’acceptons pas le fatalisme. Comme je l’avais dit une fois dans un de mes discours à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, mes grands-parents étaient des immigrés aux Etats-Unis et un de mes grands-parents était un modeste cordonnier. Comme vous le voyez, même quand on est petit-fils de cordonnier, on peut devenir ambassadeur un jour."

Centre culturel américain de Ouagadougou

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